Les startups ont longtemps été érigées en modèle d’innovation, de réussite et d’avenir. Un mantra repris par certains politiques comme Emmanuel Macron, qui annonçait au tout début de son mandat vouloir faire de la France "une startup nation" . Et il faut avouer, au départ, la magie a fonctionné. Le modèle des startups, plus agile, plus jeune, semblait répondre aux attentes des nouvelles générations et à l’envie de créer de nouvelles choses, particulièrement dans un monde du travail qui peinait jusqu’ici à évoluer. Mais aujourd’hui, l’enthousiasme est retombé. Et les startups doivent faire face à leurs erreurs et leurs propres travers.
La critique pique les startups
L’émergence des blogs, des médias, des newsletters et même des hashtags critiquant les startups se multiplient et non sans raison. "L’écosystème des startups, et plus largement du numérique, n'a jamais été aussi puissant" , lance comme base de son explication Lucie Ronfaut. Car oui, les startups et plus largement le numérique, ont envahi nos vies et "nous sommes désormais tous concernés, citoyens comme salariés" par les dérives qui se passent derrière les portes des startups que'elles touchent aux pratiques managériales ou à l’usage de nos données offertes avec plus ou moins de consentement. Après les histoires qui ont déjà fait grand bruit, comme celle de Cambridge Analytica, "il y a un besoin et une envie d’avoir des contre-pouvoirs vis à vis du numérique, c’est très sain. Le numérique a un pouvoir politique, or on caricature le politique donc pourquoi ne pas critiquer le numérique" .
Les médias en première ligne
Si les médias s’aventurent désormais à critiquer les startups, cela n’a clairement pas toujours été le cas. "Nous, les médias, sommes en partie responsables" de la glorification passée des startups. "J’ai moi-même écrit de nombreux papiers sur des levées de fonds" , reconnaît Lucie Ronfaut. Mais la donne est en train de changer. Cela signifie-t-il que les journalistes sont anti-startups ? Pas du tout.
"Nous écrivons toujours beaucoup sur les startups et encore de manière positive. On a une période de glorification, on entre dans une phase plus critique qui vient aussi des citoyens. J’adore la tech, les innovations mais il faut y réfléchir différemment" , développe Lucie Ronfaut. Avant d’écrire sur une levée de fonds, la journaliste indépendante s’interroge désormais sur ses partenaires, l’équipe derrière le produit, etc. Il est désormais temps de laisser les journalistes s’interroger sur ces questions, mener des enquêtes - sans que les entrepreneurs eux-mêmes leur mettent des bâtons dans les roues. "C’est très positif de voir un média généraliste comme Libération écrire sur le sexisme dans le monde des jeux vidéos" , donne t-elle comme exemple.
L’épineuse question de la diversité
L’autre grand travers de l’écosystème startup est son manque de diversité, souligné par de nombreuses associations ou figures de l’écosystème. Dans son roman, Les Règles du jeu, Lucie Ronfaut dépeint une bande de quatre amies en pleine construction de leur startup. "Elles ne sont pas toutes blanches, détaille l’autrice, et on m’a dit que c’était un idéal des startups" , sous-entendu "qui n'existait pas" . Une réaction qui l’a surprise. "Il existe des femmes de couleurs qui sont développeuses ou entrepreneuses" , rétorque t-elle. Simplement, elles sont beaucoup moins mises en avant. "Parce qu’elles lèvent moins de fonds ? Parce qu’elles veulent communiquer différemment ?" , questionne t-elle. Peut-être. Pas question de se cacher derrière des excuses pour autant. "C’est aux journalistes d’aller chercher" ces profils pour les mettre en lumière.
Retrouvez la Maddy Keynote en direct ou en replay sur maddykeynote.com