Les salons sont l'occasion pour de nombreuses startups de gagner en visibilité auprès d'investisseurs ou de partenaires potentiels mais aussi du grand public. WebSummit à Lisbonne, Slush à Helsinki et Viva Technology à Paris se disputent les faveurs des jeunes pousses européennes. Quel salon vaut le plus le coup ? Sylvain Tillon, fondateur de Tilkee, qui a participé cette année aux trois événements, propose quelques éléments de réponse.
Cette année, nous avons exposé sur trois salons renommés : VivaTech, le WebSummit et Slush, avec pour objectif de trouver de nouveaux prospects, de renforcer notre notoriété et de rencontrer les fonds d’investissement. Ces trois salons sont très différents. Vous vous demandez sans doute lequel choisir si vous n'avez pas la possibilité de multiplier les stands. Voici un comparatif, basé sur mon expérience - donc forcément un peu subjectif - mais qui pourra vous aider à déterminer celui qui répondra le mieux à vos attentes.
Ville d’accueil
- WebSummit (Lisbonne)
- VivaTech (Paris)
- Slush (Helsinki)
Lisbonne l’emporte haut la main : super ville, propre, agréable, accessible en avion low cost, logements abordables... Et grâce à la météo encore clémente début novembre, vous pourrez visiter la ville en t-shirt alors qu’il fait froid partout ailleurs en Europe. À l’inverse, si Helsinki est certes dépaysante, la ville manque cruellement de charme !
Rencontres avec des investisseurs
- Slush
- WebSummit
- VivaTech
La sélection des startups à Slush est assez homogène - pratiquement toutes sont à un stade de growth, très peu de early stage - et il y a énormément d’investisseurs internationaux de bon niveau à la recherche de la nouvelle pépite/licorne. C’est d’ailleurs plus un salon pour lever des fonds que pour trouver des clients. Le WebSummit offre également une occasion annuelle de revoir tous les fonds français et quelques fonds européens pour faire un update des infos de sa startup. Il y a plus de Business Angels et de fonds “seed” que de fonds “série A et B”.
En revanche, à VivaTech nous n’avons pas croisé de fonds, mais ce n’était pas ce que nous étions venus chercher (les fonds ne sont accessibles à VivaTech que sur rendez-vous, NDLR).
Rencontre avec des corporates
- VivaTech
- WebSummit
- Slush
VivaTech permet à des corporates d’héberger des startups. Il est donc très facile de rencontrer les directions des grandes entreprises françaises. Mais n’espérez pas rencontrer des entreprises venant d’autres pays européens, il n’y en a pas ! Nous avons croisé de nombreuses délégations de grandes entreprises présentes pour mieux comprendre les innovations et anticiper les tendances des prochaines années. Qualitativement et quantitativement, c’est là que nous avons récupéré le plus de leads.
WebSummit et Slush ont une dimension européenne plus affirmée et permettent également de rencontrer de nombreuses entreprises. Mais avec une cinquantaine de leads sur chaque salon, dont 3 ou 4 très qualifiés pour de gros projets à court terme, nous étions toutefois en-dessous du ratio de Vivatech (124 leads dont 8 à 10 ultra qualifiés).
Retombées presse
- WebSummit
- VivaTech
- Slush
Vainqueur sans conteste, le WebSummit. Chaque année, nous bénéficions d’une dizaine de retombées presse en France et deux à trois en Espagne et au Portugal. Pour les médias, c’est le salon européen des startups.
VivaTech est plus jeune et moins identifié. S’il nous a permis de rencontrer des journalistes en face à face et d’obtenir de beaux articles, sa couverture médiatique reste inférieure. Slush est, pour l’instant, moins réputé en France et les retombées ont été assez faibles.
Budget
- VivaTech
- WebSummit
- Slush
Sur VivaTech, les startups sont invitées à exposer par les grands groupes. Les stands sont donc (théoriquement) gratuits. Même s’il faut se déplacer, se nourrir et se loger, le retour sur investissement (faible) est quasi assuré !
Sur le WebSummit, un stand Alpha coûte aux alentours de 800 euros (ce qui est très abordable). À Slush, c’est le même prix. Mais la vie sur place coûte (beaucoup) plus cher !
Organisation du salon
- Slush
- WebSummit
- VivaTech
Indiscutablement, l’organisation de Slush est la meilleure. La rigueur finlandaise est indétrônable ! Sourires, réactivité, café et eau à volonté, respect des horaires, tout y est.
