Alexandre Laing veut avoir un impact sur le monde. Il a bien pensé à la politique, mais il ne possédait pas le réseau nécessaire. Il s’est donc intéressé à l’entrepreneuriat, mais il a rapidement découvert que le financement était surtout pour ceux qui connaissaient les bonnes personnes. Il s’est donc mis en tête de remettre l’égalité des chances au cœur de son parcours. D’abord avec Bulb in Town en 2013, puis son spin-off Tudigo en 2018. On lui a répété encore et encore que cela n’allait pas fonctionner : il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise rentable qui a permis de lever 16,4 millions d’euros pour le seul troisième trimestre 2023.
Alexandre Laing a grandi dans des quartiers populaires. Élève en ZEP au collège, il a très vite constaté l’inégalité des chances auquel était confronté un fils d’immigrés. Quand il s’intéresse au sujet de l’investissement, il se forge très vite la conviction que le financement serait plus démocratique s’il était donnée la possibilité au plus grand nombre d’investir dans une grande diversité de projets. « L’argent est dans une minorité de mains. Et naturellement tu vas faire confiance à quelqu’un qui te ressemble. C’est humain… c’est même animal », explique Alexandre Laing, aujourd’hui CEO de Tudigo.
De la plateforme de don à l’investissement
Il commence par monter Bulb in Town, une structure de don contre don similaire à un Ulule ou KissKissBankBank, mais pensée pour soutenir les projets de proximité (commerçants, artisans, agriculteurs, etc.). « Tout le monde nous dit que c’est une bêtise. Que le modèle ne marchera pas sur un marché plus local. En effet, une niche, c’est plus petit… mais c’est aussi plus ciblé et cela convertissait beaucoup mieux. »
La plateforme permet de lever de petits montants qui empêchent d’avoir l’impact et la stabilité financière que l’entrepreneur espérait. Il commence alors à s’associer à des acteurs locaux (chambres de commerces, d’artisanat, ou même des banques régionales) pour créer des plateformes en marque blanche. En parallèle, il expérimente avec de l’investissement jusqu’à décider de se focaliser sur cet axe.
Investir dans les entreprises de demain
En 2018, l’acte de naissance de Tudigo amène à l’acte de décès de Bulb in Town quelque temps plus tard, en 2020. Alexandre Laing est persuadé que l’avenir se trouve dans l’investissement. Grâce à cette nouvelle plateforme, les TPE et PME peuvent ouvrir leur capital aux investisseurs à partir de 1.000 euros. Mais pas question de financer la vieille économie, Tudigo sera exclusivement tourné vers les entreprises à impact.
En moyenne, les tickets vont de 200.000 euros à 3 millions d’euros (avec une moyenne à 740.000 euros). Ce sont déjà 128 millions d’euros qui ont été levés auprès d’une communauté de 15.000 investisseurs. Des opérations que l’entreprise affirme réaliser en un temps record de 36 jours. Depuis presque deux ans, 97 % des projets sélectionnés atteignent ou dépassent leur objectif de financement.
On pourrait penser qu’Alexandre Laing a atteint ses objectifs en prouvant la viabilité du modèle… ce n’est pas le cas. « Si on veut démocratiser le non coté, il faut pouvoir à terme avoir la même liquidité que la Bourse », annonce-t-il en toute simplicité. Tudigo continue de se développer, ajoutant en 2022 la possibilité de lever en obligations (emprunt de 12 à 36 mois) en plus de l’ouverture du capital en actions.
Être transparent et exemplaire
Début 2023, c’est au tour de Tudigo de passer par sa propre plateforme pour réaliser une levée auprès de la communauté. En seulement trois jours, ce sont trois millions d’euros qui sont rassemblés. Pour se montrer attractive, la startup se plie aux mêmes contraintes qu’une entreprise coté en Bourse, partageant l’état de ses comptes et ses prévisions pour l’avenir. « Cela change la façon de travailler. Quand tu montres les choses, que tu es transparent, tu ne fais pas les mêmes choix, tu es plus rigoureux », partage Alexandre Laing.
Il s’agit probablement de la première et dernière levée de Tudigo sur sa propre plateforme. S’ils lèvent d’autres fonds, ce sera pour chercher plusieurs dizaines de millions d’euros de l’aveu de son fondateur, un montant qu’ils ne pourraient pas obtenir sur la plateforme pour ne pas risquer de cannibaliser l’ensemble des autres projets présents.
« C’est une excellente solution pour faire du bridge. Avec la raréfaction des fonds, c’est beaucoup plus long de lever. Cela permet à certaines boîtes d’aller chercher du runway pour clore les négociations tout en restant en position de force. »
La route sera encore longue pour Tudigo qui ne s’imagine donc pas s’arrêter là. Le CEO prépare actuellement la création de leur propre fonds qui leur permettra d’ajouter une autre corde à leur arc.
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