Il est le premier business angel de France, selon le classement Challenges de juillet 2023. Christophe Courtin, fondateur du groupe du même nom, a déjà investi dans 115 startups, spécialisées dans divers domaines, via son véhicule Courtin Investment. Mais l’homme d’affaires annonce avoir changé de stratégie. « Désormais, l’idée est d’investir exclusivement sur les proptechs (qui réunit les solutions apportant flexibilité et agilité dans le domaine immobilier, ndlr) », annonce-t-il. Car le secteur souffre d’un double effet. « D’une part, les fonds d’investissement n’investissent quasiment plus car ils ont un problème de liquidité. Et d’autre part, les principaux investisseurs de la proptech - qui étaient, jusque-là, les promoteurs - subissent les soubresauts du marché et n’ont plus les mêmes capacités pour investir », explique à Maddyness le dirigeant du groupe Courtin.
Pourtant, selon lui, le marché est naissant et devrait connaître une forte croissance dans les années à venir. « Nous venons de connaître la décennie de l’assurtech et de la fintech. Il y a quinze ans, les banques en ligne n’existaient pas. Désormais, je pense que nous entrons dans la décennie de la proptech », souligne Christophe Courtin. Car depuis la crise du Covid, l’immobilier d’entreprises a changé de visage. « On a vu apparaître de nouvelles habitudes avec l'avènement du télétravail, la multiplication des espaces de coworking. Aujourd’hui, on compte 20 % de vacances dans les bureaux de New York alors que ces espaces étaient jusque-là pleins. Pour les remplir à nouveau, il faut donc des outils et de la data. Mais pour le moment, peu de solutions existent sur le marché », estime le business angel.
Christophe Courtin envisage de passer 25 deals par an
C’est dans ce contexte que Christophe Courtin a décidé de financer les startups du secteur. Via des tickets de 100 000 à 200 000 euros, il envisage de passer environ 25 deals par an, pour une enveloppe de 10 millions d’euros sur trois ans. « Les valorisations sont aujourd’hui peu élevées sur ce marché peu mature, elles dépassent rarement les 5 millions d’euros, ce qui permet aussi d’avoir de belles perspectives », souligne le financier. Le groupe Courtin a déjà soutenu quelques projets et notamment la société Osol, qui met au point des systèmes d'énergie sans fil permettant d'alimenter ordinateurs et autres équipements des travailleurs nomades. La startup Kompozite, qui a imaginé une matériauthèque intelligente d'aide à la conception de bâtiment bas carbone, a également été accompagnée.
« L’immobilier n’a pas changé depuis des années. C’est un domaine très en retard car il repose sur un système de rente. Mais l’approche traditionnelle de l’immobilier est en train d’évoluer. L’idée est de soutenir les innovations de rupture et les startups à impact », souligne Christophe Courtin, qui souhaite également s’appuyer sur ces startups pour continuer à développer son propre outil.
L’entrepreneur s’est spécialisé dans l’immobilier en 2015, avec sa société de promotion immobilière Courtin Promotion, sa foncière de gestion Courtin Gestin, puis Flex-O, qui propose des espaces de travail flexibles (bureaux, espaces de coworking, salles de réunion…). « Nous sommes devenus un des premiers groupes de coworking en France et nous avons créé un outil de R&D pour gérer nos 15 espaces de coworking. C’est à ce moment-là qu’on s’est rendu compte que pour gérer la data des espaces de bureau, il existait peu de solutions », précise le dirigeant, qui envisage, grâce à sa nouvelle stratégie, d’améliorer sa solution.