Ils ont été nombreux à craindre pour l’avenir de la pépite française lorsque Nokia a racheté Withings en 2016. L’entreprise a finalement été récupérée en 2018 par Eric Carreel, son fondateur et CEO, pour faire disparaître un « goût d’inachevé ». La crainte était pourtant toujours présente : arriverait-il à redresser la barre pour que Withings redevienne ce fleuron de l’innovation médicale grand public ?
Cinq ans plus tard, Withings enchaîne les nouvelles annonces de produits de plus en plus complets. Après le lancement de la Body Scan, véritable station de santé connectée qui pousse très loin la gamme de pèse-personnes connectés dont elle est issue, ou la ScanWatch Nova, montre connectée qui multiplie les mesures médicales, Withings annonce au CES 2024 le BeamO : un appareil multifonction qui rassemble les capacités d’un thermomètre (température corporelle), d’un électrocardiogramme (fréquence et rythme cardiaque), d’un oxymètre (taux de saturation d’oxygène dans le sang) et d’un stéthoscope (écoute des sons internes et notamment les poumons).
BeamO : enrichir la consultation à distance
L’explosion de la téléconsultation, récemment boostée par la pandémie de 2020, se heurte souvent à la même problématique : comment rendre efficace une brève interaction pendant laquelle le médecin a accès à des signaux limités ? « La téléconsultation est assez pauvre aujourd’hui, confirme Eric Carreel. Le médecin va regarder votre tête, et il va vous poser des questions aux réponses souvent très subjectives. On a besoin aujourd’hui d’enrichir la téléconsultation. »
Pour lui, la solution arrive sous la forme de ce nouvel appareil présenté au CES 2024. Le BeamO, proposé à partir de juin 2024 au prix de 249 euros, veut ainsi devenir le remplaçant du thermomètre. Face à un enfant malade, un parent va aujourd’hui avoir le réflexe de prendre la température. Demain, il pourrait avoir accès à une série de mesures qui vont permettre d’avoir une interaction enrichie avec le médecin. Un avantage qui pourrait aussi devenir crucial pour les personnes atteintes de maladie chronique : « Il y a aujourd’hui un vrai problème de santé publique avec des patients qui doivent être suivis beaucoup plus intensément mais qui ne peuvent pas se déplacer toutes les semaines pour aller voir le médecin. Le BeamO peut permettre ce suivi. »
En effet, l’appareil est sensiblement de la taille du thermomètre connecté de la marque, mais il permet de choisir entre les mesures pour prendre la température temporale, ou en venant faire office d’électrocardiogramme, d’oxymètre ou de stéthoscope en quelques clics. « On veut être le lien entre les patients et leurs aidants. Et si on veut renforcer ce lien au maximum, il faut apporter le plus d’informations », explique Eric Carreel.
Withings : le plus de données avec le moins d’effort
L’obsession d’Eric Carreel n’a en tout cas pas bougé avec les années : il veut récupérer les données de santé les plus profondes possibles, au travers des gestes les plus simples. L’aventure avait commencé avec le pèse-personne : un appareil sur lequel on monte une poignée de secondes pour mesurer son poids, mais qui s’est rapidement enrichi de nombreuses informations allant de la masse grasse jusqu’aux données cardiovasculaires. La montre était une suite logique et Withings a multiplié les points d’entrée en proposant aussi bien un capteur de sommeil à placer sous le matelas ou bientôt un laboratoire d’analyse d’urine à positionner directement dans vos toilettes.
« On le voit bien, explique Eric Carreel. La plupart des patients se démotivent rapidement quand il s’agit d’utiliser un dispositif médical. Alors que lorsqu’ils ont un pèse-personne connecté ou un Sleep Analyser, on va continuer à avoir des informations très longtemps. » Withings a toujours milité pour proposer des produits le moins invasif possible, réussissant à rendre quasi quotidiennes des mesures qui étaient autrefois prises une poignée de fois dans l’année.
« Je reçois des courriers de cardiologues qui me disent que j’ai sauvé la vie de leur patient. Que ce soit en détectant une fibrillation auriculaire ou en enregistrant des données qui n’avaient pas été perçues par les dispositifs classiques. » En effet, si le médecin peut prescrire un test de 24 heures, ces enregistrements vont souvent manquer une fibrillation auriculaire par exemple, qui peut dépendre du niveau de stress ou de l’alimentation.