Face à une charge de travail toujours plus conséquente et des personnels de santé souvent en souffrance en raison d’effectifs insuffisants, il est parfois difficile pour les soignants de travailler dans des conditions optimales. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle peut constituer un atout pour faciliter leur travail, notamment au niveau de l’imagerie médicale. C’est sur ce créneau qu’a choisi de se positionner la startup AZmed pour épauler les radiologues et médecins urgentistes dans la détection des fractures.
Fondée en 2018 par Julien Vidal, Alexandre Attia et Elie Zerbib-Attal, la société annonce aujourd’hui un tour de table en série A de 15 millions d’euros. Parmi les investisseurs, on retrouve notamment Techstars, célèbre accélérateur américain de startups, Teampact Ventures, fonds français particulièrement engagé sur des sujets comme la santé, le climat ou encore la diversité, et le family office Maison Worms. Auparavant, l’entreprise tricolore avait notamment levé 1,2 million d’euros en septembre 2019 auprès de radiologues et de business angels.
L’IA au service des radiologues pour leur faire gagner du temps
Pour optimiser le flux de travail des radiologues, AZmed a développé Rayvolve, un outil de détection des fractures qui s'intègre dans tous les logiciels de radiologie. Dès qu'une radio est réalisée, cette solution l'étudie automatiquement afin d'y identifier les éventuelles pathologies. Cela permet ainsi au praticien de gagner un temps précieux, sans pour autant le remplacer : c’est lui qui continue de vérifier l’analyse de l'algorithme afin de la valider ou non.
«Au début, c’était un projet scientifique sans véritable ambition, puis nous nous sommes rendus compte de la viabilité du projet», se souvient Julien Vidal, co-fondateur et directeur général de la medtech tricolore. «Initialement, les radiologues étaient assez réticents sur l’usage de l’IA. Aujourd’hui, c’est très différent : plus aucun cardiologue ne craint l’IA. La problématique majeure est plutôt celle de l’intégration de la solution dorénavant», ajoute-t-il.
A ce jour, AZmed assure que son logiciel Rayvolve, qui a obtenu le marquage CE en Europe en 2019 puis l’homologation de la FDA aux États-Unis en 2022, a été déployé dans 1 000 établissements de santé situés dans 40 pays à travers le monde. La société française a notamment noué un partenariat avec le système de santé publique du Royaume-Uni (NHS).
Un bureau aux États-Unis dans les prochains mois
Pour accélérer sa montée en puissance à l’international, la jeune pousse tricolore entend s’appuyer sur les 15 millions d’euros levés pour renforcer sa présence aux États-Unis, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. «On rentre tout juste sur le marché américain et on va ouvrir un bureau là-bas dans les prochains mois. Quant au Moyen-Orient et en Asie, on démarre également dans ces deux zones», précise Julien Vidal. «Il faut noter qu’une grosse poche des 15 millions d’euros sera investie dans le produit. Nous voulons adresser n’importe quel médecin», assure-t-il également.
Sur un marché de l’imagerie médicale qui devrait bondir dans le monde, en passant de 1,4 milliard de dollars en 2022 à 19,9 milliards de dollars d'ici 2032, selon Global Market Insights, AZmed ne veut donc pas perdre de temps pour déployer sa solution à la plus large échelle possible. Dans ce cadre, la société prévoit d’étoffer ses effectifs pour atteindre la barre des 80 collaborateurs en fin d’année, contre 50 à l’heure actuelle. «Nous avons un plan à 2-3 ans pour atteindre la rentabilité. Mais si nous voulons faire quelque chose de conséquent, il faudra relever des fonds», estime Julien Vidal.