Article initialement publié le 9 novembre 2021
Quels sont les points communs entre une startup et une association ? A priori très éloignées, ces deux organisations déploient de plus en plus des trésors d’inventivité pour coopérer et se réinventer. Du partenariat financier en allant jusqu’à l’hybridation de leurs modèles, de nouvelles synergies émergent et envoient un signal fort. Face aux défis et enjeux de notre société, les coopérations entre startups et associations apportent non seulement une réponse pragmatique et efficace mais sont aussi génératrices de croissance et d’impact.
Coopérer pour plus d’efficacité : une nécessaire synergie
La France ne compte pas moins d’1,5 million d’associations, parfois centenaires. Si leur pérennité s’explique en partie par les subventions et les dons, il n’en reste pas moins que ces gardiennes du lien social et de la protection de l’environnement ont toujours su faire la preuve de leur capacité à innover pour subsister.
Face à la résilience associative, les startups ont bien des enseignements à tirer mais aussi des forces à transmettre. Riches de leur capacité à rassembler financeurs et experts au sein d’un écosystème, elles sont aussi à l’origine d’une culture startup où le storytelling ancre de belles histoires et des figures symboliques. S’inspirant de ces recettes au refrain de success stories, les associations pourraient bien gagner en visibilité sans pour autant perdre leur identité.
Pour autant, la synergie semble aujourd’hui venir d’ailleurs. D’une manière ou d’une autre, les deux grands acteurs utilisent sans peine la méthode des vases communicants pour tirer pleinement partie de leurs forces respectives et ainsi taper plus fort pour démultiplier l’impact.
Qu’il s’agisse de partenariat financier révélant le puissant potentiel de la coordination des approches entre startups, associations et organisations non gouvernementales ou encore de parcours d’hybridation, les nouveaux modèles répondent à un seul mot d’ordre : coopérer.
Les partenariats financiers offrent de nouvelles perspectives à l’impact
Contrairement au traditionnel mécénat de compétences, les startups proposent de nouvelles voies de coopération dans la droite ligne de leur cœur d’activité et aux multiples parties prenantes. C’est le cas des fontaines à eau Castalie (dans laquelle Ring a investi, NDLR).
En partenariat avec la fondation néerlandaise Made Blue, elle-même en lien avec des ONG locales, la startup s’est engagée à reverser cette année 60 000 euros de son chiffre d’affaires pour la construction de 4 points d’accès à l’eau dans la région d’Adama en Ethiopie. L’approche consiste ainsi à coordonner les acteurs, le financement et les différents savoir-faire nécessaires au déploiement d’infrastructures sanitaires. Pour chaque point d’eau installé, ce sont 1000 enfants et adultes touchés, 1000 tonnes de CO2 et 550 tonnes de déchets en plastique évitées. D’ici 2024, Castalie ambitionne d’offrir un accès à l’eau et à l’hygiène à plus de 35 000 personnes.
L’hybridation, un nouveau modèle pour promouvoir le savoir-faire des associations
Si les partenariats d’un nouveau genre se développent entre startups et associations, il n’en reste pas moins que chacune reste sur son périmètre juridique. En France, la porosité entre les deux entités est strictement encadrée.
De nouveaux modèles commencent toutefois à émerger sous l’impulsion des associations. Certaines d’entre elles, à l’instar de Live For Good, font un constat clair : le savoir-faire développé pour leurs bénéficiaires doit pouvoir profiter à d’autres structures pour démultiplier l’impact. L’association a ainsi fait le choix de commercialiser Huggle, sa plateforme digitale. Cette mise à disposition nécessite toutefois de sortir du cadre associatif pour proposer une solution universalisable, développer des fonctionnalités utiles aux autres associations, former les utilisateurs, etc.
Autrement dit, pour aller plus loin, l’approche commerciale devient incontournable en particulier pour les associations soucieuses de passer à l’échelle mais pas sans une certaine vigilance. L’hybridation induit certes plus d’autonomie et d’indépendance en offrant de nouvelles ressources financières mais peut aussi mener à un biais : sortir de son scope d’impact en commercialisant son offre aux grands groupes. Un biais sur lequel il est nécessaire de rester particulièrement attentif selon Live For Good. En s’attachant à proposer un prix qui correspond au modèle économique des associations, Live for Good permet aussi aux nouvelles structures de rester dans un cercle vertueux en consommant des solutions conçues par leurs pairs.
Construire la société de demain, adresser l’immense défi climatique, réduire les inégalités galopantes : quel que soit le défi, les associations et les startups sont d’ores et déjà sur le pont pour apporter des solutions. Du partenariat à l’hybridation, les coopérations d’un nouveau genre au service de l’impact sont partout et ne demandent qu’à être répliquées à plus grande échelle.
Construire la société de demain, adresser l’immense défi climatique, réduire les inégalités galopantes doivent être des enjeux communs. Chacun a un rôle à jouer pour battre en brèche un antagonisme qui a la peau dure entre entreprises et associations. Si la recherche d’impact qui anime de plus en plus d’entreprises est prometteuse, elle sera largement renforcée par la coopération avec les associations qui sont en première ligne et qui ont fait la preuve sur le terrain de leur capacité à changer le monde.
Nicolas Celier est le co-fondateur du fonds d'investissement Ring Capital