Les informations sont rares sur le discret Jacques Simonnet. Il est pourtant le fondateur de Xerys Invest, un fonds d’investissement qui gère aujourd’hui 330 millions d’euros. Le fonds investit dans des secteurs tels que la santé, la GreenTech ou la CleanTech. Maddyness a rencontré Jean-Benoît Romon, Directeur du développement chez Xerys Invest.
Une logique inhabituelle
Xerys Invest a reçu l’agrément AMF en 2014, mais c’est dès 2010, que Jacques Simonnet, entrepreneur à succès, a commencé à investir. D’abord à titre personnel, puis l’histoire s’est professionnalisée, et le fonds gère aujourd’hui 330 millions d’euros, dont 110 millions levés entre 2021 et 2022.
Alors que la logique traditionnelle veut que l’argent soit levé puis déployé, Xerys adopte une démarche contraire.“Nous fonctionnons avec une approche assez originale. Plutôt que de lever de l’argent puis investir, nous trouvons d’abord les sociétés dans lesquelles nous voulons investir, puis nous réalisons un tour de table pour collecter l’argent nécessaire”, explique Jean-Benoît Romon. 100% du capital est donc immédiatement déployé.
Les investisseurs, qui sont des Family Offices ou des investisseurs privés, peuvent investir via un fonds evergreen, soit dans un compartiment qui mutualise les différentes participations, soit dans un compartiment pour une société en particulier. “Avec ce modèle, on peut vraiment donner accès aux particuliers à des investissements de qualité dans le private equity”, commente Jean-Benoît Romon.
Financer des startups durant toute la phase de croissance
Les investissements se concentrent sur la France, sur les secteurs de la santé et du développement durable avec la GreenTech et la CleanTech. Le fonds s'intéresse aux startups avec des propriétés intellectuelles fortes et un potentiel de développement international.
Les startups sont financées durant toute la phase de croissance, “Nous accompagnons les entreprises juste après la phase d’amorçage et sur des périodes de six à huit ans”, indique Jean-Benoît Romon. ”Nous finançons donc chaque année les mêmes sociétés pour éviter des ruptures de capital avec des tickets très importants pour des petites PME françaises, de l’ordre de 15 à 90 millions d’euros”, ajoute-t-il.
Grâce à un réseau d’experts financiers et de scientifiques, Xerys accompagne de près ses startups.“Nous sommes devenus majoritaires dans la plupart des sociétés que nous avons en portefeuille. Nous siégeons aux conseils d’administrations et nous aidons stratégiquement nos startups grâce à un comité d’experts sectoriels”, commente Jean-Benoît Romon. “Nous pouvons nous permettre cela, car contrairement à beaucoup de fonds, nous n’avons pas une approche probabiliste du capital investissement. Notre philosophie est vraiment de se concentrer sur peu de sujets”, ajoute-t-il.
Un portefeuille ultra-concentré
En effet, les calculs sont rapidement faits, le portefeuille est extrêmement concentré, avec cinq participations à date. Une concentration qui peut créer de belles histoires pour les investisseurs, mais qui n’est pas sans risque. À ce jour, Xerys affiche un multiple net investisseur remarquable, mais compte un échec, avec la faillite de Herow.
Parmi les plus belles réussites de Xerys Invest, on peut citer Biolog ID. Cette société française est en lice pour être, avant l’été, la douzième société française de l’histoire à rentrer au Nasdaq sur une valorisation de 312 millions d’euros de dollars. La société qui développe des solutions de gestion et de traçabilité des produits thérapeutiques sensibles (poches de sang, plasma et de chimiothérapie) a annoncé il y a quelques mois un accord de fusion avec le SPAC Genesis Growth Tech Acquisition Corp.
Dans le portefeuille actuel, on trouve également Skytech, qui sépare et recycle les polymères plastiques complexes de déchets pour en faire des résines premium, prêtes à l’usage pour les industriels. La société qui est passée à l’échelle industrielle en 2021, ambitionne de devenir le leader européen de la séparation des polymères plastiques complexes, et prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros d'ici 2030.