Fresque du climat, learning expedition… Les initiatives pour faire émerger les consciences RSE se multiplient au sein des entreprises. Pour certaines personnes, c’est l’occasion aussi de réfléchir au sens et à l'impact de ses missions. Devenir consultant RSE : pourquoi pas moi ?
Après tout, pourquoi ne pas mettre à profit vos vingt années d’expérience et se lancer comme consultant en RSE ? Si l’intention est admirable, la réalité est bien plus nuancée.
Sens et impact sont-ils antinomiques ?
Un métier qui a du sens est-il forcément un métier à impact ? Prenons l’exemple d’une personne ayant un poste de direction dans un grand groupe de cosmétiques. Sensibilisée aux enjeux du développement durable, cette personne souhaite lancer un projet de réduction des emballages des produits. Elle présente alors son idée à sa hiérarchie, essuie un refus, adapte ses arguments en fonction des sensibilités de ses interlocuteurs… Elle fait du lobbying régulièrement autour d’elle pendant plusieurs mois.
Enfin, c’est gagné, le projet est lancé. Résultat :
- Impact du projet : fort.
- Sens de son métier au quotidien : inchangé
Cependant, cette même personne peut faire le choix de quitter son poste, et devenir consultante en RSE. Résultat :
- Sens de son métier au quotidien : fort
- Impact du projet : inconnu
Pour espérer avoir un impact fort comme dans le projet cité ci-dessus, elle devra attendre d’être sollicitée. En se positionnant comme consultante en RSE, sa capacité d’action serait bien plus réduite. En étant à l’extérieur du cœur business, son potentiel d’influence pour faire émerger ce type de sujet est limité.
Consultant en RSE : un champ d’action bien plus large ?
On pourrait argumenter qu’un consultant en RSE a de l’impact sur plusieurs entreprises en même temps.
Les chiffres et les tendances le montrent, Les dernières évolutions sur le marché du conseil laissent à penser que tous les signaux sont au vert.
Entre 2021 et 2022, 24 % des acquisitions réalisées par des cabinets de conseil en stratégie (rachats d’autres cabinets) concernaient du conseil en transformation RSE. Bain annonçait en 2021 vouloir former tous ses salariés au développement durable. Il est essentiel de voir au-delà des effets d’annonce du secteur.
Les sujets de RSE et développement durable sont largement médiatisés car ils participent à donner une image vertueuse de l’entreprise et des cabinets de conseil. De l’extérieur, on a donc une impression de véritable ébullition sur ce marché. Pourtant, en 2019, 55% des cabinets de conseil interrogés dans le cadre d’une étude OPIIEC constataient un très faible niveau d’exigence des acheteurs de prestations intellectuelles en matière de RSE.
Et pour 44 % des cabinets de conseil, le premier frein au développement d’une offre de conseil en RSE était l’absence d’attentes clients sur ces sujets. Si le marché évolue doucement, les opportunités de missions en RSE restent limitées.
Peut-on réconcilier sens et impact ?
Rejoindre une équipe RSE au sein d’un grand groupe semble une solution toute indiquée.
Pourtant, la marge de manœuvre des équipes RSE reste assez limitée. 61 % des grands groupes ont une équipe RSE inférieure à 5 personnes et 42 % des grands groupes ont un budget RSE annuel inférieur à 100.000 euros.
Ces chiffres illustrent bien que les objectifs RSE demeurent minoritaires par rapport aux objectifs commerciaux des entreprises. Et que combiner les deux approches semble complexe.
Faut-il sacrifier le sens pour l’impact ?
Sans parler de sacrifice ou renoncement, il est nécessaire de faire le point sur son objectif principal avant de se lancer dans une éventuelle reconversion.
Quitter un poste à responsabilité pour trouver plus de sens dans son quotidien est une décision personnelle. Regarder la réalité du marché en face permettra cependant d’éviter d’éventuelles désillusions, en matière d’impact, d’intérêt des projets et de rémunération.
En d’autres termes, dans l’état actuel du marché, les décideurs au sein de grands groupes ont un impact potentiel en matière de RSE majeur. A eux de décider s’ils souhaitent s’en saisir.