Même si de nombreuses défaillances d’entreprises d’envergure (Pimkie ou Camaieu par exemple) noircissent le tableau, l'écosystème entrepreneurial est résilient, et la proportion de création d’entreprise est globalement stable.
Un écosystème entrepreneurial qui continue à se développer
" La situation actuelle est en demi-teinte, grâce à l’année 2022 qui était une année record en termes de création d’entreprise ", observe Ludivine Baud, DG France de Qonto. " Sur 2023, on observe un ralentissement de la création d’entreprises en janvier, mais beaucoup d’entreprises se disent prêtes à investir. Les raisons qui poussent à entreprendre (liberté, autonomie, quête de sens, …) sont toujours aussi présentes. La situation économique reste donc crispée par la hausse des prix de l’énergie, le Covid, la guerre, … mais nous observons de bons signaux. ".
Des disparités sont néanmoins à noter sur ce point. Ainsi, les entreprises à impact tirent leur épingle du jeu et attirent de plus en plus d’entrepreneurs. " Avec notre mapping des startups à impact, nous remarquons aussi que les entrepreneurs se tournent massivement vers l’impact environnemental et sociétal ", affirme Maya Noël, DG de France Digitale. " Fin 2022, nous avons cartographié 1.074 startups à impact soit +28 % de création et d’identification en 1 an et 30.000 emplois générés à travers toute la France. ".
Qui plus est, sur le territoire, 50 % des startups créées en France sont créées en dehors de la région parisienne (baromètre EY x France Digitale). De vrais pôles régionaux ont su démontrer leur attractivité, comme Lyon, Marseille, Bordeaux ou Nantes. Pourtant, malgré cet attrait régional, les investissements en capitaux ont encore du mal à migrer vers les régions. " Les startups [créées en dehors de la région parisienne] n’attirent aujourd’hui que 20 % des capitaux lors des levées de fonds " , rappelle Maya Noel, DG de France Digitale. " C’est pour combler ce fossé que nous organisons chaque année notre FDTour, un tour de France où nous embarquons une dizaine de fonds d’investissement à la rencontre d’une cinquantaine de pépites régionales dans chaque ville. Ainsi, le 1er février nous étions à Bordeaux et nous poserons nos valises à Nantes en mai. ".
2023, l’année des nouveaux défis
Trois problématiques principales semblent noircir le tableau de l’entrepreneuriat en 2023. Il s’agit de la hausse des coûts, les problématiques de financements ainsi que celle du recrutement. " Nous observons une certaine résilience des entrepreneurs, malgré les difficultés ", précise Ludivine Baud, DG France de Qonto. " Si 44 % des auto-entrepreneurs sentent les coûts financiers sur le sujet énergétique, 51 % des TPE-PME se disent toujours prêts à investir. Le recrutement reste une problématique pour beaucoup, du fait de la pression sur les salaires et des secteurs où certains métiers sont plus rares. Les problématiques de la digitalisation occupent toujours la même part, autour de 30 % des clients. L'enjeu auquel on croit beaucoup est celui du contrôle des dépenses. Les entrepreneurs sont plus précautionneux sur les sujets de rentabilité ".
A titre de comparaison, selon le baromètre annuel EY x France Digitale, près de 98 % des répondants prévoyaient de nouveaux recrutements en 2022. Pourtant, pour 60 % d’entre elles, le recrutement était de loin le premier défi à relever sur les 10 prochaines années. Afin de répondre à cette problématique, les startups sont nombreuses à se tourner vers l’étranger, puisque 13 % des profils provenaient d’un autre pays.
" Le recrutement est le premier défi des entreprises pour avancer ", confirme Maya Noel, DG de France Digitale. " Pour aider à identifier et recruter les bons talents, nous avons mis en place un Mercatech, une plateforme qui permet aux talents dans l’écosystème (et au-delà) de trouver leur prochaine aventure en startup. Nous partageons aussi chaque semaine des profils qualifiés à notre réseau et organisons dans l’année des Talent Fair pour faire rencontrer recruteurs et talents. La prochaine aura lieu le 29 mars à Station F pendant notre FD3 et sera spécialement dédiée aux enjeux Deeptech (IA et Data notamment).".
En ce qui concerne l’obtention de financements, les banques et les investisseurs ont tendance à accorder moins de capitaux, ou des conditions moins favorables. Les associations d’entrepreneurs et les acteurs de l’écosystème travaillent donc sur cette problématique. " Afin d’accompagner les entrepreneurs dans leur obtention de financements, nous avons développé chez Qonto une solution afin d’obtenir de demander rapidement et facilement des financements de 500 euros à 20 millions d’euros. Nous travaillons avec 4 partenaires qui disposent chacun de leur propre spécialité (financement traditionnel, revenu based financing, …) afin de pouvoir répondre à tous les besoins. ".
L’association France Digitale, quant à elle, a choisi de répondre à ce besoin par l’organisation de milliers de rencontres annuelles entre entrepreneurs et fonds d’investissement (business angels, VCs et CVCs) partout en France. L’objectif est ainsi de créer des ponts avec les acteurs stratégiques corporate et entre scale-up pour créer de nouvelles opportunités de financement.
L’année 2023 sera-t-elle donc celle d’un entrepreneuriat efficient, conscient des efforts d’optimisation financière à réaliser ? Certainement : plus que de dépenser, il est désormais encore plus nécessaire de mieux dépenser. Maya Noël en est persuadée : " En 2023 l’entrepreneuriat rimera avec impact, rentabilité et deeptech avec des entrepreneurs qui vont continuer d’innover pour changer le monde et répondre aux grands enjeux sociétaux, économiques et environnementaux des prochaines années.".