25 janvier 2022
25 janvier 2022
Temps de lecture : 6 minutes
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Résilience accélère le déploiement de sa solution de télésuivi médical

Résilience annonce ce mardi 25 janvier une série A de 40 millions d’euros. La MedTech créée par Céline Lazorthes et Jonathan Benhamou, à l’origine d’un dispositif de télésurveillance médicale et suivi thérapeutique, voit entrer à son capital trois groupes d'établissements de santé. De quoi accélérer le déploiement de sa solution.
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L’actu

Après un amorçage à hauteur de 5 millions d’euros début 2021, Résilience annonce avoir bouclé une série A de 40 millions d’euros avec le soutien de Cathay Capital, Singular VC, Exor, Picus Capital, Seaya Ventures, ainsi qu’un consortium composé de MACSF, Vivalto, Ramsay et Fondation Santé Service. La MedTech, qui est à l’origine d’une solution visant à améliorer le suivi thérapeutique et médical à distance des malades du cancer, fait entrer à son capital une poignée de partenaires stratégiques pour son développement à court terme. Résilience prévoit de mettre un coup d’accélérateur au déploiement de sa solution de télésurveillance. Elle compte sur des accords avec les groupes Ramsay Santé, Vivalto et Elsan pour y arriver. "Nous passerons ainsi de cinq centres équipés à plusieurs centaines" , explique à Maddyness Jonathan Benhamou, co-fondateur de l’entreprise, précisant que l’essai clinique visant à mesurer l’efficacité de la solution en vue de sa prise en charge par l’Assurance maladie, est actuellement mené à l’échelle d’une vingtaine d’établissements.

Le contexte

Résilience a été co-fondée par deux entrepreneurs à succès. Céline Lazorthes est bien connue du secteur de la FinTech pour avoir créé la plateforme de cagnotte en ligne Leetchi et la solution de paiement en ligne MangoPay. Deux entreprises qu’elle a cédées au groupe Arkéa en 2015, avant de quitter ses fonctions opérationnelles en 2019. Jonathan Benhamou a, pour sa part, créé le spécialiste de la numérisation des ressources humaines PeopleDoc. Une société qu’il a vendue en 2018 au groupe américain Ultimate Software, coté au Nasdaq. Entrepreneurs chevronnés, ceux qui sont amis ont souhaité se mobiliser afin de venir en aide aux personnels de santé à l’orée de la crise du Covid-19. "Avec l’initiative que nous avons lancée, Protège ton soignant, nous avons réuni quelque 7,4 millions d’euros pour leur permettre d’acheter du matériel et les produits manquants" , expose ainsi Jonathan Benhamou, qui explique que cette incursion de quatre mois dans la santé leur a permis d’"étudier l’opportunité" de lancer un projet dans ce domaine.

Fort d’une expertise et de premières expériences dans la tech, ils décident de s’intéresser à l’oncologie du fait que "le cancer soit la première cause de décès à l’échelle mondiale". "C’est une maladie chronique, pointe le co-fondateur de Résilience. Le système de santé étant taillé pour des pathologies apériodiques, une problématique a émergé en matière de prise en charge des patients. Ces derniers perdent des chances de survie du fait du faible développement du numérique." Les fondateurs de la startup se sont adjoints les services de l’Institut Gustave-Roussy, qui met à leur disposition ses médecins en échange de parts dans la société. Une trentaine de professionnels de santé ont déjà collaboré avec cette dernière, apportant leur caution scientifique. "La médecine personnalisée soulage le système de santé, veut croire Jonathan Benhamou. Elle permet de comprendre la réaction d’un patient au traitement et d’adapter son suivi en fonction de son état."

La techno

La jeune pousse édite une application permettant aux patients qui l’utilisent de déclarer les effets secondaires de leur traitement ou fournir des données vitales, à l’aide de dispositifs connectés. Des algorithmes analysent alors les données recueillies, ce qui permet d’offrir une réponse personnalisée au cas de chacun. "Cela permet d’adapter la régularité des rendez-vous chez le médecin" , illustre Jonathan Benhamou, indiquant que "des infirmiers de coordination suivent l’état du patient". Concrètement, l’algorithme associe l’utilisateur à l’un des trois niveaux d’alerte lorsque son état se détériore. Le professionnel de santé peut alors réagir, en l’appelant afin de prendre de ses nouvelles ou décrétant l’intervention d’un médecin. "C’est un gain d’autonomie pour le patient, à qui l’on épargne les visites inutiles et fatigantes chez ce dernier, mais également d’efficacité pour les professionnels" , estime le co-fondateur de Résilience. Selon ce dernier, "les bienfaits de la télésurveillance" ont été démontrés par l’étude Capri initiée par l’Institut Gustave-Roussy.

"Les remontées de terrain indiquent que le patient gagne, en moyenne, 2,6 jours de survie par an grâce au télésuivi. L’adhérence au traitement augmente également de 5 %" , relève Jonathan Benhamou, dont l’entreprise a "intégré des algorithmes qui doivent lui permettre de faire mieux encore". Pour améliorer la solution, entraînée dans un même temps par les données patients et la littérature médicale, Résilience a convaincu un oncologue de renom de rejoindre son conseil scientifique : l’Américain Ethan Basch. L’entreprise a aussi acquis la MedTech Betterise pour optimiser la collecte d’informations auprès des patients, comme l’obtention des certifications nécessaires à son activité. "Avec les technologies médicales, on touche à la vie des gens. Il s’agit donc d’être irréprochable" , note Jonathan Benhamou, dont l’entreprise ne communique pas le nombre d’utilisateurs de son application à date.

À quoi va servir la série A

La télésurveillance est remboursée par la Sécurité Sociale depuis le 1er janvier 2022. De quoi appuyer le développement de cette pratique, qui a notamment explosé depuis la crise du Covid-19. Si la solution que Résilience a rachetée à Betterise dispose du marquage CE lui permettant d’en bénéficier, ce n’est pas le cas de toutes ses briques technologiques. La startup entend accélérer sur ce chantier, suite à sa série A de 40 millions d’euros. "Après des équipes dédiées au produit et à la R&D, nous constituons une équipe médicale" , indique Jonathan Benhamou, qui souhaite confier à cette dernière la supervision du déploiement des solutions dans de nouveaux établissements. Et d’ajouter : "Notre modèle économique est en cours de définition, dans l’attente d’un futur remboursement par la Sécurité sociale."

Toujours est-il que la startup n’entend pas lésiner sur les moyens : elle prévoit de passer, dans le courant de l’année 2022, de 42 à 90 salariés. "Nous allons structurer l’équipe et, ce, potentiellement par le biais de nouveaux rachats" , assure même Jonathan Benhamou. L’internationalisation, un sujet auquel Résilience prête déjà beaucoup d’attention, devrait s’engager "début 2023". Le marquage CE faisant foi dans toute l’Union européenne, les obstacles juridiques devraient être levés d’ici là. Restera alors à régler, pays par pays, la question de la prise en charge par le système de soin local. Ce qui n’inquiète pas le co-fondateur : "Nous courons un marathon, et non un sprint."

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Légende photo :
Jonathan Benhamou et Céline Lazorthes / Résilience