" Les industriels de l’agroalimentaire sont souvent confrontés à des problématiques de surstocks, y compris pour les matières premières. Sauf qu’aujourd’hui, il existe très peu de solutions de valorisation. La plupart du temps, ces fruits, légumes, viandes ou additifs sont incinérés ou détruits ", assure Tanguy de Cottignies. Pour sauver ces produits alimentaires, l’entrepreneur s’est associé à William Launay pour créer la société Stokelp. Ensemble, les deux cofondateurs cumulent 20 ans d’expérience dans l’agroalimentaire, où ils étaient spécialisés dans la gestion des approvisionnements. Leur idée : mettre en ligne “Leboncoin” pour les industriels de l’agroalimentaire, pour qu’ils puissent revendre des sacs de 20 kilos de viande ou de poissons prédécoupés, des courgettes en dés ou autres fruits et légumes prétransformés. " Sur notre marketplace, ils peuvent échanger des surstocks avec d’autres industriels ou avec des fournisseurs. Nous gérons toute la partie administrative mais aussi le négoce et la logistique. Beaucoup de produits sont surgelés, donc cela peut être contraignant ", détaille le dirigeant de la société.
Des fruits et légumes, de la viande et du poisson
Jusque-là, la seule alternative pour les acteurs de la chaîne alimentaire était de travailler avec des négociants indépendants. Des professionnels souvent spécialisés sur une seule typologie de produits. " Ce sont des métiers très spécifiques. Un négociant peut ne valoriser que du canard par exemple ", indique Tanguy de Cottignies, qui compte également ces acteurs pour clients et près de 2.000 industriels.
Pour développer sa solution, la société vient de réaliser une seconde levée de fonds. Elle a réuni 3 millions d’euros auprès de OneRagtime, AFI Ventures, Rothschild & co et Better Angle. Créée en 2021, la startup avait déjà réuni 500.000 euros en mars 2022 pour recruter ses équipes commerciales et tech et démarrer la construction de son produit. Cette fois, l’objectif est d’accélérer. " Nous voulons ajouter de nouvelles verticales à notre solution afin de permettre à nos clients de vendre des ingrédients comme de l’huile, de la farine ou des additifs et se diriger peu à peu vers une solution de trading ", indique le dirigeant.
L’idée est également d’intégrer de nouvelles fonctionnalités pour accompagner le financement des achats sur la plateforme. " C’est un marché où les prix sont très serrés, notre volonté est de soulager la trésorerie des industriels avec des solutions de paiement à 30 jours ou 90 jours. ". Dans le même temps, Stokelp envisage de mettre en place une " bourse des matières premières " et de collecter de la donnée stratégique pour ses clients afin qu’ils puissent se positionner sur des appels d'offres.
Cibler l’Allemagne, un des plus gros pays dans l’agroalimentaire
Enfin, la société envisage d’amorcer son développement à l’international. " 10 % de notre flux d’affaires se fait en dehors de France et nous souhaitons avoir une solution globale en Europe. Nous ciblons l’Allemagne en priorité car c’est un des plus gros pays dans l’agroalimentaire, avec la France. ". D’autant que les législations encadrant le négoce sont les mêmes à l’échelle européenne. La société, qui emploie 12 salariés, devrait quasiment doubler ses effectifs d’ici la fin de l’année. Et multiplier par six son chiffre d’affaires pour atteindre 20 millions d’euros en 2024.