Chaque jour en France, environ 100.000 voitures empruntent les axes autoroutiers à l’occasion d’un long trajet. Sur une année, les véhicules légers sur autoroutes - voitures, motos et utilitaires - sont ainsi responsables de 6 % des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, des enquêtes quantifient à 600 millions le nombre d’heures non valorisées par an car passées derrière le volant, soit 400.000 équivalents temps plein. Bien plus tragique, plus de 5.000 conducteurs ou passagers sont blessés ou tués chaque année au cours de ces déplacements autoroutiers.
C’est en partant de ce triple constat que Romain Coispine, CEO, et Yoann Lacombe, COO, ont cofondé la startup Symone en 2021. « Avec Symone, nous proposons aux motards et aux automobilistes d’embarquer leur véhicule à bord de l’un de nos autocars décarbonés à proximité d’un péage autoroutier et de profiter du trajet pour travailler ou se reposer. Chaque autocar accueillera entre 5 et 10 véhicules et une vingtaine de passagers dont des personnes à mobilité réduite. Sur un trajet Paris-Marseille c’est en moyenne six heures de productivité supplémentaire et en optant pour un trajet de nuit, on optimise d’autant plus son voyage », explique Romain Coispine.
Symone promet un prix attractif pour ces trajets en autocar
À cette économie de temps et d’émissions carbone - chaque autocar Symone en circulation permettant d’éviter l’équivalent de 550 tonnes de CO2 par an -, s’ajoute un avantage financier puisqu’un seul billet est facturé par véhicule embarqué et ce quel que soit le nombre de passagers à bord. « Entre le billet de train par passager et la location d’un véhicule arrivé à destination, l'usager Symone est largement gagnant. Car le prix d’un trajet en Symone sera équivalent au coût réel du même trajet avec votre voiture ! », assure le CEO de la startup. Avec son concept Symone moto exclusivement destiné aux deux-roues, la startup a déjà transporté des centaines de motards dès cet été, évitant ainsi le rejet de 15 tonnes de CO2.
La solution rencontrerait un succès tout particulier auprès des sociétés soucieuses de rallonger la durée de vie de leur flotte automobile ou encore de réduire leur impact environnemental. Mais pas seulement. « Les commerciaux changent de véhicules très régulièrement et la valorisation du temps passé sur la route chez les commerciaux, chez les cadres est un véritable sujet pour les entreprises. Nombreuses sont celles qui montrent un intérêt pour notre solution sur les grands axes empruntés par leurs salariés. » L'axe Paris-Lyon-Méditerranée - corridor majeur pour les déplacements et les échanges en France - joue un rôle clé dans la connectivité du pays et pourrait, de fait, être le premier sur lequel sera lancé le prototype Symone. Mais les deux cofondateurs entendent bien mettre leur entreprise innovante au service du désenclavement des territoires. « Dans un second temps, l’idée est d’ouvrir des axes transversaux Est-Ouest qui demeurent moins bien desservis par l’offre de transport existante. L’intermodalité permettra de répondre aux enjeux environnementaux de demain, mais aussi sociétaux. »
Symone se tourne vers le crowdfunding pour lancer la construction
Symone a obtenu, fin 2022, 350.000 euros en amorçage destinés à valider et sécuriser les études techniques, réglementaires et environnementales nécessaires au lancement de la phase de prototypage de son autocar. Ce dernier devrait sortir fin 2024.
De plus, la deeptech a été labelisée Esus (entreprise solidaire d’utilité sociale) et présentée le 7 juin dernier devant le Parlement européen comme l’une des 100 solutions européennes pour accélérer la transition écologique. « Cette succession de distinctions, la mise en avant dans l’émission Bleu Blanc Bouge et les différents accompagnements que nous recevons de la région Bourgogne Franche-Comté, de BPIfrance et de France 2030, nous ont permis de démontrer toute la pertinence de cette nouvelle solution de mobilité », affirme Romain Coispine.
Aujourd’hui, Symone se tourne vers le crowd equity et lance une campagne de financement sur Sowefund avec l’ambition de récolter entre 350.000 et 400.000 euros. « 200.000 euros sont déjà sécurisés. Cette levée de fonds en equity aura un effet levier important avec l’obtention d’avances remboursables et de subventions pour un tour de table total de 1,2 millions d’euros. Cette somme nous permettra de lancer la construction de la première Symone BioGNV avant de passer à l’étape de l’homologation », conclut le cofondateur.