Republication d'un article paru le 21 octobre 2021
Fondée au mois de juin 2018 par Cyril Goust, Fabien Lamaison et Thomas Ramé, la solution d’épargne intelligente de bunny.money permet, en liant son compte bancaire à l’application, à tout utilisateur de verser une part de ce qu’il met de côté chaque mois dans une cagnotte. Une trentaine d’associations et organisations non gouvernementales (ONG) sont recensées sur la plateforme. Le service est gratuit, la startup se finançant en majorité à travers les dons qui lui sont faits. "Les études démontrent que les consommateurs sont plus enclins à payer sous forme de don que d’abonnement" , pointe ainsi Thomas Ramé, qui est chargé de l’implémentation technique et assure gérer l’entreprise à distance avec ses associés depuis sa création.
Alors que deux des dirigeants (Cyril et Thomas) sont rentrés vivre en France, à Nantes et Brest, le dernier (Fabien) est resté à San Francisco (Californie) – où se trouve le siège social de leur startup. Depuis, ils ont dû mettre en place une organisation millimétrée pour gérer l’entreprise depuis deux continents différents, d’autant plus que les freelances auxquels les associés font appel sont, eux aussi, répartis un peu partout dans le monde. Explications.
Des outils numériques et moments d’échange
S’ils figurent tous trois sur les statuts de bunny.money, les co-fondateurs ne peuvent être salariés par celle-ci : "Il faut travailler sur le sol américain pour être salarié d’une société américaine." Pour autant, les associés n’entendent pas déménager à court terme. "La solution est d’ouvrir une filiale en France dans les prochains mois" , souligne Cyril Goust, qui est chargé de l’architecture système et l’ingénierie. Un temps incubée au Village by CA Atlantique-Vendée, à Nantes, bunny.money a mis en place un certain nombre de procédés afin de travailler efficacement malgré la distance. Constituer un portefeuille d’outils numériques a été le premier chantier de la jeune pousse.
"À chaque besoin doit correspondre un service précis" , martèle ainsi Thomas Ramé, qui liste ceux qu’utilisent ses collaborateurs : Figma pour la réalisation de contenus graphiques en interaction et en temps réel ; Google Suite pour la bureautique ; Slack pour l’échange intra-entreprise et avec les partenaires ; Frame.io pour collaborer sur le montage vidéo ou ClickUp pour organiser les tâches de chaque membre de l’équipe. Des solutions qui répondent à la nécessité de collaborer à distance... mais ne permettent pas forcément de se synchroniser.
"Il y a 9 heures de décalage horaire entre la France et San Francisco. Je sais que, quand je dois échanger avec Fabien, cela sera davantage en fin de journée entre 17h et 20h" , raconte Thomas Ramé, rappelant l’importance de "prévoir ses horaires". Les affaires courantes sont, elles, gérées lors de rendez-vous hebdomadaires. Une réunion d’équipe, organisée le mercredi, permet de dresser "en 45 minutes l’état des lieux de la semaine passée et les prévisions pour celle à venir".
Des points thématiques sont prévus pour couvrir les sujets relatifs au marketing ou encore au sourcing en matière d’impact. "Il faut cadrer les choses pour que cela ne devienne pas la foire" , sourit Cyril Goust, jugeant crucial de "se rencontrer physiquement une à deux fois par an, le temps d’une semaine à chaque fois".
"Bétonner le processus d’onboarding"
L’entrepreneur pense que ce "manque de relation sociale" constitue un des rares freins au modèle "100 % remote" que choisissent certaines startups. "Il faut bétonner le processus d’onboarding pour formaliser des étapes qui se font, d’habitude, de manière informelle" , note-t-il, citant l’exemple de la rencontre entre différents collaborateurs. Les co-fondateurs s’efforcent, par ailleurs, d’insuffler une bonne humeur en se montrant "souples et funs" afin de rendre ce cadre de travail plus appréciable. Reste un casse-tête impossible à résoudre. "Fabien est le seul d’entre nous à vivre aux États-Unis. C’est lui qui gère les aspects administratifs sur place. Or, quand il n’est pas disponible, impossible pour nous de le remplacer au pied levé" , relèvent Thomas Ramé et Cyril Goust, somme toute satisfaits de leur fonctionnement.
Actuellement, bunny.money est en bêta fermée avec 50 utilisateurs. Depuis trois ans, il lui a fallu démarcher ONG et associations pour leur expliquer le concept et qu'elles acceptent de participer à cette aventure. Près d’une dizaine de nationalités composent les équipes de la startup, qui mène actuellement une campagne de financement participatif dans le but de financer le lancement au grand public de son service courant novembre 2021. "Un quart de l’équipe est, par ailleurs, membre de la communauté LGBTQ. Ces différences, tout comme la nationalité, l’âge ou le genre, sont des forces qui nous permettent de multiplier les regards sur ce que l’on fait" , expose Thomas Ramé. À en croire le co-fondateur, le fait que les collaborateurs échangent en anglais - une langue commune, mais pas maternelle pour ces derniers - permet de développer l’empathie… et la motivation demeure là, quelque soit la distance. "Comme c'est souvent le cas, dans les projets à impact."