Céline Lazorthes, c’est le symbole du succès de l’entrepreneuriat des jeunes. Après deux années en classe préparatoire de l’école d’ingénieur EPITA, elle poursuit ses études vers un master à l'Institut Internet et Multimédia (IIM) du pôle universitaire Léonard-de-Vinci en 2003, puis un master à HEC Paris en 2007 : " Je n’avais pas nécessairement l’objectif d’entreprendre. En revanche, je voulais mener des projets, rester libre dans mon quotidien, dans ce que j’ambitionne ", confie-t-elle. Le projet de sa vie naît d’un simple week-end d’intégration. Durant l’organisation de l’événement, Céline Lazorthes réalise qu’il n’existe aucun moyen de mettre en commun de l’argent en ligne, aucun système de cagnotte. L’idée ne la quitte plus. Elle crée alors Leetchi en pleine crise économique. Les débuts sont difficiles : " Quand on est à peine diplômé, on n’a ni le réseau, ni les compétences, ni les moyens financiers pour créer une startup. Je ne m’étais pas trop posé de question, je me disais ‘je vais essayer et on verra bien’. "
" Comprendre qui j’étais "
Sa persévérance est récompensée. La cagnotte en ligne Leetchi voit le jour en 2009. Un nom de fruit punchy et facile à retenir à l’image d’Apple ou d’Orange. Et ça marche ! On retient bien ce nom et celui de sa fondatrice : en 2013 Céline Lazorthes est classée première des cent personnalités qui font le web en France dans la catégorie " entrepreneur du moment ". Cette année-là, elle crée Mangopay, une solution de paiement sur internet pour les marketplaces, plateformes de crowdfunding et Fintechs. L’année suivante, elle est élue femme d’affaires de l’année et reçoit le prix Veuve Cliquot, puis en 2016, on lui dédie le prix Napoléons de la personnalité féminine innovante de l’année. Leetchi grandit, touche l’Angleterre et la zone Euro. Mais la belle " aventure humaine, professionnelle et personnelle " s’achève en 2015 lorsqu’elle cède Leetchi au groupe Crédit Mutuel Arkéa. " De la création à la revente, c’est un cercle de vie de plus d’une dizaine d’années qui a pris fin. "
A la naissance de son fils en 2019, Céline Lazorthes pense son aventure entrepreneuriale terminée. " Après avoir consacré onze ans de ma vie à Leetchi-Mangopay je voulais prendre du temps pour comprendre qui j’étais. " Business angel connue dans le monde de l’entrepreneuriat français, elle soutient notamment Frichti, Yuka et Le Slip Français, par " curiosité " et comme " une sorte de give back à l’écosystème ". Elle lance également le mouvement Sista avec Tatiana Jama pour encourager l’égalité femmes-hommes dans le financement de projets : " Je n’avais jamais réalisé qu’être une femme pouvait me pénaliser lors des levées de fonds. Mais en effet, les questions posées à une femme sont bien souvent différentes de celles adressées aux hommes. "
Se consacrer à la santé
Le goût de l’entrepreneuriat la rattrape rapidement en 2021. En pleine crise du Covid-19, elle crée le collectif Protège ton soignant qui regroupe des centaines d’entrepreneurs et artistes unis dans un même but : apporter une solution au manque de matériel médical dans les hôpitaux. Et comme les contextes de crise lui ont prouvé qu’ils peuvent être un bon moment pour entreprendre, Céline Lazorthes lance Résilience, une application de télésurveillance dédiée aux personnes atteintes du cancer. Le domaine de la santé n’est pas un hasard, Céline Lazorthes vient d’une famille de trois générations de médecins. " Chez moi, j’ai toujours vu tout le monde consacrer sa vie à l’hôpital, aux autres et à protéger et enrichir le système de santé. "
Cette fois, elle n’est pas seule et profite de la complémentarité de son associé Jonathan Benhamou, créateur de PeopleDoc. De plus, l’application se crée en partenariat avec l’institut Gustave Roussy, 5eme meilleur hôpital de cancérologie au monde. " Nous digitalisons le parcours du patient lorsqu’il est suivi à distance. L’oncologue lui prescrit Résilience. Une fois par semaine, le patient reçoit un questionnaire à remplir pour transmettre son état de santé et les effets des toxicités induites par les traitements à l’équipe de soin ", explique-t-elle. Résilience s’appuie sur des travaux de chercheurs ayant prouvé l’impact thérapeutique de la télésurveillance. Le patient est ainsi mieux accompagné, moins isolé et profite d’un parcours personnalisé et humain. Résilience est désormais utilisé dans une vingtaine de centres anti-cancérologie et environ 1.000 patients l’utilisent. " Nous continuons de développer nos services, notamment des thérapies comportementales digitales". L’ambition est désormais de devenir un modèle naturel pour accompagner les patients en Europe d’ici 2023, à travers ces trois valeurs : " confiance, unité, excellence ".