Trente années. C’est le temps accordé à l’ensemble des secteurs de l’économie mondiale pour se transformer et se décarboniser afin d’atténuer le changement climatique en cours. Cette transition va exiger la plus grande redistribution de capitaux de l'histoire, car tous - individus, entreprises, gouvernements - vont avoir besoin de nouvelles solutions pour répondre à une réalité plus durable.
Une nécessité, voire une obligation, lorsque l’on sait que le monde est aujourd'hui plus chaud de 1,1°C qu'à l'époque préindustrielle et que, selon un rapport du GIEC de mars 2023, nous nous dirigeons actuellement vers une augmentation de 3,2 °C d'ici à 2100. Cependant, malgré ce défi colossal à surmonter, il est encore possible de changer de direction. Le GIEC a déclaré que les émissions mondiales nettes de CO2 causées par l'homme devraient diminuer d'environ 43 % par rapport aux niveaux de 2019 d’ici 2030.
Ce changement va donc nécessiter de nouveaux besoins et des mesures concrètes. Pour accompagner cette métamorphose (quasi radicale), les logiciels vont notamment jouer un rôle crucial. Ces derniers vont en effet déployer de nouvelles solutions pour atteindre les objectifs fixés, constituant un océan d'opportunités pour les entreprises qui choisiront de les développer.
Les Climate Tech, un levier essentiel face au réchauffement climatique
Déjà à l'origine d'une transformation de l'économie mondiale, les nouvelles technologies représentent aujourd’hui un élément clé de la décarbonisation dans le monde, avec en tête les logiciels. Ils ont aujourd’hui atteint un point où leur influence peut permettre une transition vers un monde plus durable. En effet, les Climate Tech connaissent une forte croissance grâce à un large éventail de services et de process. En affichant des données sur l'empreinte environnementale, en donnant des indications ou en assurant le suivi des améliorations, ces dernières constituent des outils puissants pour modifier nos comportements et accélérer la décarbonisation de demain.
A titre d’exemple, les logiciels de comptabilité carbone tels que Sweep, Watershed, Dcycle et Normative recueillent des données sur la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre d'une entreprise afin de calculer son empreinte carbone et identifier des solutions pour la réduire. En parallèle, les entreprises d'agriculture de précision telles que Cropin, Instacrops et Ignitia combinent l'IA et l'IoT pour recueillir des données sur l'humidité du sol, la température et la santé des cultures pour optimiser le rendement des cultures. Quant aux compagnies d'électricité, elles peuvent utiliser des logiciels tels qu'Oktogrid, Skyfri et Arcadia. Grâce à des algorithmes d'apprentissage automatique pour identifier les anomalies dans les données et l'IA pour gérer la distribution, cela leur permet d'améliorer l'efficacité et la fiabilité de la distribution d'électricité.
Le défi économique d’une neutralité carbone à l’échelle mondiale
Pour espérer atteindre le niveau net zéro, presque tous les aspects de nos activités quotidiennes doivent être sujets à modification. Les consommateurs s'attendent donc à ce que les gouvernements et les entreprises agissent comme s'il était question d’une normalité et intègrent à leur modèle des processus pour réduire leur empreinte.
Dans le classement Fortune 500, 63 % des entreprises se fixent des objectifs de réduction des émissions pour 2050 et 93 d'entre elles se sont engagées à atteindre des objectifs nets zéro, d'après Climate Impact Partners. Le Groupe de la Banque mondiale a établi un record en débloquant 31,7 milliards $ en 2022 pour aider les pays à lutter contre le changement climatique (+19 % par rapport à 2021). Et la Commission européenne salue, quant à elle, la nouvelle directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), qui a déjà eu un impact sur les pratiques de reporting de 50.000 entreprises dans l'UE.
Cependant, l'objectif d'une consommation mondiale neutre en carbone d'ici à 2050 va nécessiter une redistribution de capitaux et des investissements à hauteur de 1,7 milliards $ par an pendant plus de 20 ans (selon l'initiative Speed & Scale de John Doerr). Et si les budgets gouvernementaux ont une part de responsabilité importante, les capitaux privés ont eux aussi un rôle crucial dans la réalisation de ces objectifs. Les investissements dans les Climate Tech ont d’ores et déjà augmenté au cours de ces cinq dernières années, preuve d’une vague positive en cours. En 2017, le financement mondial de ces technologies représentait 12 milliards € et a atteint 70 milliards € l’année dernière. Il est fondamental que cette dynamique s’intensifie dans les années à venir.
Après avoir passé les 50 dernières années à construire ses fondations, le logiciel est maintenant à un point où l'on peut s'attendre à un impact accru sur la société dans son ensemble. La portée mondiale et les possibilités de lutte contre la crise climatique sont plus grandes que jamais. Les réglementations étant en place pour accélérer le mouvement, l'adoption est désormais à un point d’inflexion. D’ici quelques années, assurer des processus durables et suivre son empreinte climatique via des logiciels dédiés sera la norme.