Once et Allure Systems ont toutes les deux décidé de relocaliser leur activité à Paris, alors qu'elles opéraient respectivement depuis Londres et Shanghai. Focus sur une décision qui pourrait bien se multiplier à l'avenir.
Certains craignaient le grand départ, serait-ce au contraire le début du grand retour des entrepreneurs dans l'Hexagone ? La France avait déjà retrouvé la confiance des investisseurs étrangers depuis l'année dernière et Paris s'était récemment hissée sur le podium des villes les plus attractives du monde. Autant de signes encourageants qui montraient que les entrepreneurs français qui avaient un temps préféré créer leur activité à l'étranger ne tarderaient pas à faire le chemin inverse.
Et c'est exactement ce qu'ont fait Once et Allure Systems. La première est une application de rencontres, créée par des Français à Londres et dont les fondateurs ont récemment décidé de rapatrier à Paris. La seconde est une startup créée par des Français à Shanghai et qui possédait jusqu'à cet été une simple antenne en France. "Nous avons relocalisé notre siège social en France depuis la Chine", explique Gabrielle Chou, cofondatrice de la jeune pousse qui a bouclé début septembre une levée de 3 millions d'euros. "Nous étions alors en recherche de financements et nous aurions probablement pu lever davantage en Chine où les tours de table sont plus importants." Qu'est-ce qui a pu décider ces entreprises en plein essor à revenir poser leurs valises dans l'Hexagone ?
Un vivier de talents hautement qualifiés
"Nous souhaitions agrandir notre équipe et nous avions des difficultés à trouver en Chine les talents dont nous avions besoin, raconte Gabrielle Chou. Nous aurions pu faire venir les talents de l'étranger mais cela aurait fini par coûter plus cher que de déplacer notre siège social." Les cofondateurs identifient alors deux pays vers lesquels relocaliser l'activité : le Canada et la France. "Avec deux cofondateurs français, l'entreprise s'est naturellement tournée vers la France", admet Gabrielle Chou. Mais ce choix n'était pas seulement un choix du coeur mais bien un choix de raison.
"Notre technologie est basée sur l'ingénierie de l'image, or la France possède de nombreux talents en la matière grâce à l'industrie du jeu vidéo, très dynamique", explique-t-elle. Certes, le Canada présentait de nombreux atouts également, abritant plusieurs poids lourds du jeu vidéo. Mais sous l'effet de la French Tech et de bpifrance, l'écosystème startup français est devenu the place to be.
L'effet Macron, plus fort que le French bashing
L'élection d'Emmanuel Macron a elle aussi lourdement pesé dans la balance. "Avec son élection, un signal fort vient d’être envoyé aux entrepreneurs français, reconnaît Jean Meyer, CEO de Once. Le gouvernement, par l’intermédiaire de la loi travail, est en train de répondre aux craintes de nos investisseurs, craintes qui représentaient, avec le conseil d’administration, le dernier frein à notre retour en France." Gabrielle Chou estime elle aussi que l'arrivée à l'Élysée en mai du chouchou des jeunes pousses a constitué un argument déterminant.
A relire : Comment Emmanuel Macron est devenu l’idole des jeunes (pousses)
Il faut dire que le président n'a pas ménagé ses efforts pour s'attirer les bonnes grâces des entrepreneurs : lancement d'un fonds de 10 milliards d'euros à destination des entrepreneurs, mise en avant de la "startup nation" qu'il rêve de faire de la France et ordonnances pour réformer le code du Travail et lever les réserves des chefs d'entreprise... Emmanuel Macron applique pour l'instant à la lettre le programme sur lequel il a été élu et qui lui avait valu, lors de la campagne, un soutien sans faille du microcosme des startups.