16 mars 2022
16 mars 2022
Temps de lecture : 5 minutes
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BforCure se donne pour objectif de tripler sa production de dépistages PCR rapides

Alors qu’elle a séduit plusieurs laboratoires d’analyses médicales avec ses dépistages PCR en 15 minutes, BforCure lève 5 millions d’euros pour renforcer ses capacités de production et ses effectifs commerciaux d’ici à la fin 2022. La BioTech prévoit de se lancer sur une poignée de marchés européens et d’élargir sa gamme de tests dans l’année à venir.
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L’actu

C’est la suite logique de son amorçage de 2 millions d’euros, en octobre 2021. La BioTech BforCure, expert du dépistage par test PCR, a bouclé une série A de 5 millions d’euros auprès de family offices spécialisés dans le diagnostic médical — dont l'identité n'a pas été communiquée. Une opération complétée par une subvention de 3,2 millions d’euros du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, dans le cadre du plan Innovation Santé 2030. La startup a reçu, à cette occasion, le soutien d’investisseurs avec lesquels elle entend collaborer en vue du développement de nouveaux produits pour élargir sa gamme de dépistages PCR. "La crise sanitaire nous a conduits à prioriser la détection du Sars-CoV-2, qui a été une rampe de lancement, explique à Maddyness Maël Le Berre, son co-fondateur. Mais notre modèle économique a vocation, à long terme, à reposer sur davantage de pathologies."

Le contexte

En 2018, BforCure trouve sa source dans la volonté de sa maison-mère Elvesys de doter les tests PCR d’applications industrielles — en matière de défense ou d’environnement — pour aller au-delà du champ médical. "Nous avons remporté un appel d’offres du ministère des Armées, afin de développer une technologie de détection rapide en cas d’attaque par des agents de bioterrorisme" , raconte ainsi Maël Le Berre, dont la startup a utilisé les 1,5 millions d’euros de récompense pour industrialiser son automate. La crise du Covid-19 a précipité l’exploitation de ce dernier à des fins médicales, ce qui n’était à l’origine envisagé qu’à long terme. Constatant l’efficacité de son dépistage du Sars-CoV-2, BforCure a fait la demande de marquage CE – qui valide la conformité d’un dispositif médical avec les exigences de sécurité européennes – et l’a obtenu en avril 2021. De quoi permettre aux professionnels de santé de s’emparer bien plus largement de sa machine de dépistage.

La techno

BforCure a développé un automate d’une trentaine de centimètres, pouvant accueillir une puce contenant elle-même un mélange réactif. Ce consommable réagit dès lors qu’il entre en contact avec l’un des biomarqueurs ou agents pathogènes ciblés. "On peut recourir au dispositif dans le cadre de circuits courts, au sein de laboratoires, mais également dans le cadre d’une biologie décentralisée" , expose Maël Le Berre, qui avance que sa machine permet notamment aux laboratoires d’analyses médicales, opérant hors de leurs locaux, de satisfaire aux normes de qualité requises. Il est, de cette manière, possible de réaliser des dépistages au sein des aéroports. Quelque 22 automates ont jusqu’ici été déployés par la jeune pousse, dont l’activité repose sur trois piliers complémentaires selon son dirigeant : "Nous avons une dimension matérielle, puisque notre machine se compose d’un millier de pièces. Mais nous produisons également nous-mêmes les consommables et les réactifs."

Ce à quoi va servir la série A

L’approche syndromique de BforCure lui permet de rechercher simultanément de multiples biomarqueurs ou agents pathogènes pouvant être à l’origine de symptômes. L’un de ses axes de développement consiste ainsi, en toute logique, à élargir le panel de dépistages. Un chantier qu’elle prévoit notamment de mener en collaboration avec certains de ses nouveaux investisseurs, spécialistes du diagnostic médical. "Après le Covid-19, les infections sexuellement transmissibles (IST), les papillomavirus, les maladies respiratoires et les antibiorésistances seront au programme" , annonce Maël Le Berre, qui avance aussi travailler "à plus long terme" sur l’épineux sujet du dépistage en oncologie. Une machine de seconde génération, plus puissante, s’inscrira dans cet objectif. "Le recours à celle-ci permettra d’optimiser, en parallèle de l’adaptation des pratiques des médecins, le parcours patient afin de réduire le temps nécessaire à la pose d’un diagnostic" , juge Maël Le Berre.

BforCure, qui compte 70 collaborateurs, entend recruter étoffer ses équipes commerciales d’ici à la fin 2022. Une cinquantaine de recrutements sont ainsi prévus pour se lancer à la conquête d’une poignée de marchés européens – parmi lesquels figurent l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Portugal. Afin de pouvoir répondre à cette demande croissante, la BioTech va renforcer ses capacités de production à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Sur une surface de 2 200 mètres carrés, elle dispose déjà d’une chaîne robotisée lui permettant de "sortir 2 000 puces de consommables toutes les huit heures" . Un chiffre qu’elle entend quintupler, avec l’inauguration prochaine d’une seconde ligne de production. Côté réactifs, "tout se fait encore manuellement" à en croire Maël Le Berre, qui donne pour but d’en sortir "autant que de puces qui les contiennent" en s’appuyant sur la robotique à partir de l’été 2022.

Ses optimisations devront permettre de produire "une soixantaine de machines par mois" , contre "une vingtaine par mois aujourd’hui" . Et ce, dans l’attente de la construction d’une potentielle usine ces prochaines années. BforCure, qui ne communique pas son chiffre d’affaires, indique vouloir se concentrer sur les secteurs de la défense et du médical, sans pour autant dissimuler ses velléités en matière d’environnement. "Dans chacun des cas, il s’agit de répondre à des crises et d’être en capacité de réagir vite pour préserver notre souveraineté. Nous devons parvenir à automatiser le développement, en quelques jours, de kits de dépistage adaptés à ces problématiques" , fixe pour objectif Maël Le Berre, dont la jeune pousse cherche à sécuriser son avenir en jouant sur plusieurs fronts en parallèle.

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