14 septembre 2022
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Temps de lecture : 5 minutes
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SparingVision lève 75 millions d'euros pour ses thérapies géniques en ophtalmologie

SparingVision passe la seconde. La BioTech parisienne, spécialisée dans les traitements génomiques en ophtalmologie, lève 75 millions d’euros en série B. De quoi développer son portefeuille de produits, dont les premiers entreront en essai clinique fin 2022.
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L’actu

Le développement des traitements ophtalmologiques de SparingVision s’apprête à monter en puissance. La BioTech parisienne annonce, ce mercredi 14 septembre, avoir bouclé un tour de table de 75 millions d’euros avec l’appui de Jeito Capital, UPMC Enterprises, Ysios Capital, 4BIO Capital, Bpifrance et RD Fund. Une somme qui doit notamment garantir que l’essai clinique de son produit phare, le SPVN06, sur l’Homme, ira à son terme. Ce dernier permet de lutter contre la rétinite pigmentaire, une atteinte génétique dégénérative de l’œil se caractérisant par une perte progressive et graduelle de la vision évoluant vers la cécité. "Il nous reste beaucoup d’argent de la levée de fin 2020, assure à Maddyness Stéphane Boissel, directeur général de la startup, qui a intégré l’indice gouvernemental French Tech 120 au printemps 2022. Nous avançons sur les aspects réglementaires, mais il nous fallait sécuriser le financement nécessaire au bon déroulement de notre étude clinique, qui doit débuter fin 2022 et devrait déboucher sur une mise sur le marché en 2028."

Le contexte

La technologie de SparingVision émane de l’Institut de la Vision. "C’est le fruit d’un travail de recherche de 20 ans, sous l’égide de José-Alain Sahel [un éminent ophtalmologiste qui a fondé plusieurs entreprises au fil des ans, N.D.L.R.]. Cette thérapie génique permet de traiter des cas différents, car elle ne vise pas de mutation spécifique" , explique Stéphane Boissel. Autrement dit : cette particularité constitue l’avantage de son entreprise face à la concurrence, dont les solutions ciblent le plus souvent une population trop petite pour être viables commercialement. À en croire le directeur général, pas moins de 70 gènes et 200 mutations différentes peuvent causer l’apparition d’une rétinite pigmentaire. Deux millions de personnes seraient concernées et jusqu’à 10 millions, si le facteur du vieillissement est pris en compte. "130 000 à 150 000 personnes en sont atteintes en Europe, dont 40 000 en France. Aux États-Unis, on estime que c’est 100 000 à 130 000 individus."

La techno

Le traitement s’administre par le biais d’une injection sous-rétinienne. "La procédure se déroule en ambulatoire, aucune hospitalisation n’est requise" , indique Stéphane Boissel, qui indique que les évaluations qui auront lieu à partir de la fin 2022 permettront d’affiner le protocole. L’essai clinique aura lieu concomitamment dans deux établissements : l’un aux États-Unis et l’autre en France – le Centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts, à Paris. Suivant un schéma classique, une vingtaine de patients seront recrutés dans le cadre de la première partie de l’étude. Le dirigeant avance que, selon les données préliminaires, "plusieurs décennies d’efficacité sont attendues". "Il ne s’agit pas de restaurer la version perdue, mais bien de la stabiliser en prévenant la dégénérescence des cellules" , insiste-t-il, indiquant qu’il est donc préférable de "traiter le plus tôt possible". SparingVision rappelle que de précédentes études ont établi que les personnes souffrant de rétinite pigmentaire perdent, "en moyenne, de 3 à 6 % de leur acuité visuelle par an".

Ce à quoi va servir cette série B

SparingVision n’avait, en 2020, qu’un seul produit en cours de développement. SPVN06 a fait du chemin et s’apprête à passer un grand cap avec l’essai clinique sur l’Homme, dans l’espoir d’améliorer les conditions de vie des personnes atteintes de rétinite pigmentaire. Ce traitement a vocation à s’inscrire dans une gamme plus large de produits de médecine génomique en ophtalmologie. "Nous avons, à date, un potentiel de six produits pour traiter des pathologies comme la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) ou les maladies héréditaires de la rétine" , indique Stéphane Boissel, précisant avoir pour objectif de lancer "un nouvel essai clinique tous les deux ans". Un traitement complémentaire à SPVN06, nommé SPVN20, devrait ainsi entrer en essai clinique en 2024. La BioTech espère des résultats intermédiaires et une mise sur le marché concomitants, en 2025 puis 2028. Les fonds visent aussi à financer les recherches relatives au candidat-médicament SPVN50, développé en lien avec Intellia Therapeutics dans une indication oculaire non dévoilée.

Alors que la conjoncture est défavorable en matière de financement, SparingVision assure se réjouit d’avoir levé la "belle somme" de 75 millions d’euros… et sait pertinemment que la nature de son activité la conduira à se refinancer dans les prochaines années. "Nos dépenses de R&D, qui est largement externalisée, sont supérieures à dix millions d’euros par an" , avance Stéphane Boissel, précisant que l’entreprise ne dégagera pas de chiffre d’affaires tant que ses produits ne sont pas commercialisés. La BioTech dispose de deux sites, l’un à Paris et l’autre à Philadelphie (Etats-Unis) – un "cluster en matière de thérapie génique et d’ophtalmologie qui permet de trouver et garder des talents facilement" , selon elle. Celle qui emploie quelque 35 employés, principalement des chercheurs gestionnaires de projets, devrait rapidement doubler ses effectifs dans le but de gérer le développement de six traitements distincts de front. "Le centre névralgique de l’entreprise restera à Paris, mais les trois quarts des prochains recrutements se feront outre-Atlantique où se trouvent les opérations de fabrication et où embaucher est bien plus rapide" , indique le dirigeant.

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