L'École 42 se distingue à plus d’un titre. D’une part, l’enseignement théorique n’y a pas sa place. Ici, il n’est pas question de cours, d’horaires ou d’enseignement comme nous l’entendons couramment. L'École 42, totalement gratuite, valorise le travail de groupe autour de projets communs. L’objectif de cette pédagogie : développer une automatisation de l’apprentissage. Ce parti-pris conduit les élèves à s’adapter à l’évolution du monde du travail toujours à la recherche de talents numériques. À ce titre, une fois le cursus d’apprentissage de trois ans terminé, 100 % des élèves parviennent à trouver un emploi rémunéré en moyenne de 47 000 € annuels.
L’autre combat de l'École 42 est la diversité de ses étudiants. « Nous avons 28 % de femmes dans notre école, ce qui est énorme par rapport à d’autres du même type », souligne Sophie Viger, directrice générale de l’établissement. D’après les statistiques du dernier baromètre Gender Scan du cabinet Global Contact, entre 2013 et 2020, la tech française a perdu 6 % de ses emplois féminins. Dans l'Hexagone, les femmes ne représentent encore que 19 % des spécialistes du numérique. Enfin, près d'une étudiante sur trois dans le numérique affirme avoir été dissuadée de mener à bien des études dans la tech.
“Je pensais que je n’en étais pas capable”
Afin d'œuvrer pour la parité, l’école a organisé du 10 au 14 juin, des piscines discovery dédiées aux femmes. Pendant cinq jours, près de 200 d'entre elles ont appris les fondamentaux du codage. Les participantes, néophytes pour la plupart, ont appris à créer des pages HTML, faire la mise en page avec du CSS, les bases de Javascript, appréhender ce qu’est une fonction et une variable.
L’objectif de cette expérience consistait à annihiler le prêt-à-penser selon lequel, les femmes seraient moins aptes que les hommes à entreprendre une carrière dans la tech. « Comme beaucoup de femmes ne s’imaginent pas dans l’informatique, elles ne se projettent pas. Quand vous faites pour les femmes des piscines discovery, elles se sentent impliquées et ressentent que ça leur est adressé spécifiquement. Elles peuvent penser différemment. On peut ainsi lever le voile », explique Sophie Viger. Cette dernière se réjouit de voir l’évolution des consciences chez les femmes après avoir participé aux piscines discovery : « Ce que je trouve le plus beau, c’est souvent qu'elles disent que ce n’était pas comme elles le pensaient : ‘c’est beaucoup plus amusant, collaboratif et créatif que je l’imaginais’. Ma phrase préférée c’est quand elles disent ‘je pensais que je n'en n'étais pas capable’ », se réjouit-t-elle.
“C’est un milieu qui offre plein d’options”
Au fil de leur apprentissage à l'École 42 , il n'est pas rare que les étudiantes mettent à profit leurs compétences acquises au cours de leurs précédentes expériences professionnelles. C'est le cas de Nelbi Léon, étudiante de 34 ans à l'École 42. « J’ai été ébéniste. Au fur et à mesure de ma formation à 42, je me suis rendu compte que je retrouvais des choses de mon ancien travail. Je retrouve dans le code la résolution de problème et la créativité que vous devez avoir dans l’artisanat », explique-t-elle. Cette dernière souligne également le champ de possibilités qui s’offre aux étudiants après leur cursus d’apprentissage. « C’est un milieu qui offre plein d’options. On peut faire de la cybersécurité, du jeux vidéo, de l’intelligence artificielle. Le tronc commun de l’école nous aide à nous orienter vers ce qui nous intéresse le plus. À l’avenir, Je compte faire du jeux vidéo ou de la cybersécurité ».
De par les multiples possibilités de spécialisation, chaque étudiant est susceptible d'apporter son expertise à l’autre engendrant de facto un enrichissement mutuel. « Je veux faire passer le message que tout le monde est capable de bosser là-dedans. Le plus important, c’est vraiment la persévérance et le fait d’aimer le milieu », conclut Nelbi Léon.