8 décembre 2023
8 décembre 2023
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
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A l’Imagine Summit, l’innovation vertueuse face aux défis dressés par l’IA

Ce jeudi 7 décembre, l'écosystème breton se retrouvait à Rennes à l'invitation du Poool pour l'Imagine Summit. Maddyness y était.
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Avant de refermer une année 2023 marquée par la révolution de l’IA générative, le Poool rassemblait les forces vives de l’écosystème breton (startups, PME, laboratoires de recherche, universités, collectivités…) à l’occasion de l’événement Imagine Summit (ex-Digital Tech Conference) au Couvent des Jacobins, à Rennes, ce jeudi 7 décembre. Une manière pour la structure qui chapeaute la French Tech Rennes/Saint-Malo de proposer une réflexion sur le sujet sans tomber dans les extrêmes.

Après des derniers mois marqués par une boulimie d’annonces autour de l’IA générative, Daniel Gergès, le directeur général du Poool, estime qu’il était nécessaire de sortir de l’euphorie actuelle dans ce domaine le temps d’une journée pour laquelle Clara Chappaz, la directrice de la mission French Tech, a fait le déplacement. «Quand il y a une année comme 2023, il faut prendre un peu de recul. Ce qui se passe actuellement me fait penser aux débuts d’internet. Il y a tellement de bouleversements qu’on ne peut pas prévoir…», analyse-t-il. D’où l’importance à ses yeux de nourrir une réflexion à partir de différents acteurs, pas seulement technologiques. «Dans l’innovation, il y a des silos, avec les startups, les académiques, les PME en transformation, les collectivités qui pensent open source ou encore l’économie sociale et solidaire. Tous ces gens sont dans leur couloir de nage. A l’Imagine Summit, on les rassemble pendant une journée pour réfléchir tous ensemble au futur de l’écosystème», explique le patron de la structure issue de la fusion entre la technopole Rennes Atalante et La French Tech Rennes Saint-Malo.

IA forte ou IA faible ?

Plutôt que de parler de l’IA sur un ton inquiétant, comme il est souvent de coutume, les organisateurs de l’événement rennais ont pris le parti de l’inscrire dans la thématique de l’innovation vertueuse, cheval de bataille du Poool. Ainsi, il n’était pas question par exemple d’une IA dangereuse ou généreuse pour l’humanité lors de la masterclass d’Elisa Fromont, professeur à l’université de Rennes et chercheuse en IA à l’Irisa (Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires), mais d’une IA forte ou faible. Comme souvent avec les révolutions, qu’elles soient industrielles ou technologiques, tout est souvent une question de dosage. Et fort heureusement, des films comme «Minority Report» relèvent davantage, pour l’instant, du fantasme que de la réalité.

C’est d’ailleurs le cas dans la presse, où les craintes d’un remplacement des journalistes par l’IA ont été renforcées par l’arrivée de ChatGPT il y a un an. Mais Maud Lévrier, directrice du pôle activités numériques, distribution et transformation chez Ouest-France, a tenu un discours rassurant lors de l’Imagine Summit. «L’IA va-t-elle se substituer aux journalistes ? La réponse est non. Au contraire, elle ne fait que renforcer le rôle des journalistes et du journalisme», a-t-elle assuré. Avant d’ajouter : «Au niveau des dérives que sont les fake news et les pseudo-informations, l’IA ne fait que rendre la tâche plus difficile pour les journalistes.»

«Il faudrait une Tech à l’image de notre société»

Face aux craintes autant que les dérives suscitées par l’IA, un cadre régulatoire apparaît donc plus que nécessaire. Mais s’accorder sur le sujet n’est pas simple, comme en témoigne les négociations actuelles entre les États membres et le Parlement européen à Bruxelles concernant l’AI Act, qui doit encadrer les usages dans le secteur dans l’UE. Cette complexité se retrouve également dans les grands groupes, comme Orange. A Rennes, Roxane Adle-Aiguier, responsable de la recherche autour des solutions pour l’économie durable, n’a ainsi pas éludé les difficultés de l’opérateur pour aboutir à une charte éthique sur l’IA. «Il a fallu plus d’un an pour passer de 59 pages à une page et demi. Chaque mot a été pesé», a-t-elle indiqué. Et de souligner : «Plus globalement, est-ce qu’on veut aller vers plus de liberté ou plus de sécurité ? C’est la question qui s’est posée pour les Jeux Olympiques.»

Si l’intelligence artificielle a logiquement occupé une large partie des discussions lors de l’Imagine Summit, l’événement rennais a également mis à l’honneur des thématiques, comme l’inclusion avec Maud Sarda, directrice générale de Label Emmaüs, pour prouver que l’e-commerce solidaire fonctionne malgré la domination de mastodontes mondiaux comme Amazon. «Il faudrait une Tech à l’image de notre société, avec plus de diversité et de parité. Il faut arrêter de séparer écologie et social», a-t-elle estimé.

De diversité et d’inclusion, il en est notamment question avec Fariha Shah, fondatrice de Golden Bees et Cominty, Christophe Dandois, co-fondateur de Leocare, et Rooh Savar, co-fondateur de Welcome Account, pour montrer que solidarité et entrepreneuriat n’étaient pas antinomiques. «L’entrepreneuriat est à impact par essence», a ainsi souligné Fariha Shah. De son côté, Rooh Savar a insisté sur le fait que «l’immigration est une force de création de l’innovation». Une manière de conclure cette année 2023 sur une touche d’optimisme dans un contexte global particulièrement anxiogène.

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L'Imagine Summit s'est déroulé au Couvent des Jacobins, à Rennes, ce jeudi 7 décembre. Crédit : Maxence Fabrion/Maddyness.