Denis Fayolle a l’entrepreneuriat dans le sang. En 1999, alors qu’il est étudiant en dernière année d’école d’ingénieur, l’opportunité de monter une startup dans le domaine du cash back s’offre à lui. Il a le choix : se lancer dans cette aventure ou effectuer un stage de six mois aux Etats-Unis. Le frisson de l’entrepreneuriat l’emporte. " A l’époque je n’avais pas une idée très claire de ce qu’était une startup donc j’ai à peu près tout appris sur le tas. On a levé de l’argent, on a tout claqué en publicité puis la bulle internet a éclaté. On s’est retrouvé sans argent, sans chiffre d’affaires, obligés de se renouveler ", se souvient-il.
Sept ans plus tard, il quitte ses associés pour lancer sa deuxième startup : Le web interactif. Pour la première fois, il connaît l’échec. " Mon associé et moi n’avions pas la même vision pour cette entreprise et il était difficile de se projeter ensemble pour la suite de l’aventure. " Il abandonne l’idée et se tourne vers le salariat pour une vie plus rangée qui ne durera finalement que deux mois. Car au final, les propositions d’association affluent et Denis Fayolle lance, accompagné de trois autres associés, la Fourchette, une plateforme vendue à TripAdvisor en 2014. Une parfaite façon de se relever de son précédent échec. Là, Denis Fayolle tente de changer de modèle et délaisse l’entrepreneuriat au profit de l’accélération. Il aide alors ZenSoon devenu Treatwell et ManoMano puis change à nouveau de modèle pour l’investissement. Il investit dans Habiteo ou encore Adrenaline Hunter puis commence à avoir à nouveau besoin de changement.
Savoir se relancer
Denis Fayolle veut retourner à ses premières amours : entreprendre. En 2016, il s’associe à trois autres associés dans un projet de maintien à domicile de personnes âgées mais 24 heures avant la levée de fonds, deux des associés abandonnent : deux caractères exceptionnels mais qui ne s’entendent pas. Nouvelle désillusion pour Denis Fayolle qui réalise alors que sur ses huit échecs, sept sont dus à l’humain. " En vingt ans de carrière, c’est concernant l’humain que j’ai le plus appris, été déçu ou enthousiasmé… Une entreprise, c’est d’abord une association. Et celle-ci est complexe. On se demande si elle va fonctionner, comment, combien de temps, si elle comporte des risques… Mais il faut survivre à ça et retrouver l’envie d’entreprendre ", explique-t-il.
Après une telle déception, il est nécessaire d’aller au bout de toutes les étapes du deuil pour accepter la situation et ainsi mieux se remettre en question, " comprendre ce qui s’est produit, pourquoi, comment on aurait pu le voir, quelle est notre part de responsabilité ? ". Pour ne plus commettre les mêmes erreurs et ainsi ne plus prendre le risque d’une nouvelle déception, Denis Fayolle décide d’adapter son organisation. Lorsqu’il rencontre un potentiel associé, il vérifie que l’entente est parfaite entre eux et s’intéresse dans un second temps, à l’idée et au domaine de la future startup.
La mixité, sa plus grande fierté
Cette façon de fonctionner lui réussit : chaque année depuis 2016 il lance une nouvelle entreprise. On lui connaît notamment Singulart, une galerie d’art en ligne, Farmitoo, équipement agricole en ligne, ou bien NextStation , plateforme de recrutement à l’étranger. Trois entreprises qui connaissent un succès certain, et qui ont une particularité : parmi les associés, l’un d’eux doit être une femme. " Je commence toujours par chercher cette nouvelle associée car je veux assurer une mixité parmi les dirigeants. " Et, il l’assure, c’est sa plus grande fierté : " en ayant réussi à monter des entreprises mixtes, j’ai pu faire avancer la cause de la mixité à mon niveau. "
Désormais Denis Fayolle s’attelle à trouver l’entrepreneuse qui remplira les critères d’entente et de valeurs obligatoires pour l’aider à lancer, dès la rentrée de septembre, sa 19ème startup. S’arrêtera-t-il un jour ? " Depuis plusieurs années, chaque été je me pose la question de relancer ou pas une nouvelle entreprise et pour l’instant je continue à le faire. "