Petit mais si stratégique. Ainsi, pourrait-on décrire Taïwan, cet État insulaire qui déchaîne les passions au cœur de l’Asie. Pourtant, il est loin d’être le plus grand pays de la région, que ce soit en matière de superficie (35 980 km2) ou de population (23,6 millions d’habitants). Mais ce territoire ne laisse personne insensible sur le plan géopolitique, puisque la Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces et rien d’autre, tandis que les États-Unis veillent à préserver l’autonomie de ce territoire.
Au-delà de la lutte d'influence qui se joue dans la région Asie-Pacifique entre les deux premières puissances mondiales, Taïwan s’illustre dans un autre domaine. Car si Singapour est la place financière majeure de l’Asie, l’île coincée entre la Chine et les Philippines s’impose incontestablement comme un pôle technologique majeur et indispensable à l’échelle mondiale. Et pour cause, Taïwan est le berceau d’entreprises comme TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company), le plus gros fondeur mondial de semi-conducteurs, Foxconn, autre géant taïwanais des composants électroniques, ou encore les fabricants informatiques Acer et ASUS qui font la fierté de ce territoire aux quatre coins de la planète.
Un territoire surpuissant sur le marché des semi-conducteurs
L’influence de Taïwan sur le monde entier s’est récemment faite ressentir lors de la pandémie de Covid-19, quand les mesures de confinement très strictes en Asie ont engendré une pénurie de semi-conducteurs. Depuis, les États-Unis et l’Europe ont annoncé des plans pour réduire leur dépendance à l’Asie dans la production de composants électroniques. Car pendant que la désindustrialisation battait son plein des deux côtés de l’Atlantique, l’Asie en est venue à concentrer 80 % de la production mondiale du secteur, laissant les États-Unis et l’Europe se contenter respectivement de 12 % et de 10 % de parts sur ce marché ô combien stratégique.
Mais le temps que les plans américains et européen fassent sortir de terre des usines sur leur territoire respectif, l’Asie, et donc Taiwan, continuent de détenir un quasi-monopole. Ainsi, TSMC et les autres sociétés taïwanaises ont permis à l’État insulaire de détenir environ 46 % de la capacité mondiale de production de semi-conducteurs en 2023, loin devant la Chine (26 %), la Corée du Sud (12 %) ou encore les États-Unis (6 %), selon les données du cabinet TrendForce compilées par Statista.
Si cette part devrait diminuer dans les prochaines années pour atteindre 41 % d’ici 2027, Taïwan paraît en revanche quasiment intouchable dans la micro-électronique de pointe. Regardez plutôt : la part de l’île dans la capacité mondiale en procédés de fabrication avancés (soit l’utilisation des procédés de gravure les plus récents et avancés) s’est élevée à 68 % en 2023 ! Par conséquent, les États-Unis (12 %), la Corée du Sud (11 %) et de la Chine (8 %) doivent se contenter des miettes. Taïwan est décidément à part dans la tech mondiale.