Le 101ème département français s’enfonce dans une sévère crise de l’eau. A Mayotte, dans l’océan indien, les 310.000 habitants sont privés d’eau courante deux jours sur trois. Alors que les besoins sont estimés à 43.000 m³ par jour, le territoire ne pourra bientôt plus produire que 20.000 m³ au maximum. Une situation qui résulte d’une forte sécheresse mais aussi d’un manque d’infrastructures et d’investissements.
En France métropolitaine, les épisodes de sécheresse s’intensifient également et provoquent des pénuries dans certaines régions. En août dernier, 100 communes ont ainsi été privées d’eau potable. Un an plus tôt, ce sont plus de 700 communes qui étaient concernées par des coupures au moment de la canicule : « Même en France métropolitaine, le gouvernement commence à lancer des enquêtes auprès de la population afin de faire en sorte que les habitants soient autonomes en cas de coupures.», souligne David Monnier, le dirigeant de Fonto de Vivo.
Des purificateurs envoyés à Mayotte
Cette startup, créée en 2017, a mis au point un purificateur avec un système d’ultrafiltration afin de rendre l’eau de pluie, de rivières, ou les eaux souterraines, potables. « On peut ainsi pomper 3 litres à la minute, sans électricité, et s’approvisionner dans n’importe quel cours d’eau douce », indique le cofondateur de la société, qui travaille principalement avec les ONG et s’est déployé dans une quarantaine de pays.
À Mayotte, la société a notamment envoyé 80 purificateurs par le biais de l’ONG Solidarités International. « 230 autres appareils devraient arriver sur le territoire, mais seulement dans deux mois. Ils auraient pu être acheminés plus tôt, en arrivant par avion, mais les moyens réunis n’étaient pas suffisants », indique David Monnier. Pourtant, l’eau est désormais impropre à la consommation dans les robinets de la capitale, Mamoudzou, et dans plusieurs communes alentour. Et d’ici un mois, l’île ne pourra plus couvrir que 25 à 50 % de ses besoins.
Dessaler l’eau de mer pour la rendre potable
Comme le purificateur de Fonto de Vivo, les technologies permettant de rendre l’eau potable se multiplient dans le contexte du réchauffement climatique. Car le marché est en pleine expansion. À l’échelle mondiale, plus de 2,2 milliards de personnes souffrent de stress hydrique. Et selon les prévisions, ce chiffre devrait atteindre 3 milliards d’ici 2030. Fonto de Vivo vient d’ailleurs de réaliser un nouveau tour de table, auprès du groupe allemand KF Gmbh, spécialisé dans le traitement de l’eau, de l’air et du sol, pour accélérer son déploiement à l’international.
S’internationaliser, c’est aussi l’ambition de la startup Osmosun, qui a mis au point un procédé de dessalement pour rendre l’eau de mer potable, en utilisant l’énergie solaire. Osmosun peut ainsi « potabiliser jusqu'à 50.000 m³ par jour », indique Maxime Therrillion, directeur commercial. Soit la consommation de plus de 330.000 habitants en moyenne. Pour accélérer, la société a été introduite en Bourse le 5 juillet dernier, avec une augmentation de capital de 10 millions d’euros. L’objectif : renforcer ses équipes commerciales et se déployer au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique Latine. La société souhaite, en parallèle, poursuivre ses travaux de R&D pour continuer à innover et pénétrer le marché de la réutilisation des eaux usées traitées et enfin, intégrer de nouvelles briques technologiques, via de futures acquisitions.
Et pourquoi pas transformer l’air en eau ?
Le dessalement est en effet une technologie sur laquelle se concentrent de plus en plus de startups. Seawards utilise de son côté un procédé de glaciation de l’eau de mer, appelé la cryo-séparation. En congelant de l’eau pure et de l’eau salée à différentes températures pour extraire des cristaux de sel. Pour la startup, cette technologie serait deux fois moins énergivore et ne rejetterait ni saumure, ni produits chimiques en mer. La société a d’ailleurs levé 800.000 euros à l’automne 2022 pour construire son premier démonstrateur.
Enfin, d’autres startups, comme O’soley ou Home Atmospheric Water, ont opté pour la transformation de l’air en eau pour produire de l’eau potable. Créée en Guadeloupe, O’soley fabrique des générateurs d'eau atmosphérique permettant une production illimitée. Sa consœur a mis au point un dispositif qui fonctionne à l’énergie solaire ou électrique et délivre jusqu’à 1.000 litres d'eau par jour. Le taux d’humidité dans l’air doit cependant être de 50 % au minimum pour pouvoir fonctionner. A l’horizon 2024, l’entreprise souhaite construire une première usine d’eau potable de 5.000 m2.