1,5 million de tonnes de déchets sauvages recensés par an en France selon un rapport de l’ADEME et un nombre estimé à 5 millions de tonnes en intégrant ceux qui échappent au recensement. " 95% des communes sont concernées par cette problématique qui porte autant sur les déchets des professionnels que des particuliers " complète Katrin Dimitrova, cofondatrice de Vizzia avec Alexandre Leboucher.
Avec la tarification incitative qui vise à encourager les consommateurs à réduire leur quantité de déchets, certaines communes constatent une augmentation des décharges sauvages. De leurs côtés, certains professionnels refusent de payer les taxes qui incombent au tri de leurs déchets. " Les peines peuvent aller jusqu’à 15 000 euros pour les particuliers et 150 000 euros pour les professionnels mais les montants sont fixés proportionnellement au délit constaté. Les responsables peuvent aussi se voir confisquer leur véhicule. "
Après avoir travaillé sur plusieurs projets d’analyse d’images, les deux passionnés de nature ont fait le lien avec les dépôts sauvages qu’ils constataient. " Ce problème existe aussi dans les villes mais passe plus inaperçu car les agents nettoient rapidement. Les collectivités dédient des agents à ouvrir les sacs pour retrouver les responsables. "
En réponse, Vizzia a développé un algorithme installé sur une caméra amovible, un dispositif autonome capable de détecter les dépôts sauvages.
" La caméra ne filme pas en permanence, juste quand elle détecte un dépôt sauvage. "
Un impact positif
Pour installer le système, Vizzia travaille en collaboration avec les agents municipaux pour cartographier les points de nettoyage les plus problématiques. " En ville, cela peut être les habitants d’un quartier qui ont pris une mauvaise habitude parce que la ville nettoie systématiquement. " En identifiant les motivations des usagers, la collectivité peut ouvrir le dialogue et agir en installant par exemple un point d’apport volontaire. La startup a déjà accompagné une quinzaine de villes dans lesquelles sont installées entre un et cinq dispositifs.
" En moyenne, après cinq mois, le dispositif Vizzia engendre une baisse de 80% du dépôt sauvage, ce qui représente une économie annuelle 80 000 euros pour la collectivité. " L’entreprise, qui collabore avec deux laboratoires de recherches dont le CNRS, souhaite désormais se déployer en France et finalise une levée de fonds de 3,4 millions d’euros auprès de Sistafund et Made for All, investissent aux côtés de business angels.
" Après avoir beaucoup travaillé sur la technologie, nous voulons finir de l’améliorer mais surtout agrandir notre équipe commerciale et marketing. "
Vizzia prévoit ainsi une dizaine de recrutements d’ici la fin d’année 2023 avec l’ambition d’avoir un impact positif à la fois environnemental et sociétal.