C’est en travaillant ensemble depuis 2019 que le Docteur Stéphane Roulon, ancien chercheur en impression 3D chez Sanofi, et le Docteur Ian Soulairol, pharmacien hospitalier, constatent le manque de médicaments personnalisés existant pour les patients. En effet, les médicaments et traitements donnés aux patients ne sont que peu personnalisés dans leur composition. Souhaitant pallier l'insuffisance de cette offre, notamment chez les enfants, les deux associés ont décidé de créer MB Therapeutics.
« Actuellement, pour certaines pathologies, l'industrie pharmaceutique ne répond pas aux besoins des patients : dans de tels cas, les pharmaciens fabriquent des médicaments personnalisés pour leurs patients, généralement de manière manuelle », explique Stéphane Roulon, CEO cofondateur de MB Therapeutics. « Du point de vue des patients, en particulier des enfants, les capsules et les comprimés ne sont pas adaptés car ils présentent un risque de “fausses routes” et d'étouffement. De plus, les suspensions liquides, qui contiennent parfois des excipients à effets notoires, ou sont contre-indiquées pour certaines tranches d'âge, sont moins stables et présentent des risques d'erreurs d'administration avec les pipettes doseuses ».
Des médicaments qui ressemblent à des “haricots magiques”
Fruit de plus de 8 années d'expériences menées par les deux docteurs respectivement chez Sanofi, à la Faculté de Pharmacie de l'Université de Montpellier et au Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes, la startup collabore désormais avec Lynxter, entreprise spécialisée dans le développement et la production d'imprimantes 3D industrielles. En effet, grâce à la technologie d’impression 3D, MB Therapeutics permet aux pharmaciens de produire des médicaments oraux qui répondent aux besoins spécifiques de chaque patient. Cette innovation est possible grâce à la MED-U Modular, une imprimante 3D pharmaceutique.
La solution peut pallier les ruptures de stocks en donnant la capacité aux pharmacies à usage intérieur et aux pharmacies officinales équipées d’un préparatoire de produire automatiquement des médicaments avec une qualité industrielle. De plus, cette solution permet une réduction efficace du gaspillage de médicaments, grâce à des volumes adaptés.
Les pharmaciens peuvent alors produire des médicaments en doses et en formes personnalisées, combinant les avantages des comprimés et des suspensions liquides. Ces médicaments de nouvelle génération sont faits pour les enfants, puisqu’ils présentent la particularité de pouvoir être dispersés dans un petit volume d'eau. Les médicaments sont formulés sans excipients ayant des effets notoires et réduisent l'erreur d'administration de dose. Les médicaments, qui ressemblent à des haricots, ont d’ailleurs donné le nom de l’entreprise, en s’inspirant du mythe des “haricots magiques”, ou “Magic Beans”, dont les fondateurs ont gardé les initiales.
L’imprimante 3D de MB Therapeutics bientôt dans 10 établissements
« En 2016, lorsque nous avons commencé à étudier l'impression 3D de médicaments, seuls quelques universitaires avaient commencé à en discuter. Nous avons concrétisé cette idée avec la MED-U Modular, notre imprimante 3D pharmaceutique », affirme Stéphane Roulon. « Aujourd’hui, nous sommes les seuls en France et dans le monde à disposer d'une imprimante 3D de qualité industrielle conforme aux normes pharmaceutiques ».
« Nous avons établi un partenariat avec Lynxter, une entreprise qui développe des imprimantes 3D industrielles, et nous allons renforcer notre collaboration avec le CHU de Nîmes pour mettre en place des développements communs », conclut le CEO de MB Therapeutics. « D'ici la fin de 2024, nous prévoyons de déployer notre imprimante 3D pharmaceutique dans 10 établissements. »
Cette ambition s'inscrit dans une vision à long terme visant à intégrer la technologie dans les pratiques médicales, ciblant initialement les hôpitaux, universités et industries. L’offre sera ensuite étendue aux pharmacies communautaires et hospitalières d'ici 2026 grâce à une solution clef en main. Le marché des préparations médicales, particulièrement porteur, est évalué à 15 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 7 % anticipée entre 2022 et 2032.