Le fonctionnement du WebSummit (et de Slush) avec son armée de bénévoles est assez bluffant. Malgré l’impression de “bordel” ambiant, tout se passe plutôt bien tous les ans.
A contrario, l’organisation ‘à la française’ est à la traîne. Gestion des files d’attente catastrophique, température ultra élevée dans le hall, Wifi qui plante, salles de conférences difficiles à trouver, VivaTech n’a pas franchement réussi ses premiers exercices. Mais je suis certain qu’ils vont s’améliorer.
Design du salon
- Slush
- VivaTech
- WebSummit
Sans discussion possible : Slush. Le salon est super design, les stands sont grands, les allées espacées. Un vrai plaisir. Et le concept du salon dans le noir où seuls les stands sont éclairés favorise les rencontres ! Une idée géniale, appréciée de tous. Et si on vous dit que vous risquez ne pas voir le jour, ce n’est pas forcément une image : il fait gris le matin au réveil… et déjà nuit quand vous quitterez le salon (la nuit tombe à 15h30). Un peu déprimant parfois.
À VivaTech, comme les stands sont gérés par des grandes entreprises, ils sont plutôt agréables et bien conçus.
Au WebSummit, les mini-stands en contreplaqué participent de l’impression de “bordel organisé”. Ce n’est pas très graphique, mais le côté “foire” a ses atouts.
Eat, drink and fun
- WebSummit
- VivaTech
- Slush
Ai-je vraiment besoin de détailler ce classement ? À Lisbonne, on mange délicieusement bien et pour pas cher. C’est sûr que si vous préférez vous nourrir de burgers, vous trouverez peut-être un intérêt gastronomique à Helsinki. Mention spéciale à la Caïpirinha XXL (50cl) à 5 euros dans les petites rues du Barrio Alto !
À Paris, vous pouvez aussi trouver de quoi délicieusement bien manger. Mais pas trop souvent, sinon vous allez y passer votre levée de fonds... En revanche, il faut être un Parisien initié et franchir le barrage des videurs désagréables pour faire un peu la fête.
Si la soirée la plus folle est la soirée de clôture de Slush, Helsinki manque un peu de fun, contrairement à Lisbonne qui vit totalement au rythme du WebSummit ! Vous pourrez y faire la fête de 20 heures à 6 heures du matin pour un budget très raisonnable. Pour vous encanailler, je vous recommande particulièrement les clubs Lux et Lust in Rio à partir de 2 heures du matin.
Mon classement général… forcément subjectif
- VivaTech
- WebSummit
- Slush
Cela peut paraître bizarre, vu que VivaTech arrive rarement en tête dans les différents points de comparaison. Néanmoins, quand je participe à un salon, c’est avant tout pour trouver des prospects/clients. Et c’est sur ce salon que j’ai ouvert le plus de leads qualifiés. Il faut aussi avouer que nous sommes sur un territoire (la France) que nous maîtrisons bien et sur lequel nous avons déjà fait un gros travail d’évangélisation, ce qui facilite la prise de contact.
Si Slush se retrouve classé 3ème, principalement à cause du peu de contacts avec des grandes entreprise sur place, le potentiel de business sur le marché des pays nordiques est énorme : ils sont friands d’innovation et disposent d’un fort pouvoir d’achat.
Quelques pistes d’amélioration
VivaTech : l’international ! C’est un salon bien trop franco-français pour l’instant : il n’y a pas d’entreprises ni de startups non françaises, les conférences sont en français, tous les supports de communication sont en français… C’est dommage parce que le potentiel est là !
Slush : ouvrir les portes ! Le souhait d’ultra qualité de Slush en fait un “petit” salon avec moins de 20 000 visiteurs. Il y a finalement assez peu de startups qui exposent. Et pour visiter ce salon, il faut s’y prendre bien à l’avance. Pourquoi ne pas le faire tenir sur 3 jours et le remplir un peu plus ? Les entrepreneurs que j’ai pu croiser sur place y sont tous favorables !
WebSummit : organiser cette foire ! Une jungle avec ses avantages et inconvénients. Il est parfois difficile de s’y retrouver et un regroupement thématique des startups permettrait aux visiteurs de mieux s’orienter. Mais c’est aussi l’occasion de belles rencontres, souvent inattendues. Laisser trop de place aux stands “corporate”, c’est prendre le risque de perdre l’esprit du salon.