Longtemps opposés, les mondes de l’industrie et de la tech sont pourtant voués à converger. C’est le principe de l’Industrie 4.0, une nouvelle révolution industrielle qui place la technologie au service de la réorganisation des moyens de production. Au cœur de ce virage industriel, le startup studio OSS Ventures aide ces deux mondes à se comprendre et à unir leurs forces.
Reconnecter la tech et l’industrie
C’est en 2019 que Renan Devillieres a créé OSS Ventures, aux côtés de Michaël Valentin et Charles Bouygues. Ce passionné de mathématiques, fasciné depuis sa tendre enfance par le secteur industriel et ses usines, souhaitait rapprocher le monde de l’industrie et celui des startups. Après l’exit réussi de sa première entreprise, il décide donc de créer un startup studio spécialisé : "L’industrie représente 20 % du PIB mondial, mais seulement 0,7 % des startups s’y consacrent. Il y a plein d’entrepreneurs de bonne volonté, mais ce monde est complexe", commente Renan Devillieres, CEO et cofondateur d’OSS Ventures.
"C’est un peu moins vrai aujourd’hui, mais en 2019, quand on a créé OSS Ventures, le monde de la tech était complètement déconnecté des usines. J’aime la tech et j’ai travaillé pour des sites industriels. J’ai la chance d’avoir côtoyé les deux mondes", explique Renan Devillieres. Des compétences non négligeables pour connecter deux univers longtemps restés hermétiques. "Il y avait une sorte de schizophrénie dans l’industrie. D’un côté, on utilisait des machines avec des technologies hardware très avancées. De l’autre, l’informatique était restée bloquée dans les années 70", confie Renan Devillieres.
Co-créer des solutions tech pour les Usines 4.0
Début 2022, le gouvernement français a annoncé un programme d'investissement dans l'industrie pour encourager la réindustrialisation et la relocalisation. OSS Ventures entend contribuer à ce projet en digitalisant l’industrie pour lui permettre de s’adapter aux nouveaux marchés, notamment par la captation, la structuration et l’exploitation de datas.
Chaque membre de l’équipe visite plusieurs usines par semaine, pour identifier et faire remonter les problèmes du terrain. Quand plusieurs usines remontent un même problème et que la solution n’existe pas, OSS Ventures recrute un fondateur, co-crée une startup et commence à plancher sur la solution. "Nous avons 500 candidatures par an pour les postes de cofondateurs. Nous lançons 4 boîtes par an et en recrutons donc une dizaine. On cherche avant tout un savoir-faire technologique et une capacité à scaler. Plus de 60 % des fondateurs ont déjà monté une entreprise.", détaille Renan Devillières.
Le startup studio conserve 25 % des parts de chaque société et mobilise son réseau d’usines, ses investisseurs, ses équipes et ses ressources pour offrir des débouchés rapides à la startup. Pour des sociétés un peu plus matures qui cherchent à lever, OSS Ventures a créé un fonds d’investissement qui injecte des capitaux, aussi dans des entreprises externes. 4 investissements de ce type ont été réalisés avec des tickets allant de 100.000 à 500.000 euros.
La technologie au service des progrès sociaux et environnementaux
OSS Ventures a par exemple co-créé Mercateam, un Learning Machine System (LMS), qui permet de gérer, valoriser et transmettre les compétences des opérateurs dans les usines. "Aujourd'hui, l’industrie fait face à un énorme problème. Plus de la moitié des ouvriers ont plus de 55 ans. Pour ne pas perdre les compétences, il faut s’organiser, créer des contenus de formation pour les futures générations et piloter les départs à la retraite. Avec Mercateam, les usines peuvent produire 40 % de formation en plus et le temps d’onboarding des nouvelles recrues a diminué de 30 %", détaille Renan Devillières.
Autre exemple, celui de Fabriq, un écran tactile qui vient remplacer les tableaux blancs pour le suivi des indicateurs de performance. Grâce à cette solution, OSS Ventures revendique 30 % de gain de temps à la résolution des problèmes, et 5 à 10 points de gains de productivité.
En plus d’améliorer la qualité du produit et la productivité, ces usines intelligentes permettent d’améliorer les conditions de travail des ouvriers et de prendre en compte la crise climatique. "Nous voulons créer des modèles de sociétés cohérentes avec ce qui est produit. Comme Ford, qui voulait que ses ouvriers puissent s’offrir ses voitures", partage Renan Devillières. Contre le dumping social et environnemental, il croit en un modèle plus productif qui prend soin des sociétés et des gens. "Ce n’est pas en revenant aux méthodes du passé qu’on pourra créer cela, mais bien en intégrant le software", poursuit-il.
"En moins de quatre ans, nous avons créé et soutenu 12 entreprises, qui ont permis de créer plus de 300 emplois à travers l’Europe. Nos solutions ont été déployées dans 1.080 usines", conclut Renan Devillières.