25 juillet 2021
25 juillet 2021
Temps de lecture : 6 minutes
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Formation, rémunération… Voici le portrait-robot du jeune investisseur

Du fait de l’avènement d’une nouvelle génération, le rôle des investisseurs et investisseuses au sein de sociétés non cotées — que l'on rassemble derrière l'acronyme VCs — tend à se renouveler… partiellement, du moins. La majorité est toujours issue d’école de commerce mais ces spécialistes du financement de startups disent porter de plus en plus d'attention aux sujets à impact. À eux désormais de s'emparer de celui de la diversité au sein de ce cercle d'initiés.
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Republication d'un article publié le 8 avril 2021

Une génération en chassant une autre, les aspirations évoluent. C’est tout autant le cas en matière de private equity que dans les autres composantes de l’économie et la société. Quand on les interroge, les jeunes investisseur·euse·s — moins et autour de 30 ans — revendiquent fièrement un changement d’état d’esprit par rapport à leurs aîné·e·s, bien que nombre de combats leur restent à mener pour permettre une plus grande diversité dans leurs rangs. "Il faut démystifier le VC. D’autant plus que les besoins sont là : alors que le nombre de jeunes à vouloir entreprendre explose, il va falloir que les professionnels en fonds d’investissement suivent… ce qui n’est pas encore le cas" , explique à Maddyness Mehdi Benjelloun, co-fondateur de Baby VC – une association qui accompagne celles et ceux qui désirent se lancer – et analyste chez Heartcore Capital. Le péché originel des fonds d'investissement : ne pas avoir favorisé l’émergence d’une grande variété de profils.

Les écoles de commerce surreprésentées

Créée en 2019, Baby VC en est à sa troisième cohorte. Une centaine de personnes a déjà suivi son programme, qui propose une séance d’accompagnement par semaine pendant deux mois. "Chaque semaine, nous abordons un sujet différent du VC" , indique Mehdi Benjelloun, qui assure que l’idée d’une telle structure a fait surface en constatant que "la réalité du métier est très éloignée de ce qui est enseigné" – même en école de commerce. Parce que, selon l’analyste, le profil-type de l’investisseur·euse français·e n’a pas beaucoup bougé malgré le renouvellement générationnel : "Ils sont majoritairement issus d’école de commerce et ont au moins trois ou quatre stages en poche. " Un moule qui rend l’accès au VC encore plus complexe pour celles et ceux qui ont des parcours différents... bien qu’intéressants. Si, avec Baby VC, Mehdi Benjelloun affirme encourager le recrutement de "profils qui n’ont pas fait HEC ou Yale mais sont très motivés" , il convient que "les stages restent cruciaux".

D’où l’intérêt du réseau que permet, entre autres, l'association de constituer. "Être un bon VC junior, ce n’est pas seulement disposer de solides compétences financières. C’est aussi d’avoir une capacité d’empathie, une grande sociabilité et une curiosité insatiable" , estime l’analyste. Aussi, Mehdi Benjelloun se dit partisan d’une ouverture vers des milieux professionnels divers : "Il faut aller à leur rencontre afin de pouvoir attirer des scientifiques, par exemple."

Il y a, d’après l’analyste, de quoi espérer. "La nouvelle génération est plus intéressée, acharnée et passionnée que celles qui l’ont précédée. Les juniors étaient alors peu nombreux dans l’industrie et souvent banquiers de formation" , appuie-t-il, mettant en avant "la bienveillance des jeunes, qui fait toute la différence dans le conseil en stratégie".

Un salaire annuel d’environ 45 000 euros

À noter qu’une étude, parue le 30 mars 2021 et menée par AlumnEye en partenariat avec la junior entreprise de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), a sondé 626 étudiants et étudiantes – issus·e·s de 6 écoles d’ingénieur·e·s, 5 écoles de commerce et 2 grandes universités (Sciences Po et Dauphine) – pour établir un état des lieux de leurs attentes vis-à-vis des VCs. Parmi les principaux enseignements, le fait que les élèves en commerce continuent d’afficher un intérêt passif pour le private equity (77 %) alors que le sujet ne fait qu’émerger chez les élèves en école d'ingénieur (44 %). En matière de motivation à se lancer, ces derniers placent la rémunération en tête quand c’est le troisième critère pour leurs homologues des écoles de commerce – après l’intérêt du métier en lui-même et le défi qu’il représente au quotidien. Dans les deux cas, la notion de "prestige" qui entoure le domaine contribue à son aura dans l’enseignement supérieur.

Selon Baby VC, un salaire "réaliste" pour un·e investisseur·euse se situerait quelque part entre 40 000 et 45 000 euros par an sans compter un éventuel bonus de fin d’année. "Ce dernier dépend de la performance générale du fonds, pointe Mehdi Benjelloun. Il ne faut, habituellement, pas trop compter dessus avant d’avoir 10 ans d’ancienneté." Toutes les modalités exposées par AlumnEye dans son étude entrent en compte quand il s’agit, pour les étudiant·e·s, de sélectionner un fonds dans lequel effectuer un stage – une étape qui reste cruciale, comme l’a rappelé Mehdi Benjelloun. Selon les réponses de l’échantillon, l’engagement et la communication des véhicules au sujet de leur stratégie RSE-impact est un sujet "important" pour 57 % des personnes sondées. Contrairement, et c’est plus étonnant, à la stricte parité femmes-hommes, dont 44 % des personnes interrogées seulement pensent qu’elle est importante. "C’est pourtant un vrai sujet, dont il faut s’emparer" , avance Mehdi Benjelloun.

Des affinités nouvelles émergent

Si les parcours des investisseur·euse·s, jeunes comme moins jeunes, restent relativement homogènes, certains sujets semblent mobiliser davantage la nouvelle génération. "Toutes les industries continuent d’intéresser, modère Mehdi Benjelloun. On remarque, cela dit, un intérêt grandissant pour l’éducation, les cryptomonnaies, le gaming et même l’espace. De manière générale, l’environnement est aussi porteur." Un constat que l’analyste dresse à partir de son vécu professionnel ainsi que des promotions de Baby VC, constituées de 25 personnes à chaque fois – à raison d’une cohorte tous les 6 mois. L’analyste assure que "l’attention ne se cristallise pas autour d’un unique secteur". Ces sujets, qui ont tous infusé la société dernièrement, trouvent un écho particulier chez les jeunes investisseurs et investisseuses.

Baby VC fait, d’ailleurs, des petits. L’initiative aurait encouragé la création de structures dédiées à l’investissement au sein de multiples établissements d’enseignement supérieur – Sciences Po et l’ESCP Business School, par exemple. Ce réseau pourrait permettre à de nouveaux corps de métiers de s’intéresser aux investisseurs et investisseuses. "Les fonds veulent voir arriver des profils spécialistes de certains secteurs ou encore des relations internationales, martèle le co-fondateur de l’association. La question, avec l’émergence de ces structures étudiantes, est de savoir s’il ne revient pas aux écoles de prendre le relai. Les cours de VC sont rares et, surtout, mal pensés : tout n’est pas réalisable à partir d’un simple Powerpoint." Le défi de Baby VC est tout trouvé : "Donner envie aux écoles d’investir dans les investisseurs de demain."

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