Le site d'e-commerce spécialisé dans la vente de chaussures Spartoo a annoncé, mardi, qu'il s'engageait à racheter André, cédé par le groupe Vivarte. Une acquisition qui permettra à la scaleup d'absorber près de 120 nouveaux magasins et 800 salariés.
C'est presque fait. Alors que le chausseur André avait été mis en vente depuis plusieurs semaines par sa maison-mère Vivarte, le site de vente en ligne de chaussures Spartoo s'est engagé, mardi 9 janvier, à reprendre l'entreprise, l'ensemble des 120 magasins à l'exception d'un ainsi que les quelque 800 salariés. Si tout se passe bien, l'opération devrait être bouclée au printemps, pour un montant non dévoilé.
C'est un événement de taille dans le secteur du retail. Déjà parce que Spartoo, créé en 2006, fait aujourd'hui figure de dinosaure dans le secteur du e-commerce alors que des startups se lancent chaque jour pour espérer avoir le même succès. Car Spartoo est une success-story française : avec 400 salariés, 165 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, un site disponible dans 20 pays et jusqu'à 19 paires de chaussures vendues à la seconde en période de soldes, le groupe est devenu en une décennie un poids lourd du e-commerce... et même du commerce tout court. Depuis 2015, il a en effet entamé une incursion dans le commerce physique en ouvrant plusieurs boutiques en propre.
Un changement de rapport de force
Ensuite parce que la scaleup grenobloise, après avoir racheté ces dernières années GBB et Kindy, met cette fois la main sur une marque installée du commerce physique et un concurrent direct de taille, pesant deux fois son poids en nombre de salariés. Cela illustre bien les difficultés du retail à se réinventer et à passer le cap de la transformation numérique. Le chiffre d'affaires d'André a chuté d'un tiers entre 2013 et 2016, malgré l'ouverture d'un e-shop. Le fait qu'il passe aujourd'hui sous la coupe d'un pure-player converti au commerce physique témoigne d'un changement de rapport de force entre acteurs en ligne et marques traditionnelles.
C'est également un challenge pour Spartoo, qui va, grâce à cette acquisition, multiplier par dix le nombre de ses boutiques physiques. Reste à savoir ce qu'il adviendra d'André : la marque va-t-elle perdurer indépendamment ou servira-t-elle de relai pour le site de Spartoo ? Quelles synergies logistiques le groupe ainsi constitué trouvera-t-il pour enrayer la baisse du chiffre d'affaires d'André ? Les questions restent, pour l'instant, en suspens jusqu'à la fin des négociations.