Il y a quatre ans maintenant, Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de la toute jeune startup Pony créée en 2017, affirmait vouloir " prendre le temps de grossir lentement ". Une position surprenante dans un secteur du free floating en plein essor avec une stratégie plus tournée vers l’hyper croissance. Pourtant l’avenir lui a donné raison.
Alors que les déboires s’accumulent pour beaucoup d’acteurs avec de pertes colossales comme à Paris par exemple, l’entreprise française de trottinettes et vélos en libre-service vient d’annoncer une nouvelle levée de fonds de 6 millions d'euros auprès d’Épopée Gestion et de ses investisseurs historiques Demeter Investment Managers et Aquiti Gestion.
L’opérateur de mobilité partagé le plus important en France
La startup angevine a donc pris le temps de grandir pour devenir l’opérateur de trottinettes et vélos partagés le plus important en France. Pony a gagné 9 des 12 appels d'offres auxquels elle a répondu et est désormais présente dans 15 villes comme Bourges, Lorient, Liège ou encore Poitiers. Elle compte désormais 500.000 utilisateurs uniques, avec un chiffre d'affaires multiplié par 10 depuis 2019. Rien que sur Angers, ils sont 40.000 usagers à utiliser ses services, soit un habitant sur quatre, pour environ 3.000 à 5.000 trajets chaque jour !
La mobilité douce à coût 0 pour la collectivité
Ce n’est qu’un début car : " avec la loi mobilité et la pandémie, de nombreux projets ont pris du retard mais avec la problématique grandissante de la mobilité urbaine et la perspective des élections municipales en 2026, les appels d'offres s’accélèrent ", souligne Paul-Adrien Cormerais. Son conseil ? " Y aller sereinement car un projet de transport, c’est du temps long. À Paris, les opérateurs n’étaient pas prêts, avec une qualité de service défaillante et une réglementation pas au point. Or, le free floating apporte une vraie valeur ajoutée dans les territoires en complétant l’offre de transport existante et permet de dynamiser la mobilité douce à un coût 0 pour la collectivité ! ".
L’originalité du modèle économique participatif
Le secret de la startup, c’est tout d’abord son modèle économique participatif unique, nommé Adopt a Pony. Chaque vélo et trottinette disponible en libre-service appartient à un habitant qui récupère une partie des gains générés à chaque trajet. Pony s’occupe de toute l’exploitation : la logistique, la recharge et l’entretien. Cela permet de responsabiliser les usagers. Par ailleurs, Pony fabrique ses propres véhicules, dont des vélos à assistance électrique deux places pour accueillir un passager, avec des batteries réparables et réutilisables de la startup bordelaise Gouach. " La qualité du matériel est essentielle, car il est impossible d’avoir un service rentable si le taux de casse est supérieur à 4 % ", précise Paul-Adrien Cormerais.
La relation privilégiée avec les villes
" Il faut aussi savoir s’insérer harmonieusement dans l’offre de transport des villes, leurs infrastructures, et développer une offre de parking dense qui est un peu le nerf de la guerre pour éviter que les vélos ou trottinettes ne soient laissés n’importe où ", ajoute-il. D’où des relations privilégiées à construire dans le temps avec les villes pour respecter l’espace public, anticiper les temps longs de déploiement et monter en puissance progressivement. C’est ce que permettra cette augmentation de capital, en plus de consolider ses travaux de recherche et développement, notamment sur la conception de son propre vélo électrique, et d’entamer une stratégie de rapatriement de sa production en Europe.