Karine Jacquemart est directrice de Foodwatch, une association qui défend les citoyens en matière d’alimentation.
Auparavant elle a travaillé dans le secteur privé avant de se tourner vers l’humanitaire au sein d’Actions Contre la Faim puis Greenpeace. Ce parcours l’a menée en Afrique Centrale dans le bassin du Congo où elle a participé à la protection des forêts et des populations. Convaincue que la protection de l’environnement et celle des droits fondamentaux humains sont intimement liées, elle souhaite lutter pour une plus grande justice sociale, notamment en termes d’alimentation.
La nourriture industrielle, pas assez réglementée ?
Son rôle à la tête de Foodwatch depuis 2015 est d’œuvrer pour une alimentation saine pour tous et une plus grande transparence dans le secteur agroalimentaire. Et ce, partout en Europe puisque l’association a été créée en Allemagne en 2002 et possède des antennes aux Pays-Bas, en France et en Autriche par exemple.
" En France, en 2020 : non, nous n’avons pas accès à une alimentation saine alors que ce devrait être normal. "
Parmi les nombreux ravages des dérives de l’agroalimentaire, une " épidémie silencieuse " comme la nomme Karine Jacquemart : l’obésité, qui atteint 1 jeune sur 6 aujourd’hui. Afin de stopper ce fléau lié aux produits transformés et les autres dégâts sur notre santé entraînés, Foodwatch se bat sur deux fronts.
Plus de transparence grâce au nutri-score
Le premier combat mené par Foodwatch depuis des années est de rendre le logo nutritionnel (nutri-score) obligatoire sur tous les produits industriels et dans toute l'Europe. Ce score de qualité de A à E est déjà affiché sur certains produits afin d'informer les consommateurs. Depuis sa première proposition en 2010, aucune loi rendant ce logo obligatoire n'a pu être votée à cause de la résistance des industriels. Et pour cause, selon Karine Jacquemart, les lobbies ont dépensé 1 milliard d'euros pour bloquer cette décision. Aujourd'hui, de nouvelles propositions de loi vont voir le jour dans le cadre du projet de la Commission Européenne From Farm To Fork.
Le gouvernement français a pris l'initiative de renforcer ses efforts pour l'adoption de ce logo nutri-score. De nombreux pays européens et entreprises l'adoptent également. Mais les efforts sont énormes et il faut se battre pied à pied selon la directrice de Foodwatch.
Limiter la publicité visant les enfants
Les enfants sont fortement touchés par les dérives de l'agro-alimentaire. Parallèlement, les scientifiques de l'OMS sont unanimes : il faut règlementer la publicité et le marketing qui les ciblent pour les protéger des produits trop gras, trop sucrés, trop salés. A la fois à la télévision et sur internet, de nombreuses marques utilisent des advergame, des personnages animés représentant leurs produits pour séduire les jeunes. Ces procédés marketing sont responsables d'un désastre sanitaire encourageant la plus part du temps la consommation de produits de faible qualité nutritionnelle. Le gouvernement freine actuellement cette réglementation pour ne pas faire peser de nouvelles contraintes sur les entreprises. Il souhaite favoriser la responsabilisation des entreprises, ce qui reste une illusion pour la militante Karine Jacquemart.
Regardez son interview complète pour le Greenletter Club sur Maddyplay.
Parmi les autres interviews :
- Un avenir sans pétrole ? Avec Matthieu Auzanneau (The Shift Project)
- Permaculture : vers une révolution paysanne ? Avec Maxime de Rostolan (Fermes d'avenir)
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