60 nouvelles biotechs ont été créées en 2023. Et le chiffre d’affaires du secteur a bondi de 33 %. Voici les premiers enseignements du panorama 2023 de France Biotech publié ce mardi 27 février. « La Biotech a 20 ans. Et on voit une forte accélération depuis 5 ans, avec des développements de startups plus courts, des essais cliniques plus rapides et une diversité de solutions produits », indique Franck Mouthon, président de l'organisation, qui réunit les acteurs du secteur. Les projets de télésurveillance se sont notamment multipliés depuis la crise sanitaire du Covid-19 mais également depuis son remboursement par l’Assurance maladie, en juillet 2023. « Le marché de la santé ne connaît pas de bulle ni de cycle, il y a toujours de nouveaux besoins, des maladies qui n’ont pas de traitement. Nous sommes toujours à la recherche d’innovation thérapeutique », estime Sabine Dandiguian, managing partner de Jeito, fonds d’investissement spécialisé dans la biotech.
Et bien que les Etats-Unis, et plus particulièrement Boston, concentrent le plus de projets pharmaceutiques, biotechs, talents et fonds d’investissements, « les chercheurs français sortent enfin de leurs laboratoires et créent des sociétés avec des technologies incroyables. En cinq ans, j'ai vu le marché exploser », estime Maximilien Levesque, le dirigeant de la startup Aqemia, qui s’appuie sur une IA générative, mêlée à de la physique théorique, pour la recherche de médicaments. « Il y a une lame de fond, qu’on appelle la Deeptech, qui prend de plus en plus d’ampleur, notamment grâce au soutien à l’innovation en France », poursuit-il.
De 800 millions à 1,4 milliards d’euros investis en R&D
Selon France Biotech, le montant investi en R&D est en effet passé de 880 millions à 1,3 milliards d’euros entre 2021 et 2022 grâce à « la volonté de l’État de développer notamment des biothérapies et d’accroître l’offre de production. » La France a notamment lancé un « plan cancer » et des plans « maladies rares », depuis 2004. Un soutien qui s’explique par le besoin de souveraineté en matière de santé. « La crise sanitaire a révélé nos faiblesses dans ce domaine », souligne Sabine Dandiguian, managing partner de Jeito.
La France se positionne ainsi sur les marchés de l’oncologie, de l’immunologie, des maladies émergentes, des maladies rares ou de la médecine nucléaire. « Nous avons des forces qui nous permettent d’être bien placés en termes de compétitivité », assure Chloé Evans, adjointe au directeur général, chargée des études sectorielles. L’un des enjeux pour les startups est notamment de rapprocher les patients installés dans des déserts médicaux, via la télésurveillance, mais aussi d’améliorer leur prise en charge et d’être plus efficace dans le diagnostic. « Le marché de l’innovation thérapeutique est en pleine croissance. On voit émerger des pépites autour de la connaissance du système immunitaire ou de la cardiologie. Mais aussi de nouvelles voies de recherche extrêmement intéressantes », indique Sabine Dandiguian.
39 sociétés ont mis la clé sous la porte
Toutefois, le financement reste la préoccupation majeure des acteurs du secteur. « Nous avons vu une raréfaction des financements notamment pour les acteurs émergents depuis mi-2022. Avec une focalisation importante sur des projets déjà investis ou plus
avancés en matière de développement produits », indique Franck Mouthon. Selon lui, les fonds ont tendance à investir sur des lignes déjà investis. Jeito, fonds spécialisé dans la Biotech, intervient, par exemple, quand les projets arrivent au stade des essais cliniques, en phase B.
Résultat : un nombre important de cessations d’activité a été enregistré en 2023. Au total, 39 sociétés ont mis la clé sous la porte. « C’est un chiffre en hausse par rapport à 2022 », souligne Chloé Evans. En cause : l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Au niveau international, le montant des fonds levés a reculé de 19 % en 2023 par rapport à 2022. « « Il faut continuer à accroître les investissements en Europe. La puissance d’investissement est encore très inférieure à celle des Etats-Unis », concède Sabine Dandiguian. Sur le marché européen, la France se positionne toutefois en deuxième position, derrière le Royaume-Uni. Et les acteurs anticipent « une reprise pour 2024. »