En 2022, 57% des étudiantes et étudiants d’école de commerce et d’ingénieur jugeaient peu ou pas intéressant de mener carrière dans le Private Equity1. Un vrai enjeu pour une industrie qui a pourtant de nombreux arguments à faire valoir pour attirer les nouvelles générations dont elle a besoin pour mieux accompagner les entrepreneurs d’aujourd’hui.
Car depuis 30 ans le métier du Private Equity s’est considérablement transformé. Dans les années 90, si son impact en matière de transformation des entreprises était plutôt faible, le Private Equity a été un formidable révélateur et catalyseur du potentiel entrepreneurial français. Il bouleversait alors le financement des entreprises en France en libérant, grâce à une nouvelle ingénierie financière, le potentiel d’une nouvelle génération d’entrepreneurs sans argent, mais avec des projets, du talent et une énergie incroyable.
Même si le Private Equity se contentait alors essentiellement d’accélérer les business models existants, cette libération d’énergie a permis de donner une nouvelle ambition à beaucoup de PME et ETI. Et de faire émerger de nombreux champions.
Dans ce contexte, c’est l’esprit pionnier qui dominait et deux critères de recrutement primaient dans les sociétés de gestion : la nécessaire expertise financière bien sûr, associée à une certaine épaisseur individuelle - il fallait savoir inspirer confiance, être capable de dialoguer, négocier, influencer. Le milieu des années 2000 a changé la donne.
L’arrivée des startups et du digital associée à une baisse continue des taux et une plus large disponibilité des capitaux a redistribué radicalement la création de valeur. Le métier d’investisseur s'est modifié : il a fallu se doter d’une culture stratégique pour définir et mettre en œuvre des projets de transformation devenus plus impérieux, plus massifs et donc plus coûteux. En même temps que l’industrie est devenue plus mature, le métier s’est sophistiqué et le souffle entrepreneurial des débuts a progressivement fait place à une culture plus experte et plus technique.
Aujourd’hui, nous sommes à un nouveau tournant. L’expertise ne suffit plus, elle doit être mise au service d’une économie qui doit continuer à créer de la richesse en même temps qu’elle répond aux attentes nouvelles de la société, et avec elle des nouvelles générations de diplômés.
Les mutations écologiques, les enjeux technologiques, les bouleversements de notre rapport au travail sont autant de dominantes sur lesquelles les entreprises sont attendues de pied ferme et, avec elles, notre industrie. Avoir la capacité d’accompagner la transition écologique d’une entreprise, anticiper l’impact de l’intelligence artificielle sur son business model, comprendre les attentes des nouvelles générations vis-à-vis des organisations : voici des nouveaux fondamentaux sur lesquels le Private Equity doit relever son niveau d’exigence et attirer les talents en mesure de s’y confronter.
Un vrai défi au moment où ses besoins de recrutement sont inversement proportionnels à son attrait qui a donc tendance à reculer. Et où la concurrence avec d’autres secteurs est féroce.
Pourtant l’un des atouts majeurs du Private Equity – et finalement méconnu car peu valorisé par ses acteurs - est sa capacité à concilier sens et performance, de contribuer à la transformation positive du monde qui nous entoure. Les licornes, ce sont aussi et surtout ces PME et ETI exceptionnelles dans lesquelles nous investissons et que nous accompagnons. Elles s’appellent BCF Life Science, spécialisée dans les biostimulants élaborés à partir d’acides aminés, véritables alternatives aux produits phytosanitaires. Ou Praxedo, l’un des leaders mondiaux du logiciel de gestion des interventions terrain.
Dans toutes les régions de France, elles innovent, performent, créent de l’emploi et partent à la conquête du monde. On sait aujourd’hui que transition écologique ne réussira qu’au prix de 65 à 70 mds€ d’investissement par an d’ici à 2030 : le Private Equity y jouera un rôle majeur notamment par sa faculté à stimuler l’innovation et à accélérer la décarbonation des entreprises.
Le Private Equity doit répondre aux exigences d’une nouvelle génération " impact native " pour qui performance économique et intérêt général doivent marcher de pair. A nous de faire connaitre notre ambition et nos moyens, en promouvant davantage les success stories que nous avons financées, en produisant davantage de data sur notre impact social et environnemental direct et indirect, mais aussi en nous ouvrant à de nouvelles filières et à de nouvelles compétences, si nécessaires pour comprendre et appréhender les nouvelles complexités du monde d’aujourd’hui.