L’hégémonie technologique de Taïwan est prodigieuse pour un pays si petit, mais celle-ci n’est cependant pas à l’abri de vents contraires particulièrement violents. Pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, la Chine a ainsi décidé d’encercler Taïwan durant deux jours pour mener des manœuvres militaires pour tester sa capacité à «prendre le pouvoir» sur l’île. Ambiance….
Cette opération avait été décidée en réaction aux propos jugés indépendantistes par Pékin du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. C’est aussi une manière de maintenir une étreinte psychologique sur la population taïwanaise, bien que celle-ci y prête très peu attention car habituée depuis plusieurs décennies aux signes de grogne de la Chine continentale. Pour l’anecdote, la constitution de Taïwan, pays autonome depuis 70 ans maintenant, présente toujours ce territoire comme la «République de Chine». Car l’ennemi initial était avant tout le Parti communiste de Mao Zedong, et non tous les Chinois.
Une guerre déclenchée par la Chine serait terrible pour l'économie mondiale
Dans ce contexte géopolitique particulier, Taïwan, confronté de surcroît à une forte activité sismique (un tremblement de terre d'une magnitude de 7,4 en avril) car se trouvant sur la «ceinture de feu» du Pacifique, s’attèle à préserver un statu quo avec Pékin, en allant ni vers la réunification, ni vers un affrontement avec la Chine continentale. Néanmoins, il s’agit d’un équilibre qui semble de plus en plus difficile à maintenir, alors que l’étau se resserre depuis quelques années.
Le tournant a notamment été la venue à Taïwan de Nancy Pelosi, alors présidente de la chambre des représentants en août 2022. Ce déplacement avait déclenché la colère de Pékin, profondément irrité par cette «provocation». Depuis, Xi Jinping, le président chinois, semble encore davantage décidé à mener à bien la réunification avec Taïwan, peu importe la manière, que la Chine attend depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Selon le renseignement américain, l'Empire du Milieu est engagé dans un processus pour être prêt à mener une invasion sur Taïwan d'ici 2027.
Néanmoins, Pékin n’a pas franchement intérêt à s’emparer de l’île par le sang. En plus de déclencher une réaction en chaîne à l’échelle mondiale, États-Unis en tête, une invasion chinoise serait dévastatrice d’un point de vue économique, et pas seulement en Asie. Selon une étude réalisée par Bloomberg, une guerre déclenchée par la Chine pour mettre la main sur Taïwan coûterait ainsi plus de 10 000 milliards de dollars à l'économie mondiale, soit environ 10 % du PIB de la planète.
TSMC préfère s’auto-détruire que de se livrer à la Chine
Si la Chine compte mettre la main sur le bijou industriel et technologique qu’est Taïwan, les dirigeants des géants locaux ne l’entendent pas de cette oreille. Ainsi, Mark Liu, le président de TSMC, avait déclaré à CNN en marge de la venue de Nancy Pelosi sur l’île que les installations de son entreprise deviendraient «inopérantes». Comprenez-plutôt, TSMC préfère s’auto-détruire que de se livrer à Pékin. Et quand on connaît le rôle indispensable de l’entreprise dans la logistique de la tech mondial, sa disparition porterait un coup terrible aux entreprises high-tech, peu importe leur taille… y compris en Chine !
Avec le temps, la tech taïwanaise a acquis une forme de confiance qui lui permet aujourd’hui d’afficher une grande sérénité malgré les actes d’intimidation de la Chine. Le rayonnement de celle-ci fait de l’île une destination de prédilection pour de nombreux acteurs technologiques dans le monde, principalement dans le hardware. C’est pourquoi le Computex est un événement high-tech qui s’est imposé comme un rendez-vous incontournable à l’échelle mondiale. Et si la French Tech possède majoritairement des startups tournées vers le software, certaines d'entre elles ont tout de même tenté leur chance dans le hardware. Et pour celles-ci, un passage par Taipei fait presque office de pèlerinage.
Maddyness ira à leur rencontre lors de ce Computex 2024.