D’origine suédoise, EQT Ventures est le fonds de capital-risque d’EQT Partners, un géant qui gère aujourd’hui 120 milliards d’euros, en investissant, à travers différents fonds, de l’amorçage au post-IPO, partout dans le monde. Depuis leurs bureaux de Stockholm, Londres, Berlin, Paris et San Francisco, les équipes d’EQT Ventures déploient aujourd’hui leur troisième fonds, levé en 2022. Maddyness a rencontré Rania Belkahia, partner au bureau de Paris.
Un fonds d’entrepreneurs
Diplômée de Telecom ParisTech et d'HEC Paris, Rania Belkahia a cofondé et dirigé Afrimarket, une plateforme de commerce électronique pour l'Afrique de l'Ouest francophone. En levant 20 millions d'euros, elle développe l'entreprise jusqu'à ce qu'elle compte plus de 250 employés et cinq filiales. En 2019, après un échec de financement, l’aventure Afrimarket s’arrête, et Rania saisit l’opportunité de rejoindre EQT Ventures pour ouvrir le bureau français.
À l’instar de Rania, les 50 personnes qui travaillent chez EQT Ventures, sont tous des anciens entrepreneurs ou des anciens opérateurs : "Nous avons tous été de l’autre côté de la table, cette posture plus empathique, nous place dans les meilleures conditions pour être de bons partenaires", déclare-t-elle. "Des dizaines d’entrepreneurs dans un fonds, ça stimule la création et l’innovation", ajoute-t-elle. Les équipes ont par exemple créé leur propre outil de sourcing basé sur l’Intelligence Artificielle, Motherbrain, qui regroupe une cinquantaine de bases de données internationales et repère les signaux faibles tels que le nombre de visites sur un site ou la croissance du nombre d’employés.
Stratégie globale et présence locale
EQT Venture déploie aujourd’hui son troisième millésime, un fonds de 1,1 milliard de dollars, presque 2 fois plus gros que les deux premiers. Le fonds investit à l’international, mais avec une approche locale. "Nous avons des bureaux dans les principaux hubs tech en Europe. C’est nécessaire d’avoir des équipes qui connaissent l’écosystème local", commente Rania Belkahia.
Toutes régions confondues, les équipes cherchent de futurs leaders internationaux, dans 4 secteurs en particulier : B2B, consumer, Fintech et la Climate tech. "Nous investissons en lead, de l’amorçage à la série B, des tickets allant de 3 à 30 millions, mais notre spécialité, c’est la série A avec des tickets entre 5 et 15 millions d’euros", détaille Rania Belkahia.
Une vingtaine d’investissements ont déjà été réalisés depuis le dernier fonds. "La majeure partie du fonds est encore à déployer. La période actuelle n’est pas simple, mais c’est dans ce genre de période que les entrepreneurs les plus ambitieux ressortent du lot et que les meilleures opportunités se présentent", partage Rania Belkahia.
Plus de 100 millions d’euros investis en France
Le bureau parisien, ouvert il y a trois ans, regroupe aujourd’hui huit personnes. "Nous avons dépassé la barre des 100 millions d’euros investis en France avec EQT Ventures", confie Rania Belkahia
"Quand on regarde 10 ans en arrière, on se dit qu’il y a deux mondes entre l’écosystème actuel et celui de l’époque. Aujourd’hui, la France présente de nombreux avantages. Elle a réussi à attirer des capitaux internationaux. En plus des formations de très bonnes écoles, on voit maintenant arriver une nouvelle génération d’alumni des scales up, qui se lancent à leur tour", partage-t-elle. "Autre point important, la France est un marché d’une taille suffisamment grande pour pouvoir construire et développer des entreprises à grande échelle", ajoute-t-elle.
Parmi les startups françaises du portefeuille, on retrouve notamment Luko, Verkor, The Exploration Company et Sifflet.