À l’heure des enjeux climatiques, nombreuses sont les startups qui tentent de développer des alternatives durables à des produits polluants en utilisant les principes de l’économie circulaire. Le but : challenger un modèle économique linéaire consistant à fabriquer, consommer et jeter, au profit d’un modèle circulaire intégrant l’entièreté du cycle de vie d’un produit, de son éco-conception, à sa consommation sans gaspillage, jusqu’à sa fin de vie et la gestion de ses déchets. Mais si les idées ne manquent pas, comment passer d’un prototype à une mise sur le marché réussie ?
Pour certains, le passage à l’échelle de leur solution a pu être un véritable challenge. " Et ça l’est encore ", admet Alexandre Bloch, coordinateur du développement durable chez BeFC. Lancée en mai 2020, l’entreprise a mis au point une solution développée par le CNRS : une pile écologique à base de papier et d’enzymes. “Celle-ci n’est composée d’aucun plastique, d’aucun métal, elle est compostable et recyclable. Destinée aux industriels, la pile est adaptée pour répondre à leurs besoins.” Si la technologie est bien réglée, le passage à la production de masse est toujours en cours pour espérer une mise sur le marché en 2024.
Actuellement, BeFC a la capacité de produire 1.000 piles par jour, l’objectif étant d’atteindre le million quotidiennement. Pour cela, il est nécessaire de trouver ou d’inventer l’outil de production adéquat. “Impossible donc, en tant qu’innovation de rupture, de se rendre dans un magasin pour demander une machine à fabriquer des piles en papier”, ironise Alexandre Bloch. Cette difficulté concernant la production de masse est l’un des freins au passage à l’échelle de leur solution. S’ajoute à cela la nécessité de “respecter les valeurs initiales des quatre fondateurs” tout en s’engageant dans un projet durable pouvant être industrialisé en ayant le moins d’impact possible sur l’environnement.
Bénéficier de l’accompagnement Citeo
C’est notamment pour cela, et parce que “l’une de nos forces est de connaître nos faiblesses”, que BeFC a décidé de participer au Circular challenge de Citeo. Programme d’open innovation, le Circular challenge vise, depuis 2015, “un accompagnement long des projets de prévention, éco-conception, tri, collecte, réemploi, et recyclage sur la chaîne de valeur des emballages ménagers et papiers”. Depuis sa création, 1.650 projets prônant l’économie circulaire ont été identifiés parmi lesquels BeFC. Et Alexandre Bloch l’assure : “Si c’était à refaire, on le referait mille fois”. L’accompagnement personnalisé et les journées d’accélération ont permis à BeFC d’avancer notamment sur les questions de matériaux mais aussi de législation. Concernant l’industrialisation, “notre produit ne sera sans doute pas parfait mais le programme avec Citeo nous a permis de savoir ce que l’on pouvait améliorer dès maintenant”.
Grande gagnante de l’édition 2018, la startup Lactips a elle aussi bénéficié des conseils de Citeo. Identifiée comme une solution innovante, Lactips fabrique un matériau thermoplastique 100% biosourcé, à base de protéines de lait, et totalement biodégradable. Créée en 2014, l’entreprise a récemment inauguré son premier site de production capable de fabriquer 1.500 tonnes de granulés. Ce plastique sans plastique peut être utilisé dans le domaine de la papeterie ou de la plasturgie. “Avant Citeo nous avions également défini le fait de pouvoir intervenir dans le domaine du packaging papier. Avec Citeo on a compris comment fonctionnait le marché, et comment on pouvait s’immiscer dans le domaine de l’emballage multicouches”, explique Charlène Beal-Fernandes, chargée de communication chez Lactips.
L’emballage multicouches que l’on peut retrouver dans les barres de chocolat par exemple : “Notre solution vient en remplacement d’un papier composé d’un film plastique pour conserver l’aliment, éviter les fuites de graisse et souder le packaging”.
Ne pas “déplacer le problème”
Si l’équipe de Lactips avait une idée du chemin à parcourir pour passer à l’échelle, cela n’en est pas moins resté un challenge. “En tant que Deeptech, nous avions déjà un ADN environnemental très fort mais il fallait ensuite réussir à industrialiser notre solution.” L’accompagnement de Citeo a ainsi permis de développer des projets, d'identifier de nouvelles opportunités commerciales et industrielles mais surtout de “bénéficier de la notoriété et du réseau de Citeo et ainsi de faciliter notre intégration dans le domaine du packaging”.
Et ce n’est pas BeFC qui contredira cela car leur participation au Circular challenge leur a également permis de “gagner en visibilité et d’attirer les talents”.
Si le programme a su leur donner des clés pour affronter l’étape de la concrétisation de leur projet, les startups ne perdent cependant pas de vue que les enjeux du passage à l’échelle sont cruciaux. “On peut tout à fait se rater en pensant avoir un produit durable mais dont le cycle de vie serait finalement plus large. Dans ce cas, on aurait juste déplacé le problème”, alerte Alexandre Bloch. Pour éviter de tomber dans ce piège, il conseille d’adopter “une vision la plus globale possible dès la création du produit. Cela facilite notamment le passage à l’échelle et permet de ne pas se rendre compte plus tard que l’on aurait pu faire mieux”.
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