59% des jeunes interrogés par l’Observatoire de l’envie d’entreprendre réunissant Hello Bank! et l’institut Ipsos souhaitent se lancer dans l’auto-entrepreneuriat dans les cinq ans. Un intérêt pour le statut qui coïncide avec le million d’entreprises créées en 2022 en France, parmi lesquelles 66% de micro-entreprises, soit deux fois plus qu’avant la crise du Covid.
« "L'envie d'entreprendre" est un phénomène sociétal puissant qui s'exprime dans le monde de l'auto-entrepreneuriat comme dans celui des startups. Mais là où ce dernier concerne avant tout une typologie de persona encore très dominante, des jeunes hommes urbains centrés sur la tech, l'univers de l'auto entrepreneur est plus universel ... c'est une sorte d'eldorado de terrain à la française », souligne Bertrand Cizeau, directeur d’Hello Bank!.
Devenir indépendant, une solution pour se reconvertir
Bien que l’entrepreneuriat profite, notamment chez les jeunes, d’une image positive que le statut peut véhiculer comme la liberté et l’autonomie, le plaisir d’exercer une passion ou encore celui d’être son propre patron, Alexandre Dana, entrepreneur dès la fin de ses études, et cofondateur de Livementor, interroge sur la formation qui y conduit. « Ce n’est pas inné de savoir compter, vendre, communiquer, avoir le bon sens de l’entrepreneur et on ne l’apprend pas à l’école. Il y a un fossé entre les cursus scolaire ou académique et la réalité du marché du travail. Les réseaux sociaux montrent de beaux parcours aux jeunes, les inspire et leur donne confiance. Avec un million d’entrepreneur en 2022, le bouche-à-oreille leur donne aussi les clés. »
Du côté des indépendants, peu de regrets à avoir franchi le cap puisque 83% des entrepreneurs se déclarent être prêts à le refaire. « Sans éluder les difficultés rencontrées, c’est un message positif sur leur réalité. Cela invite aussi à la réflexion sur le monde du travail avec, pour une partie de la population, un statut d'indépendant de plus en plus attractif face au salariat », soulève Estelle Chandeze, directrice adjointe Service Line Corporate Reputation de l’Ipsos. Parmi eux, certains n’hésitent pas à opérer un virage dans leur carrière. 55% des indépendants de tous âges ont ainsi opérer une reconversion en prenant le statut d’entrepreneur. Le nombre monte à 73% chez les moins de 35 ans.
Un statut tout rose ?
Par ailleurs, alors que la question de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle s’annonce complexe pour beaucoup, le problème ne rejaillit pas sur les indépendants interrogés. « On ne vit pas de la même façon la place du travail quand on est indépendant. Elle semble moins subie », selon Estelle Chandeze. Seuls 21% le positionne parmi leur préoccupation, loin derrière l’instabilité financière, inquiétude majeure pour 55% d’entre eux. « D'un côté, nous observons une grande protection du salarié tandis que de l'autre, les indépendants se sentent isolés », insiste Bertrand Cizeau, rejoint par Alexandre Dana. « Les structures collectives de l’entreprise n’ont pas pris le cap de cette nouvelle forme d’entreprise et restent encore tournées vers le dirigeant de PME avec des salariés. » Le manque de soutien et d’accompagnement des organismes liés à l’emploi mais aussi celui des banques ressortent parmi les freins à l’entrepreneuriat évoqués par ceux qui ont osé se lancer, malgré ça.