Au sens propre, le tour serait vite fait. Avec ses 2586 km² de superficie, le Luxembourg, s’il était un département français, se classerait entre le Rhône et les Yvelines, à la 89ᵉ place… Pilier fondateur de l’Union Européenne, le pays présente de multiples caractéristiques favorables au développement et à l’émancipation des startups qui y sont localisées. Les quelque 500 startups qui y sont actuellement recensées en sont témoins.
Une ouverture historique à l’international
La position géographique et le contexte historique figurent parmi les atouts majeurs du Luxembourg. Cette situation géographique trouve un écho dans sa réalité politique. Fondamentalement pro-européen, le pays accueille notamment le Secrétariat général du parlement européen et la Cour de justice de l’Union européenne, et le Conseil de l’UE y siège trois fois par an.
Au cœur de l’Europe, le Luxembourg est au carrefour de ses deux marchés les plus porteurs : l’Allemagne et la France. C’est peut-être l’une des raisons qui a fait que le Grand-Duché s’est très vite tourné vers l’extérieur pour développer son propre marché. Preuve en est la main-d'œuvre qui compose aujourd’hui l’écosystème économique luxembourgeois, composé de travailleurs et travailleuses étrangers à 73,2%. À en croire les chiffres du Global Talent Competitive Index, les conditions d’accueil sont en outre très favorables, puisque dans ce classement, le Luxembourg se classe 8ᵉ dans l’attractivité des talents internationaux, devant l’Allemagne, la France ou le Canada par exemple.
Loin d’être un hasard, selon Jonas Mercier, Coordinateur de Startup Luxembourg, une initiative publique dédiée à la promotion de l’écosystème startup luxembourgeois : " L’économie du Luxembourg repose sur ses travailleurs étrangers, qu’ils soient permanents ou transfrontaliers. De nombreux efforts sont donc faits à toutes les échelles pour accueillir de la meilleure façon les talents de l’extérieur, au niveau de la logistique, du support au développement économique, mais aussi au confort de vie. Le pays compte trois langues officiels - le français, l’allemand et le luxembourgeois - et tout le monde parle anglais, travaille en anglais, et on observe une véritable émulation entre toutes les cultures et origines qui composent l’écosystème économique local. "
Cet atout humain présente une opportunité de développement pour les startups qui sont sur place, comme l’indique Marzio Schena, le cofondateur de Anote Music, une plateforme de mise en relation entre artistes musicaux et investisseurs potentiels : " Au Luxembourg, on est rapidement exposé à une gigantesque communauté de personnes ouvertes, enthousiastes, et très compétentes. Le fait de travailler avec autant de profils originaires du monde entier est une condition très favorable à la dimension internationale de votre projet dès son lancement. "
Un environnement à taille humaine
Si le développement du Luxembourg s’est aussi intensément tourné vers l’extérieur, c’est parce qu’il en éprouvait la nécessité. Le développement du secteur tertiaire, depuis les années 70, est passé par l’afflux majeur de travailleurs étrangers, frontaliers et autres, afin de participer à la désindustrialisation d’un pays dont l’activité était concentrée essentiellement sur la sidérurgie. Cet afflux, ajouté à la position géographique et à la volonté d’ouverture du Luxembourg, en a fait une économie résolument tournée vers l’extérieur. Mais la taille du Grand-Duché lui-même n’en est pas pour autant un frein. Au contraire, elle présente, pour une startup, de nombreux avantages. Jean-Philippe Hugo, CEO et fondateur de Wizata, une plateforme de digitalisation par l’Intelligence Artificielle à destination des groupes industriels, confirme : " La taille du Luxembourg nous offre l’opportunité d’avoir un accès très rapide aux grands groupes industriels. "
Jonas Mercier corrobore cette concentration de ressources précieuses pour les startups sur le territoire luxembourgeois : " La taille humaine de notre écosystème facilite les connexions. Elle permet également aux startups qui ont une volonté de développement international de tester leur offre sur un marché de taille raisonnable, d’y apporter les modifications nécessaires, puis de poursuivre très facilement leur développement sur le marché Européen. " Dans un environnement qui chérit les concepts de beta testing et de test & learn, ces expérimentations grandeur nature sont donc des leviers d’apprentissages de grande valeur.
Une croissance portée par tout l’écosystème
Position géographique, dimensions de l’écosystème, ouverture historique, les critères convergent tous vers un environnement favorable à l’émancipation des startups. Il en reste néanmoins un, et non des moindres : la volonté politique d’accompagner la transition et l’innovation de tout le champ économique. La stratégie du gouvernement luxembourgeois est portée par la volonté de se tourner vers une Data Driven economy selon le Coordinateur de Startup Luxembourg.
En d’autres termes, l’innovation par la donnée est au cœur du développement économique national. Pour preuve, le Luxembourg offre la plus grande concentration de Data Centers certifiés Tier IV d’Europe. Jonas Mercier précise les contours de cette ambition : " Le gouvernement met tout en place pour accélérer cette transition économique. Cela se retrouve par exemple dans l’ouverture d’un High Performance Computer dont 65% de la capacité de calcul est mise à disposition des entreprises privées. C’est inédit ".
Cette stratégie politique et économique se décline sur l’ensemble de l’écosystème, en créant des conditions d’accueil très favorables aux porteurs et porteuses de projets innovants. Avec plus de 15 incubateurs et plus de 500 startups recensées dans des domaines aussi variés que l’ICT, la Fintech, la HealthTech, ou encore la cybersécurité ou les ressources humaines, l’émulation est partout. Elle infuse l’ensemble de l’écosystème et chacune de ses parties prenantes.
Une destination de plus en plus prisée
Parmi les premières à franchir le pas et à installer son siège au Luxembourg, Genna Elvin, cofondatrice de Tada Web, startup spécialisée dans le Big Data, ne regrette pas son choix. Elle confirme cette dynamique générale : " Nous avons grandi avec l’économie luxembourgeoise en quelque sorte. Au départ, il y avait simplement un incubateur Technoport, aujourd’hui il y a de très nombreuses structures d’accompagnement, on sent vraiment la volonté politique de diversifier son économie et d’accélérer sur la tech. "
Cette volonté trouve par ailleurs un écho dans les dispositifs d’accueil des startups qui franchissent le pas. Les organismes tels que Startups Luxembourg recensent et créent des ponts entre tous les acteurs de l’écosystème, créant de ce fait une émulation positive qui participe de cet élan. Porte d’entrée des startups qui arrivent sur le territoire du Grand-Duché, l’initiative publique organise par exemple le concours Fit4Start, programme d’accélération dédié aux startups qui ont pour ambition le développement international. Accompagnement, mentoring, réseau, mais aussi financement pré-seed, le programme présente toute la panoplie d’un accélérateur haut de gamme. Cette émulation est une véritable condition de réussite pour Jonas Mercier : “Au-delà des programmes d’accompagnement et d’encadrement que nous mettons en place, la chambre de commerce a par exemple lancé la House of Entrepreneurship, en 2016. C’est l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial et des structures qui l’encadrent qui progresse à vitesse Grand V”.
Troisième au Global Resilience Index en 2021, l’économie luxembourgeoise propose en outre une stabilité, un terreau fertile pour les idées les plus innovantes. Et Caroline Assaf, fondatrice de CoCo World, Edutech incubée au Luxembourg, de conclure en s’adressant à ses contemporains : " Si vous cherchez un lieu pour installer votre activité et la développer, ajoutez le Luxembourg à votre liste et regardez par vous-même si cela peut vous convenir. "
Maddyness, partenaire média de Startup Luxembourg.