L’espoir d’avoir une fin heureuse disparaît pour les poules pondeuses de la Haute-Vienne. En effet, Poulehouse, société spécialisée dans la production d'œufs de manière éthique et qui avait créé une "maison de retraite" pour ces bêtes, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Rouen, a annoncé mardi 1er février 2022 son co-fondateur Fabien Sauleman.
Créée en 2017, la startup spécialisée dans le bien-être animal s'est vue réclamer le paiement de factures par le groupe ONE (Œufs Nord Europe), qui s'occupait du conditionnement et de l'expédition des œufs, alors qu’elle s'apprêtait à lever entre 1,2 et 1,4 million d'euros par le biais d’une collecte de fonds, a indiqué l’entrepreneur. "On allait être rentable au mois de mars. Ils (ONE) ont réclamé l’argent qu'on leur devait, justement au moment où nous n'avions plus d’argent" , déplore ce dernier.
15 licenciements et 25 000 poules à adopter
Selon lui, une quinzaine de personnes vont être licenciées et la ferme de 16 hectares, située à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne), où les poules des éleveurs partenaires de Poulehouse, qui deviennent moins productives après 18 mois, étaient envoyées au lieu d'être dirigées vers l'abattoir, va être vendue. "Nous avons 25 000 poules à faire adopter, a ajouté Fabien Sauleman. Malheureusement, des éleveurs partenaires risquent de perdre de l’argent" .
Mis en cause sur les réseaux sociaux, le groupe ONE regrette dans un communiqué que Poulehouse tende à "décrédibiliser le travail qu'il réalise depuis des décennies au bénéfice des éleveurs" , ajoutant s'être "comporté comme un promoteur du projet Poulehouse en ce qu’il correspond aux valeurs qui sont les siennes depuis l’origine".
"C'est terrible à dire mais aujourd'hui, la filière est ravie que l’on n'existe plus, a assuré Fabien Sauleman. Elle s'est enfin débarrassée de ce moustique qui lui sifflait dans les oreilles. Ils ont tué Poulehouse, mais ils n'ont pas tué l'idée d'une amélioration du bien-être animal."
La société travaillait avec des producteurs dont les volailles, élevées en plein air, ne subissaient pas de mutilation du bec, pratique généralement utilisée pour éviter qu'elles ne se blessent entre elles. Elle proposait aussi des œufs issus d'élevages ne pratiquant pas le broyage ou le gazage des poussins mâles, sort que connaissent au moins 45 millions de poussins chaque année en France.
Selon la technique du "sexage in ovo" , seuls les œufs possédant l'hormone femelle étaient couvés grâce à une innovation développée par la société allemande Seleggt. En contrepartie de ce cahier des charges, les consommateurs acceptaient de payer le prix fort : un euro l'œuf. En quatre ans, Poulehouse en aura vendu 10 millions.