Depuis près de dix ans, Alexandre Mars s’attèle à mettre la philanthropie au cœur de son action entrepreneuriale. Cela s’est traduit notamment par le lancement de l’Epic Foundation, une structure qui se définit comme une "FaaS" pour "Foundation-as-a-Service", et de blisce/, un fonds d'investissement qui investit dans des startups alliant performance économique avec responsabilité sociétale et environnementale. Mais le multi-entrepreneur, qui a aussi lancé des entreprises, comme Phonevalley (vendue à Publicis) et Scroon (cédée à BlackBerry), n’est jamais à court d’idées. Preuve en est avec son nouveau projet, baptisé Infinite.
Derrière ce nom, se cache une initiative qui vise à œuvrer en faveur de l’égalité des chances. En effet, Infinite, qui se définit comme une "EdTech sociale", propose une solution de financement à destination des étudiants issus de milieux défavorisés. Pour créer ce projet, Alexandre Mars est parti d’un constat : "En matière d’injustice sociale, il y a deux moments où elle est très forte : à la naissance et à 18 ans. A la fin du lycée, il y a la problématique de financement pour aller dans certaines écoles. Le capital financier, c’est une énorme injustice." A ses yeux, cette injustice financière, et par ricochet sociale, est le symptôme d’une "méritocratie républicaine qui n’existe pas totalement". "Le principe de la méritocratie, c’est de pouvoir choisir le chemin que l’on veut choisir grâce à son travail. Aujourd’hui, elle toussote", résume-t-il.
"Les leaders de demain ne seront pas ceux d’hier"
Pour combler les lacunes d’une méritocratie défaillante, Alexandre Mars veut donc permettre aux élèves les plus brillants des milieux populaires de bénéficier d’un taux zéro sans garant, qui peut atteindre jusqu’à 45 000 euros sur 2 à 4 ans d’études. Le remboursement démarre dès lors que l’étudiant débute sa vie active. En effet, les bénéficiaires ont la possibilité de rembourser avec des mensualités fixes ou un pourcentage indexé sur leur salaire. "Le remboursement permettra de financer le prochain jeune", précise l’entrepreneur et philanthrope français. "Nous ne faisons pas de business avec ce service. Mon objectif, c’est de changer la trajectoire de ceux qui le méritent, pas de faire des milliards de revenus. Cette entreprise n’entrera pas au Nasdaq", ajoute-t-il. Dans ce sens, c’est donc une structure de fonds de dotation qui a été retenue.
Au-delà de permettre à des étudiants défavorisés de faire des études à la hauteur de leur potentiel dans des établissements partenaires, comme HEC et Polytechnique, Alexandre Mars veut qu’ils soient des modèles d’inspiration pour les communautés dans lesquelles ils évoluent. "Le principe de notre modèle, c’est de faire évoluer la reproduction sociale. Dans les meilleures écoles, il, faut une représentation de nos différences sociétales. Les leaders de demain ne seront pas ceux d’hier", assure le fondateur d’Infinite. Avec cette approche, il espère ainsi contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de leaders, plus représentatifs de notre société.
"Si on touche 10 % du marché, nous démontrerons que notre approche est systémique"
Avec son approche, la startup, qui se positionne en alternative aux prêts étudiants existants, espère à moyen terme accompagner entre 200 et 500 jeunes par an. "Entre 2 000 et 5 000 jeunes en France ne font pas les études qu’ils devraient faire, en raison d’un manque de financement. Si on touche 10 % du marché, nous démontrerons que notre approche est systémique", estime Alexandre Mars.
Si cette méthode fait ses preuves en France, sera-t-elle dupliquée à l’international ? "Nous allons d’abord nous occuper des jeunes Français, qui méritent et qui veulent faire des études partout dans le monde. Une fois qu’on aura montré que ce modèle fonctionne, on pensera à dupliquer cette réussite systémique ailleurs", indique l’entrepreneur.
Dans des pays où les frais de scolarité sont très élevés, notamment aux États-Unis, le modèle d’Infinite pourrait en effet avoir du succès. Mais avant de mettre les voiles à l’international, la société va d’abord enrichir son offre, avec du mentorat dès l’an prochain, en complément de son accompagnement financier. Une manière pour Alexandre Mars de contribuer à un retour de la méritocratie dans un système éducatif français de plus en plus critiqué.