Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent plus de 20 % de la population française. D’après les projections de l’Insee, cette proportion devrait progresser fortement jusqu’en 2040. Cette transition démographique, ou papy boom, crée de nouvelles opportunités économiques.
« Les acteurs généralistes commencent à s’intéresser aux problématiques de vieillissement », remarque Romain Ganneau, DG de Silver Valley. Ce pôle d’innovation dédié à la transition démographique compte 200 membres, des PME et startups jusqu’aux grands comptes. « Nous avons de plus en plus d’adhérents qui ne sont pas des pure players de la silver economy. Ce sont des banques, assureurs, bailleurs sociaux, mutuelles, grands comptes de la technologie qui se disent “25 à 30% de nos clients sont retraités, travaillons sur cette cible-là”. » Le besoin en services dédiés à cette tranche de la population va en effet grandissant. En s’appuyant sur les témoignages de plusieurs acteurs de l’écosystème, Maddyness a listé trois tendances sur lesquelles continuer de se pencher.
Le financement du maintien à domicile
Pour Coline Guénel, cofondatrice de la startup Colette, le maintien à domicile fait partie des plus gros défis pour bien vieillir. « Lorsqu’ils ne vont plus au travail, les seniors perdent un premier repère. Une partie d’entre eux n’ont plus leur conjoint. La maison ou l’appartement, dans lequel ils sont pour certains depuis des dizaines d’années, est souvent le dernier repère », observe la COO. Colette propose donc aux seniors de louer une chambre à des jeunes, ce qui leur redonne du pouvoir d’achat et, par la même occasion, leur permet d’être moins seuls.
Les crédits hypothécaire et patrimonial sont un autre moyen de financer son maintien à domicile. « Ils permettent d’emprunter une certaine somme en mettant en gage sa maison pour le premier, son assurance-vie pour le second, explique Minh Q. Tran, managing partner du fonds Mandalore. Ces solutions peuvent être utilisées pour adapter son lieu de vie, rénover une salle de bain par exemple. »
Les nouvelles formes de liquéfaction du patrimoine
« Aujourd’hui, les retraités sont de plus en plus conscients que leur retraite ne leur permettra pas, pour certains, de continuer à financer leur maintien à domicile », remarque Romain Ganneau. Ils peuvent alors se tourner vers des moyens de liquéfier leur patrimoine immobilier. « Des solutions plus éthiques que le viager existent. Elles permettent par exemple de vendre un bien et de continuer à y habiter avec un contrat sur dix ans, pour préparer sa transition », souligne Minh Q. Tran.
Traiter les causes du “mal vieillir”
Avant de penser aux conséquences, il serait pertinent de traiter les causes. C’est ce pour quoi plaide Stanislas Veillet, auteur du livre "Vivre longtemps et en bonne santé" et PDG de la biotech Biophytis. « Avec davantage d’investissements, je pense qu’on pourrait traiter la plupart des maladies liées à l’âge, qui font qu’on perd son autonomie et tout lien social. Cela permettrait des économies monstrueuses en termes de sécurité sociale. Mais l’innovation dans les maladies thérapeutiques va plus lentement que la transition démographique », regrette Stanislas Veillet.
Le PDG évoque la possibilité de créer un statut de médicament senior, qui permettrait d’accélérer le processus de mise sur le marché. « On l’a vu dans le cadre de la crise Covid : quand les pouvoirs politiques veulent se saisir d’un problème de santé publique, on arrive à agir en quelques mois. Pourquoi ne le fait-on pas pour les maladies liées à l’âge ? », s’interroge-t-il. « Il faut que les agences réglementaires prennent conscience de l’urgence.»