En retrait de l'agitation médiatique depuis mai dernier, François Hollande est apparu ce matin sur la scène du Web Summit à Lisbonne. À la tête de la fondation La France s'engage, l'ancien président français est venu sceller sa motivation à s'impliquer dans le numérique, quelques mois seulement après la fin de son mandat.
"Ce qui m’anime aujourd’hui, c’est de susciter l’engagement, de l’appeler. Je veux que l'on puisse créer de l’utilité sociale en accélérant l’innovation". C'est devant la salle comble du Web Summit, À Lisbonne, que François Hollande est venu pitcher son projet : la fondation "La France s'engage", installée à Station F, et dont il a pris la tête en septembre dernier.
Celle-ci, créée pour poursuivre la loi sur l'économie sociale et solidaire lancée en 2014, a pour objectif d'accompagner au mieux le développement de l'économie sociale et solidaire, en soutenant les innovations du secteur. Comment ? "En favorisant le développement des technologies pour les mettre au service du bien commun", explique François Hollande. "Et c’est comme ça qu’on donnera du sens au progrès."
Celui qui se dit fier de voir à quel point l'Hexagone s'affirme de plus en plus comme terre de création et d'innovation, a tenu à rappeler à quel point il était important de prendre conscience des chances que peut apporter le numérique, mais également des risques : de la destruction d'emploi sur des sites qui ne peuvent pas accueillir la nouvelle économie, à la captation de données personnelles en passant par la menace de domination d'un certain nombre de grands groupes sur les petites entreprises. En somme : ne pas laisser la rupture technologique se transformer en une fracture sociale : "C’est votre rôle, entrepreneurs, d’éviter qu’il y ait des inégalités qui se forment alors que le numérique peut les réduire. Il faut que la révolution numérique ne laisse personne de côté."
"Dégagez des financements pour l'intérêt général"
Et ce sont les entreprises de l'ESS, qui représentent à ce jour 2,5 millions d'emplois, qui peuvent au mieux prévenir ces risques. Celles-ci, dont la vocation est en partie de résoudre les problèmes de société auxquels les pouvoirs publics ne peuvent pas répondre, doivent pourtant pouvoir compter sur les plus grands, ou les entreprises du privé, pour avancer. "L’appel que je lance ici, c’est un appel à tous les contributeurs privés, les entreprises, de dégager des financements pour l’intérêt général", a insisté l'ancien président. "Ceux-ci doivent pouvoir développer des objectifs de développement durable, être préoccupé par le long terme, et vouloir s’inscrire dans la durée."
Un appel qui concerne également les États, qui doivent de leur côté accélérer autant que possible la diffusion de l'innovation tout en en maitrisant les conséquences par des politiques de régulation des marchés, d'ouverture des datas, et de fiscalité ; mais aussi les grands groupes : "Je voudrais pouvoir développer une stratégie qui associe grands groupes et startups pour les aider à relever des défis, il faut que les startups puissent stimuler les plus grands, sans pour autant être absorbées. Il faut leur laisser la liberté de se développer, car ce sont les grands groupes de demain" a rappelé l'ancien président.