Depuis le début de la crise sanitaire, et notamment avec la fermeture des établissements scolaires pendant les périodes de pics épidémiques, le marché de l'EdTech a connu une effervescence sans précédent. Si, en 2020, le secteur avait déjà connu un record d’investissements -16,2 milliards de dollars investis en 2020 dans le monde, selon un rapport CPR AM-, la tendance se confirme, et s’intensifie même, sur l’année 2021.
En concentrant son travail sur la France, la dernière étude menée par EY-Parthenon, la Banque des Territoires et EdTech France révèle les records de croissance qu’a connu ce secteur en 2021, démontrant la dynamique de cette filière. Les 500 startups françaises recensées dans le domaine ont en effet cumulé 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaire, 10 000 salariés et 438 millions d’euros levés (dont 177 millions pour 360Learning, 100 millions pour Ornikar et 68 millions pour OpenClassrooms).
Des chiffres records
Cette analyse souligne que cette année " de tous les records " a aussi été portée par un soutien public important. En effet quasiment une EdTech française sur deux (45% d’entre elles) a perçu des subventions publiques au cours de son développement. Des aides qui ont aussi permis à 57% des jeunes pousses de développer leurs activités à l’international. Ce contexte a également permis de placer la France en leader du marché EdTech européen, en matière de fonds levés et de volumes d’entreprises sur le territoire, avec 500 startups, dont 89 créées en 2020 et 2021.
Comme l’année précédente, l’épidémie de Covid-19 et les restrictions sanitaires ont eu un " effet d’accélérateur " sur la filière, analysent les rédacteurs de l’étude : " La crise sanitaire a montré de manière brutale l’insuffisante digitalisation des systèmes et établissements éducatifs tout en mettant en exergue l’importance du numérique pour permettre la continuité pédagogique et le maintien du lien social. Certaines barrières psychologiques de parties prenantes sur le numérique éducatif semblent ainsi être tombées et les EdTech sont devenues de plus en plus populaires ", peut-on lire dans ses conclusions.
Une filière hétérogène
Cependant, l’étude rappelle que la filière reste hétérogène et comporte de fortes disparités. En effet, l’écosystème français est porté par 20 acteurs majeurs qui cumulent à eux seuls près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, plutôt positionné sur le marché de la formation professionnelle, comme Global Knowledge, Groupe Bizness, HelloWork, Klaxoon, OpenClassrooms et Studi. Ces scaleups ne sont pas représentatives du secteur, puisque 60% des jeunes pousses ont moins de 10 salariés et un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500 000 euros.
K12 = segment scolaire.
Les disparités sont importantes en fonction des différents segments adressés par les startups. 85% du chiffre d’affaires est réalisé par le marché de la formation professionnelle, une dynamique qui s’explique par " la transformation de nombreux corps de métiers à l'heure du numérique et la réorientation vers des métiers en tension, ou qui n'existent pas encore ", selon l’étude. Seulement 12% des acteurs du secteur s’adressent au segment scolaire, puisque les entreprises se heurtent encore à la difficulté de travailler avec les établissements et à la longueur des cycles d’achats des collectives, " empêchant ainsi les entreprises de trouver un modèle économique permettant une croissance rapide ". L’enseignement supérieur reste le moins représenté dans ce marché -3% des acteurs-.
" La EdTech française prouve en 2021, son attractivité croissante pour les investisseurs français et internationaux, notamment par sa capacité à répondre aux enjeux de formation aux métiers d’avenir, conclut Anne-Charlotte Monneret, déléguée générale d’EdTech France, par voie de communiqué. Le marché français doit continuer à gagner en maturité et en capacité d’action grâce aux leviers de financement privés et publics, afin de conforter notre place de leader en Europe. "