Co-fondateur de l'agence Web Nextedia, du groupe de prêt-à-porter Meninvest liquidé en 2017 ou encore du site d'e-commerce Epicery, Marc Menasé est passé de l’autre côté en 2018. Il est devenu investisseur en fondant Founders Future, une entreprise qui se situe entre le startup studio et le fonds d'investissement. Rejoint pas d’autres entrepreneurs bien connus de l’écosystème - comme Laurent Dassault, Alexandre Arnault, Romain Afflelou, Alexandre de Rothschild - et des institutionnels — dont le Crédit mutuel Arkéa — Marc Ménasé a réussi à lever 65 millions d’euros pour son premier véhicule.
En quête de 50 millions d’euros pour financer les startups à impact
Deux ans et quarante startups financées plus tard, Marc Menasé ne s'arrête pas là : il annonce la création d’un nouveau véhicule d’investissement d’ici la fin de l’année. Doté d’une capacité de 50 millions d’euros, il vise à financer les nouveaux secteurs à fort impact. BCorp,société à mission, ESS, labels… L’impact semble l’ingrédient indispensable des entreprises pour faire parler d’elles et embellir leur image ces derniers temps. Et les fonds suivent la tendance. Founders Future aurait-il lui aussi succombé à la vague "green" et "responsable" qui s’empare des entrepreneur·euse·s ? "On ne s’improvise pas investisseur à impact, notre démarche s’inscrit dans la continuité des investissements réalisés dans notre premier véhicule. Nous avons la volonté de devenir une référence en tant qu'investisseur dans l’entrepreneuriat à impact" , se défend Marc Menasé en citant certaines de ses acquisitions passées comme La Fourche, Jho ou encore Yuka.
Pour se positionner sur cette vertiicale, déjà exploitée par des fonds comme Raise ou Alter Equity, l'investisseur est donc en train de lever 50 millions d’euros dont 40% sont déjà sécurisés. Parmi les investisseurs qui le suivent dans cette aventure, on trouve Thierry Gillier (Zadig et Voltaire), à nouveau le Crédit mutuelle Arkéa ou encore la famille Yves Rocher. La conclusion de l'opération devrait être d’ici la fin de l’année. L’ambition est claire : investir dans 20 à 25 startups, à proportion égale en seed et série A, en Europe. Le ticket moyen oscillera entre 250 000 euros et 3 millions d’euros.
"Nous allons investir dans les secteurs où nous sommes susceptibles de créer le maximum de valeur. Nous avons donc choisi des problématiques miroirs à celles que nous visons déjà : transition alimentaire (protéine végétale, vertical farming, circuit-court), e-commerce (packaging responsable, biomatériaux, livraison du dernier kilomètre), etc"…Au-delà de la verticale à laquelle s’adresse la startup, l’équipe de Founders Future scrute d’autres critères. "Nous avons développé une matrice basée sur les objectifs de développement durable et des objectifs d’impact précis comme le rejet de CO2, la pollution de l’air, l’accessibilité de l’offre, pour évaluer à un instant T l’impact d’une entreprise….Nous ne voulons pas financer des solutions qui s’adressent uniquement à une typologie de clients CSP+ ou aux urbains. Ces solutions doivent être accessibles" , dévoile Sarah Corne, co-partner chez Founders Future.
Un axe d’amélioration pour toutes les startups
L’impact ne résume pas à créer un produit positif pour l’environnement ou socialement responsable : "Nous pouvons et nous voulons aider les entreprises à s’améliorer tout au long de leur développement", renchérissent Sarah Corne et Marc Menasé. Il est ensuite demandé aux startups de s’inscrire à Zei - une startup de leur portefeuille - qui va analyser la fabrication de leur produit, leur gestion interne et leur mode de gouvernance. "Elle va ensuite générer une feuille de route pour l'aider à limiter son impact négatif et accroître son impact positif" , détaille la co-partner. Toutes les entreprises ont le droit à ce rituel, même celles qui ne sont pas nativement "à impact".
L’investisseur prend l’exemple de Bonsoirs, une marque de linge de lit made in France. "IIs peuvent aller encore plus loin en développant une filière de fabrication à partir de tissus recyclés. Nous sommes là pour les aider à prioriser leurs engagements et à trouver celui qui aura le plus d’impact et d’intérêt pour eux" , poursuit Sarah Corne. L'arrivée récente de cette dernière dans le fonds, ancienne directrice de la fondation de Jacques Attali passée par Ulule, n'est pas anodin.
Structurer les entreprises
Avec son nouveau véhicule d’investissement, Marc Menasé cherche avant tout à repérer des jeunes pousses qui n’ont pas encore levé de fonds en investissant en seed. "Quand on fait mal notre travail, on investit en série A" , sourit l’investisseur qui n’est pas peu fière de ses participations. Il faut dire que son équipe est plutôt proactive. En deux ans d’existence, ils ont déjà investi dans une quarantaine de startups parmi lesquelles on trouve : Comet, Eldorado, Silv, Swan, Zenride, Mansa ou encore Memobank dans lesquelles le fonds a investi entre 500 000 et 3 millions d’euros. Avec ce premier véhicule, Founders Future a souhaité se positionner comme un investisseur spécialisé dans les startups proposant du SaaS, des marketplace ou des produits grand public et qui se positionnent sur une des quatre verticales suivantes : alimentation, banque et assurance, retail tech et santé.
Pour dénicher des pépites, Founders Future compte sur son réseau mais aussi sur LinkedIn, Facebook ou Instagram. Une fois des profils repérés, "c'est aux investisseurs de vérifier que la promesse affichée est vraie" , détaille Marc Menasé, interrogé sur l'affaire de Lou.Yetu, cette marque de bijoux née sur Instagram au centre d'accusations anonymes d'anciens salariés.
Cette étape passée, il faut convaincre l’équipe d’investisseurs de Founders Future. "Nous analysons surtout des critères opérationnels. Le financier passe en second plan car on sait que leur business model va forcément évoluer. Notre grille de lecture se focalise sur la dynamique du marché auquel elles s’adressent, les barrières à l’entrée et l’impact." Une fois l'investissement réalisé, un binôme composé d'experts internes et externes s'occupe de suivre la startup. Parmi les problématiques en jeu, on trouve le recrutement des talents. "Nous faisons passer des entretiens et nous soumettons ensuite des short list de candidats aux entrepreneurs. Le talent est essentiel pour faire grandir une société et c’est difficile, quand c’est sa première entreprise de recruter les bons profils", conclut Marc Menasé.