2,5 tonnes de déchets, 1 000 kWh d’énergie et 500 kg de papier. C’est ce qu'engendrerait un événement de 5 000 personnes, selon les chiffres de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Un constat qui ne peut qu’inquiéter, au vu de la raréfaction des ressources naturelles, du réchauffement climatique et de la hausse des prix de l’énergie. Heureusement, il est possible de réduire l’impact environnemental d’un événement en suivant quelques principes.
La première chose pour réussir à créer un événement écoresponsable est d’y réfléchir en amont. Une fois que vous aurez commencé à fixer les grands axes, mettre en place cette démarche sera beaucoup plus compliqué, souligne Rose-May Lucotte, co-fondatrice et directrice des opérations de ChangeNow, qui propose comme ligne de conduite de suivre la règle des 5R : refuser, réparer, réduire, réutiliser et recycler.
Autre action à mettre en œuvre : le calcul de l’empreinte carbone de votre événement. Car, comme le rappelle si justement Edoardo Bertin, directeur marketing de Climate Seed, lors d’une table ronde, "on ne peut pas réduire ce qu’on n’a pas mesuré". Pour vous améliorer, vous aurez donc besoin de chiffres tangibles sur lesquels vous appuyer. Plusieurs startups pourront vous soutenir dans cette démarche, comme Greenly, ou encore la Fondation Goodplanet, qui ont toutes développé des méthodes adaptées au secteur événementiel.
Un lieu accessible
"Le transport des participants est le premier pôle en matière d’émissions de CO2" , révèle Edoardo Bertin. Choisir un lieu facilement accessible par les transports en commun (bus, métro, TER, RER, etc.) ou disposant de stations de vélos est donc essentiel pour pouvoir engager intervenants et participants à employer des moyens de transports les plus sobres possibles.
De nombreux organisateurs d’événements ou de festivals mettent également en place des plateformes pour faciliter le covoiturage entre les participants. L'élaboration d’un plan de mobilité mettant en avant toutes les alternatives possibles pour se rendre sur place est fortement conseillée.
Opter pour une scénographie simple
Lors de sa dernière édition, le festival ChangeNow a posé ses valises au Grand Palais éphémère optant pour une décoration sobre et efficace. "Nous avons choisi de ne pas mettre de moquette au sol, pointe la COO de l'entreprise. La scénographie a été travaillée autrement, nous avons choisi d’avoir des stands plus sobres."
Cette sobriété suppose également une réflexion sur le choix des matériaux sélectionnés pour créer l'identité visuelle de votre événement. Là encore, plusieurs voies s’offrent à vous. La première consiste à louer le matériel dont vous aurez besoin. Label Emmaüs et Ti Wood permettent de louer ce dont on a besoin. Certaines sociétés proposent également d'utiliser du matériel recyclable, à l'image de Raja et ses tabourets en carton.
Bâches, kakémono, comptoir de présentation… Le cycle de vie de tous ces produits peut et doit être réfléchi en amont. Si vous ne pouvez pas vous en resservir pour un autre événement, vous pouvez néanmoins leur donner une seconde vie. Les startups Pimp your waste, Billum, Reversible Eco Design, Green Be ou encore Muto Event donnent une seconde vie à tout ou partie des produits issus du monde de l’événementiel.
Zéro emballage, zéro plastique
La gestion des déchets est également un élément important dans l'événementiel. Le sujet n’est pas des plus sexy, mais doit faire l’objet d’une attention particulière et faire l’objet d’une sensibilisation du public. Plutot que de cacher les poubelles, mettez les en avant avec un étiquetage clair pour faciliter le tri.
Concernant les ressources mises en place, notamment pour les speakers, privilégiez les gourdes réutilisables. ChangeNow a choisi de ne fournir aucune bouteille en plastique en proposant comme alternative des gourdes fabriquées à partir de canne à sucre aux intervenants. "Les badges ne contenaient aucun plastique et étaient réalisés en papier minéral" , insiste également Rose-May Lucotte.
Choisir des prestataires partageant vos valeurs
Sans grande surprise, l’alimentation est le second pôle qui impacte l’empreinte carbone d’un événement. Le choix des prestataires - et, donc, de votre traiteur - est important. Plusieurs d’entre eux misent désormais sur des produits locaux et de saison et proposent en totalité ou en partie, des mises en bouche ou des plats végétariens. Des traiteurs comme Meet My Mama, le Réchaud ou encore les Cuistos migrateurs possèdent également une composante sociale, puisqu’ils emploient des personnes en réinsertion ou des réfugiés tout en proposant une cuisine aux milles et unes saveurs qui raviront, à coup sûr, les papilles des participants.
Dominique Behar, coordinateur du Réseau Éco-Événement appelle également à s’interroger sur le gaspillage alimentaire, encore trop important dans l’événementiel. "Il faut poser des questions au traiteur sur la manière de réduire ce gaspillage ou la possibilité de faire des dons à des associations." Dans ce cadre, la startup Phenix peut également vous accompagner. Pour s'assurer de l'engagement de vos prestataires, vous pouvez rédiger une charte intégrant certains engagements.
Développer une communication responsable
Le greenwashing n'étant pas une option, il est essentiel d’être cohérent et donc d'avoir une communication aussi responsable que possible. Si vous devez imprimer des flyers ou des tracts, choisissez plutôt du papier recyclé et recyclable et faites appel à un imprimeur écologique. Vous pouvez aussi choisir de privilégier l’envoi d’information par SMS ou mail.
La communication consiste aussi à sensibiliser les intervenants comme les participants sur la partie mobilité et transport notamment. Lors de cette troisième édition, ChangeNow a proposé aux volontaires de compenser financièrement une partie de leur empreinte carbone via une contribution libre. Une opération qui a rencontré un grand succès, selon sa directrice des opérations.