Volante ? Autonome ? Les annonces se succèdent concernant le futur de l’automobile mais un fait est certain : elle sera électrique. La nécessaire réduction de l’impact environnemental des mobilités a en effet conduit l’Union européenne à interdire la vente des véhicules thermiques à partir de 2035 et les pouvoirs publics à mettre en place les zones à faibles émissions (ZFE). Étant donné les difficultés à produire un moteur à hydrogène à grande échelle, l’électrification reste la solution d’avenir.
Selon une étude publiée le 25 janvier 2024 par Via ID et Dealroom, 66% des montants levés en 2023 par les startups européennes de la mobilité sont directement liés à la mobilité électrique.« Le mouvement impacte toute la chaîne de valeur de l’industrie automobile, en amont, avec l’exemple marquant des 850 millions d’euros levés par Verkor, comme en aval sur l’électrification des flottes avec des startups comme Nelson, ou la réparation avec Revolte, qui a pour ambition de devenir un leader sur le sujet », analyse Clément Guillemot, directeur des programmes startup et de l’écosystème de Via ID.
L’automobile, un outil électrique du quotidien
Pour autant, la route vers le tout-électrique n’est pas sans rencontrer quelques obstacles de taille, comme les problèmes de réparation, la recyclabilité ou encore l’accès aux métaux rares pour ne citer qu’eux. « Nous en sommes encore qu’au début, laissons la chance au secteur de trouver des solutions pour rendre les véhicules électriques plus abordables et durables dans le futur », plaide Richard de Cabrol, directeur général des Grands Prix ACF Autotech.
Transformer les plantes en nickel comme le fait Genomines, produire un diamant de synthèse comme conducteur dans les batteries avec DiamFab, réparer avec Revolte, convaincu que les véhicules électriques peuvent conserver leur valeur d’usage pendant 100 ans... les innovations se multiplient ces derniers temps. Ce que confirme Lionel Robert, président et fondateur des Automobile Awards : « le champ des possibles de l’électrique ne cesse de progresser, comme avec le V2X, Vehicle-to-Everything, qui va faire de l’automobile un outil électrique du quotidien ».
Reste que la généralisation des véhicules électriques est pour le moment confrontée à un problème de coûts d’acquisition. « C’est un peu l’histoire de l’automobile, à chaque fois qu’il y a une avancée, les prix élevés baissent ensuite », précise Richard de Cabrol. Plusieurs raisons vont dans ce sens : la concurrence entre les acteurs européens, américains et asiatiques qui devrait lancer une course à une baisse progressive des prix, comme l’offre de leasing social à hauteur de 100 € par mois publiée au Journal officiel le 15 décembre 2023 pour les ménages les plus modestes. « Une tendance est en train d’émerger notamment dans le monde des startups : les véhicules plus petits, plus légers, donc moins chers comme Kate », ajoute Clément Guillemot. « Le problème sera plus lié à la recharge : ceux qui n’ont pas de maison, prendront-ils le risque de ne pas être certains de pouvoir recharger sur des bornes publiques ? », prévient néanmoins Lionel Robert.
Réfléchir au software avant de construire le véhicule
L’autre voie d’innovation de l’automobile concerne bien évidemment l’intelligence artificielle. Les annonces se succèdent à grande vitesse : Amazon Alexa embarquée dans les BMW, l’intégration de ChatGPT sur l’ensemble de la gamme DS de Citroën, ou encore TomTom qui utilise l’IA générative de Microsoft dans ses véhicules. « Maintenant, on commence à réfléchir au software avant de construire le véhicule autour pour servir l’expérience utilisateur », souligne Richard de Cabrol. « L’IA existe depuis longtemps dans l’automobile, mais les évolutions actuelles vont amener plus de services, de connectivité et une mise à jour à distance avec la technologie Over The air », ajoute Lionel Robert.
Alors, les avancées de l’intelligence artificielle vont-elles rendre enfin possible la généralisation des véhicules autonomes ? Selon Lionel Robert, « beaucoup de tendances révélées par effet de mode sont aujourd’hui confrontées à la réalité du terrain, en termes de réglementation et de coûts technologiques. Je vois plutôt un avenir du véhicule autonome sur des périmètres restreints et balisés ». Il s’agit aussi de préciser quel degré d’autonomie est évoqué, qui est mesuré selon 5 niveaux, de la simple assistance à la conduite, comme c’est désormais le cas dans tous les véhicules neufs, à l'absence totale d'intervention humaine. « Si on parle de véhicules complètement autonomes - le fameux niveau 5 -, il ne faut pas oublier que l’on parle de deeptech, qui prend du temps à être mature technologiquement et à être déployé commercialement, mais pour autant Google compte bien étendre à d’autres villes que San Francisco son offre de taxis autonomes, comme Baidu en Chine », précise Clément Guillemot.