Spécialiste de la Proptech, le startup studio OMN opère depuis Paris et Nantes, au cœur d’un espace de coworking qui fédère l’écosystème proptech. Maddyness a rencontré Pierre Leroy, déjà cofondateur de EP studio avec Yann Person et président du mouvement French Proptech, un mouvement social d’entrepreneurs qui fédère aujourd’hui 280 startups du secteur.
La rencontre de Pierre Leroy et de Yann Person commence avec la création d’une startup en 2007. Les deux entrepreneurs s’intéressent déjà à l’époque au sujet de la rénovation énergétique et ambitionnent de créer une plateforme pour aider les particuliers à gérer leur diagnostic énergétique et leurs travaux de A à Z. Lancée en B2C, la plateforme trouve finalement son modèle en B2B2C.
De startuppers à startup studio
Les deux associés apprennent à gérer une scale-up, qu’ils revendent en 2016, pour revenir à leur vision initiale et créer une plateforme B2C. Ils lancent alors leur seconde startup sur un marché B2C devenu suffisamment mature. La startup est-elle aussi rachetée par l’un des plus importants corporate du secteur, mais Pierre Leroy et Yann Person gardent la propriété des technologies développées. « Nous avions investi une dizaine de millions d’euros dans le socle technique. Nous avions la capacité de faire du SEO à grande échelle, nous avions développé un jumeau numérique du territoire français et nous avions construit un framework pour créer rapidement des plateformes transactionnelles », détaille Pierre Leroy.
Fin 2019, les deux entrepreneurs se retrouvent donc avec un capital financier et technique et réfléchissent alors à leur prochaine aventure. Rapidement, ils décident de se spécialiser sur la verticale dans laquelle ils évoluent depuis plus de dix ans : la Proptech. Ils choisissent aussi de se concentrer sur les 3 ou 4 premières années de vie des startups. « Nous avons pensé le studio en tenant compte de notre expérience, de nos réussites passées et de notre engouement à amorcer des projets. Notre métier, c’est surtout de s’associer aux “A players”, c'est-à-dire ceux qui ont le meilleur profil pour scaler les projets », commente Pierre Leroy. Leur activité s’appuiera aussi sur leur actif technologique. « Aujourd’hui, créer un produit dans la Proptech demande plusieurs millions d’euros d’investissements, tout le monde dépense beaucoup pour, au final, produire des choses similaires. Avec notre plateforme, nous étions convaincus que nous pouvions faire gagner du temps à d’autres entrepreneurs », partage Pierre Leroy. Enfin, ils introduisent une dimension d’accompagnement financier. C’est sur ces quatre fondamentaux que naît OMN Studio, pour One Maker Nation, en 2020.
Une verticale, plusieurs modèles
« Aujourd’hui, on voit qu’en moyenne 20% des proptech qui viennent de se lancer survivent. Avec OMN, notre objectif est de faire monter cette statistique à 80% », souligne Pierre Leroy. « Quand les entreprises émergent du studio, elles sont prêtes à délivrer tout de suite. C’est la beauté du modèle, on absorbe au maximum les risques en amont en levant les freins stratégiques, financiers, technologiques et business avant de se lancer », ajoute-t-il.
Pour cela, le studio fonctionne avec trois modèles de production : un modèle “founder”, un modèle “co-founder” et un modèle “late-founder”. Pour le modèle founder, les idées viennent du startup studio qui cherche ensuite une équipe dirigeante pour en prendre la tête. OMN Studio a, par exemple, créé Heero, une plateforme de financement pour la rénovation énergétique. « Sur ce modèle, nous détenons la majorité des titres, et une partie va à l’équipe dirigeante », ajoute Pierre Leroy.
Sur le modèle co-founder, OMN Studio a lancé avec un associé extérieur, Zellips design, une solution industrialisée de maisons en bois bas-carbone et sa traduction opérationnelle Zeom habitat. Sur ce type de projet, OMN Studio et les porteurs de projets sont en général associés à 50/50. « Ils apportent le savoir-faire industriel, la capacité à sourcer l’équipe et de notre côté, nous co-construisons le business modèle et nous décidons comment entrer sur le marché avec la bonne stratégie de financement », détaille Pierre Leroy.
OMN Studio a déjà créé ou co-créé six startups. La dernière en date est Dooitch, une plateforme de livraison express pour les artisans, qui est, elle, rentrée sur le modèle late-founder. Dans ce cas de figure, OMN Studio, qui va prendre entre 20 et 25% des parts, accompagne la startup sur la stratégie, le financement et le business. OMN a pour cela fédéré une quarantaine de conseillers, experts de la tech, de l’entrepreneuriat, du bâtiment ou de l’énergie, qui accompagnent les startups. Le studio s’appuie aussi sur les équipes d’EP, où se nichent les compétences tech travaillées de longue date et à l’origine des premiers projets.
À la marge, le studio se rémunère sur les services qu’il propose, mais l’essentiel du business model repose sur la cession totale ou partielle des titres. « Au bout de 36 à 48 mois, le studio sort des projets. Nous pouvons rester board member, mais nous n’avons plus vocation à accompagner au jour le jour les startups. C’est la dernière étape du lancement du studio », commente Pierre Leroy, qui confie que le premier exit partiel devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année.