Les FinTech semblent une valeur refuge pour les investisseurs. En 2020, c’est le secteur qui a levé le plus de fonds, 444,6 millions d'euros exactement. Parmi les sujets qui séduisent les investisseurs, on trouve la facturation, véritable bête noire des entrepreneur·euse·s. La startup Libeo, dont la mission est de faciliter la gestion financière des entreprises, en est la preuve. Après avoir levé 4 millions d’euros en avril 2020, la jeune pousse lancée fin 2018, vient de réaliser un nouveau tour de table de 20 millions d’euros pour s’exporter en Europe, faisant ainsi entrer à son capital des partners de DST Global, Serena et quelques business angels.
La crise démontre l'intérêt du numérique
Libeo fait partie des entreprises qui ont su tirer leur épingle du jeu pendant cette crise malgré un début de confinement compliqué. Pour rappel, la startup ,créée par Jérémy Attuil, Pierre Dutaret et Pierre-Antoine Glandier, permet aux entreprises d’enregistrer leurs factures, de payer simplement leurs fournisseurs sans avoir à fournir leur Iban et de suivre leur finance au jour de le jour.
Au début du confinement, le gel des commandes a mis un coup de frein brusque à leur activité. Mais la remise en route de l’économie associée au télétravail ont poussé les entreprises à se tourner vers des solutions numériques. “Les salarié·e·s ne pouvaient plus déposer ni traiter les factures au bureau” , éclaircit Pierre Dutaret. Résultat, les inscriptions augmentent et la startup brille. Son volume de paiements a été multiplié par trente l’an passé pour atteindre les 100 millions d’euros. “Cette période a été très révélatrice. Nous pensions toucher des communautés de jeunes dirigeants de 25/35 ans mais en fait, même des dirigeants plus expérimentés s’y intéressent et se mettent à la page" , se réjouit l'entrepreneur.
La startup a également profité de 2020 pour lancer son API afin de faciliter le développement de partenariat avec d’autres acteurs du secteur comme Quickbooks qui permet désormais à ses clients de profiter des services de Libeo sans avoir à se connecter à un autre service.
Plusieurs pays européens en ligne de mire
Cet engouement des dirigeants d’entreprise a aussi touché les investisseurs. "À la fin du deuxième trimeste, de nombreux VCs nous ont approchés alors que nous n’avions pas prévu de lever à nouveau des fonds. Nous n’avions même pas touché aux 4 millions d’euros précédemment récoltés" , reconnaît Pierre Dutaret. C’est donc un tour de table opportuniste que viennent d’effectuer les trois co-fondateurs, enfin décidés à se tourner vers l'Europe.
En 2021, Libeo continuera à travailler sur sa technologie pour rendre son utilisation la plus simple et la plus fluide possible. Mais elle utilisera surtout ses fonds pour se lancer en Europe, un marché où la concurrence est encore faible, espérant ainsi prendre une longueur d'avance. “Il y a une forte demande à l’international. Certains de nos clients et de nos partenaires sont déjà présents à l’étranger” , détaille Pierre Dutaret, qui compte profiter d’eux pour mettre un premier pied hors de France. Plusieurs pays sont à l’étude, notamment l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni. “Ce dernier possède un des plus gros marchés de PME/TPE d’Europe, il présente une grande appétence pour le numérique et la comptabilité y est encore très manuelle, comme en France ” , avoue Pierre Dutaret.
Pour réussir cette internationalisation, la startup a choisi de solides investisseurs. "Avec Breega, Serena est un des acteurs de premier plan dans le financement des FinTech. Ils ont une vision très global du secteur et nous permettront sans doute de détecter des tendances avant-gardistes. Nous pourrons mobiliser nos développeurs pour qu’ils travaillent, en priorité, sur ces expériences là. De son côté, les partners de DST Global ont investi dans de grands succès de la tech comme AirBnb, NewBank, Alan ou encore Revolut, ils pourront nous faire bénéficier de leur grande expérience" , dévoile Pierre Dutaret.
Libeo devra également muscler son équipe et prévoit de tripler ses effectifs pour arriver à une centaine de collaborateur·rice·s d’ici la fin de l’année.