À l’aube du premier confinement, de nombreux citadins ont mis les voiles. Ils ont quitté les grandes villes, et notamment Paris, pour s’installer en province. Mais, l’exode urbain massif vers les petites agglomérations et la campagne proclamé par les agents immobiliers n 'a pas eu lieu. Non seulement la vague de déménagements n’a pas été aussi conséquente qu’annoncée, mais les migrations se sont plutôt concentrées sur la périphérie des grandes villes.
En revanche, en installant durablement le télétravail pour les salariés dont les activités le permettent, la pandémie a transformé profondément le marché du travail et son organisation. Full remote, présence quelques jours par semaine, par mois, ou par trimestre, les modes opératoires proposés par les entreprises sont divers. Des conditions qui permettent aux salariés de tester de nouvelles expériences professionnelles. Ainsi, seuls ou en familles, les télétravailleurs souhaitent désormais s’accorder des moments d’exil pour bosser hors de leurs lieux d’habitation. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix de louer quelques jours par semaine ou plus, une maison, un appartement ou un gîte pour travailler au vert, à la mer ou à la montagne.
Un nouveau marché pour les bailleurs et les acteurs économiques locaux, pour qui cette activité vient lisser leurs sources de revenus. Car, là où les réservations pour les congés scolaires se concentrent sur des périodes courtes et des régions – montagne l’hiver, mer l’été –, les télétravailleurs louent tout au long de l’année et partout en France. Un lissage dans le temps et dans l’espace, qui participe au maintien de l’activité économique locale et permet aux régions d’embaucher des salariés tout au long de l’année et plus seulement des saisonniers.
Des offres pour attirer les télétravailleurs
Conscients que se joue là une opportunité de business, plusieurs départements, à l’instar de ceux de l’Indre, de la Lozère, de la Nièvre ou encore de l’Orne ont développé des offres spécifiques pour attirer cette nouvelle clientèle. Si la qualité de l’infrastructure réseau est un impératif pour garantir d’excellentes connexions Internet (connexion hauts débits, visioconférence, etc.), d’autres services doivent être mis en place pour séduire les télétravailleurs.
Telle est la démarche d’un département comme l’Indre, avec son offre associant un espace de coworking et un hébergement en hôtel, gîte, appartement ou roulotte. Autre exemple : le Conseil départemental de l'Orne a développé un réseau de télécentres, répartis sur son territoire, pour donner aux salariés et aux indépendants plus de flexibilité dans leur organisation et une meilleure performance dans leur activité. La Nièvre a également mis à disposition des espaces individuels ou partagés faisant partie du réseau de Centres de télétravail et offrant de nombreux services : visio-conférence, domiciliation, matériels adaptés, espace de formation, espace convivial et accompagnement.
Mais pour attirer cette clientèle, il faut aller plus loin. Car, au-delà d’un cadre de vie agréable, ces télétravailleurs sont avides de découvrir des productions régionales, de consommer sur place et de s’immerger dans des activités locales. Alimentation, culture, sport ou bien-être : ils veulent consommer local. Une aubaine pour les commerçants, restaurateurs, producteurs, artisans, artistes ou associations, qui voient en cette population une nouvelle manne financière et une façon de se développer.
Aussi, pour informer cette population de toutes les activités locales, rien de mieux que les places de marché. Développées pendant la pandémie pour permettre aux habitants et acteurs économiques locaux de garder le lien, de faire du circuit-court et de soutenir l’activité locale, ces plateformes sont fort utiles aux télétravailleurs. Si ces derniers génèrent une nouvelle source de revenus et de nouveaux débouchés pour les régions, ils permettent aussi de réduire la fracture entre les grandes métropoles et le reste du territoire national. Tout le monde est gagnant !
Maxime Eduardo est co-fondateur et CEO de Naboo.