Je trouve plus complexe aujourd'hui de monter un restaurant que de monter une start-up », lâche Romain Amblard avec conviction. Le CEO de Service Compris en sait pourtant quelque chose après avoir dirigé l’activité d’accélération de Numa de 2015 à 2018. La naissance de Service Compris date d’ailleurs également de 2018, mettant à profit l’ensemble de ses apprentissages pour accompagner un autre écosystème. « J’ai été voir Julien Fouin et Ludovic Dardenay qui, à eux deux, ont ouvert une quinzaine de restaurants et je leur ai dit “on va monter un accélérateur de restaurateurs”, partage Romain Amblard. Ils m’avaient déjà aidé quand j’avais lancé mon propre restaurant en 2012 et on s’est lancé à trois. ».
Dans le monde de la reconversion professionnelle, la restauration se situe dans le top 3 des secteurs dans lesquels les personnes veulent se lancer. « Il s’agit pourtant d’un business où il y a beaucoup de fantasmes, de questionnements et pas mal d’opacité, explique Romain Amblard. Et la restauration arrive dans ce top 3 parce qu’elle est vue comme concrète, conviviale et festive, mais aujourd’hui 60 % des restaurants à Paris ferment avant de fêter leurs trois ans. Chez Service Compris, on est à 0 % après cinq ans. La raison ? On est persuadé que le succès d’un restaurant se construit avant son ouverture. ».
Service Compris prend 3 % du chiffre d’affaires prévisionnel
Les équipes de Service Compris appliquent donc pas mal des recettes qui ont fait le succès des accélérateurs tech en venant créer un programme mêlant digital et physique, avec une forte dimension communautaire et des programmes plus ou moins longs et intensifs pour accompagner les restaurateurs. Reprenant les codes de l’entrepreneuriat tech, l’accélérateur Service Compris se finançait via de l’equity contre service pendant ses deux premières saisons : « C’était exactement le même modèle que chez Numa, partage Romain Amblard. Mais on s’est aperçu que ce n’était pas adapté. Cela bousculait les habitudes du secteur et l’equity se libérait à trois ans… cela faisait beaucoup de paperasserie avec une difficulté à se projeter. On a donc transformé ça en une rémunération à l’ouverture. ».
En effet, Service Compris va prendre 3 % du chiffre d’affaires prévisionnel le jour de l’ouverture du restaurant. « Cela permet au projet de nous inclure dans leur plan de financement, au même titre qu’un avocat, un architecte ou du conseil. ». Un modèle économique qui se fait donc au succès puisque 30 à 40 % des projets accélérés ne vont pas aboutir.
Déjà présent à Paris, Lille, Lyon, Nantes, Marseille et Toulouse, Service Compris va bientôt ouvrir son programme à Bordeaux en allant à chaque fois mettre en place un écosystème local de mentors, d’experts, de fournisseurs, d’agents immobiliers, d’avocats, de comptables et de conducteurs de travaux pour venir répondre à l’ensemble des étapes qui précédent une ouverture.
L’accélérateur a ainsi déjà accompagné un certain nombre d’adresses remarquées par les passionnés de food à Paris avec des restaurants comme le Petit Bao, Panda Panda, Delhi Bazaaz et de nombreux autres. En tout, ce sont plus de 200 restaurateurs accompagnés depuis 2018.
L’accélération d’un accélérateur
Une nouvelle étape s’ouvre pour Service Compris, et notamment pour Romain Amblard, qui vient de prendre le rôle de CEO de la structure après avoir été impliqué en pointillé au fil des ans, ayant travaillé en parallèle au pôle innovation d’AXA Partners. « Nous avons aussi réalisé une petite levée de fonds sur ce début d’année, annonce-t-il à Maddyness. Nous avons un business rentable, mais nous avions besoin d’un petit coup de pouce pour aller plus vite sur l’ouverture de nouvelles villes et le développement de nouveaux programmes spécifiques. Il y a énormément d’attention qui est donnée aux entrepreneurs de la tech, en termes d’investissement, de lieux, d’expertise, cela nous semblait important de faire ce même travail de structuration que la tech a connu ces 15 dernières années. ».